Reportage

Ma vie d'étudiant à l'IAE de Caen : Thomas a trouvé sa voie

Déçu par le droit, Thomas, 25 ans, a intégré en master l'IAE (institut d'administration des entreprises) de Caen, où il a trouvé sa voie.
Déçu par le droit, Thomas, 25 ans, a intégré en master l'IAE (institut d'administration des entreprises) de Caen, où il a trouvé sa voie. © Cécile Peltier
Par Cécile Peltier, publié le 07 juin 2017
1 min

Après cinq années de "lutte" en fac de droit, Thomas, 25 ans, s'épanouit au sein du master 2 management franco-américain de l'IAE (institut d'administration des entreprises) de Caen. Une formation axée sur le travail par projet, qui devrait ouvrir à ce passionné d'impression 3D, les portes du marketing digital.

Un tableau, des courbes et des photos de marque de vin. L'enseignante, Catharine Curran-Kelly, venue de l'université du Massachusetts Dartmouth (États-Unis), interpelle les étudiants : "En marketing, pour un vin, qu'est-ce qui crée de la valeur ?" Dans la classe, les réponses fusent dans un anglais impeccable. Parmi la vingtaine d'élèves, des Français, mais aussi des Russes, des Vietnamiens, des Marocains...

Aujourd'hui, le cours de marketing international est consacré à l'industrie du vin aux États-Unis, où l'on apprend par exemple que pour se vendre, un vin français doit être "fun", plutôt rangé du côté des bières et pas trop typé. Un sacrilège ou presque pour un amateur... Parmi les étudiants du M2 en management franco-américain de l'IAE de Caen (institut d'administration des entreprises), Thomas, 25 ans, participe activement.

Lorsque la sonnerie retentit, l'étudiant caennais et Timour, son camarade originaire de Russie, remballent leurs affaires, direction le RU (restaurant universitaire), à trois minutes à pied sur le campus de l'IAE qui abrite aussi l'EM Normandie, l'ENSI Caen ou le pôle de recherche et de formation en santé de l'université. Une formule économique et pratique. Le cours du matin leur a plu.

En cette fin avril 2017, avec près de 30 heures de cours hebdomadaires – en général, c'est plutôt entre 15 et 30 heures – et des projets de groupe qui "se téléscopent", la période est plutôt à la surchauffe... Heureusement, l'après-midi est "off", l'occasion d'avancer sur les différents projets.

"J'ai tout de suite détesté le droit"

Après son bac ES obtenu à l'institut Sainte-Marie à Caen, ce fils de clerc de notaire, a choisi un peu par défaut, le droit, qu'il a, manque de chance, "tout de suite détesté". 

"C'était une vraie souffrance. Je suis resté car je me suis dit, 'le monde du travail et les études, c'est comme ça, c'est chiant, il faut tenir' et j'ai lutté", raconte-t-il. Au moment de se spécialiser, pragmatique, il a opté pour un M1 droit de l'entreprise et des affaires : "Il fallait sécuriser l'avenir, le droit des affaires est un créneau porteur !".

Alors qu'il surfe sur Internet à la recherche du M2 de ses rêves, malgré un dossier très juste, Thomas tombe sur le blog de Patrick Morvan, professeur agrégé à l'université Panthéon-Assas qui présente les IAE et les écoles de commerce. Séduit par les premiers qu'il juge "aussi bons voire meilleurs, et moins chers que les écoles de commerce", Thomas postule à plusieurs master 1 au sein des IAE de Bordeaux, Nantes, Rouen et Caen. Un choix mûrement réfléchi : "Mon dossier était un peu faible pour intégrer un M2. Sélectifs, ils sont aussi réservés en priorité aux élèves de l'IAE".

Grâce à un peu de préparation et une certaine aisance en français et en anglais, il obtient un bon résultat au Score IAE-Message, le test écrit d'entrée qui mêle anglais, français, maths et culture générale. Et à l'oral, il évoque sa passion pour les véhicules de collection, l'impression 3D et l'envie de créer son entreprise.

L'IAE, "une renaissance"

Reçu à Rouen et à Caen, il opte pour le M1 DMO (Diagnostic et management des organisations) de l'IAE de Caen. À son arrivée en septembre 2015, malgré son absence de connaissance du management, Thomas se sent tout de suite très à l'aise. "C'était une vraie renaissance", confie-t-il.

L'institut a l'habitude d'accueillir des étudiants venus d'horizons variés (droit, langues, philosophie, sociologie, etc.) en quête d'un complément de formation en management. Le premier mois est d'ailleurs consacré à une remise à niveau. 

Par la suite, les élèves découvrent les fondamentaux du management et de la gestion (marketing, management stratégique, gestion des ressources humaines, approche internationale...), en prise direct avec le terrain : "Il y a une partie théorique avec des cours magistraux, comme  en droit, mais aussi un volet pratique avec des enseignants et des intervenants qui connaissent le monde de l'entreprise et qui nous y préparent bien, insiste Thomas. Il y a aussi beaucoup plus de projets de groupes et des stages qu'en droit !"

Une prothèse imprimée en 3D

Parmi les points forts de la formation pour l'étudiant : les "projets tutorés". En M1, Thomas et plusieurs camarades, ont, dans ce cadre, réalisé l'impression 3D d'une prothèse de la main, en lien avec l'association e-Nable. Créée début 2016, elle met en relation des "makers" et de potentiels bénéficiaires, et met à disposition les outils pour créer les prothèses.

Pour les besoins de son projet tutoré de Master 1, Thomas a passé des heures au Fablab le Dôme, situé sur les rives de l'Orne, à Caen. Etudiant IAE CaenPour les besoins de son projet tutoré de master 1, Thomas a passé des heures au Fablab Le Dôme, situé sur les rives de l'Orne, à Caen. // © Cécile Peltier

"Un prix de 400 € a permis au groupe d'acheter une imprimante 3D. Puis, au Fablab de Caen, j'ai rencontré Garance, une lycéenne qui m'a aidé à apprivoiser la technique. L'imprimante 3D est très difficile à calibrer, j'ai passé des dizaines d'heures à faire et à refaire...", se souvient Thomas. Après avoir validé leur prototype, le responsable d'e-Nable France, leur a présenté Nolan, six ans, à qui l'équipe a remis sa prothèse en septembre 2016.

Une fibre entrepreneuriale

Cette année, en M2 "Management franco-américain", les élèves développent une application mobile avec des étudiants en licence d'informatique. Thomas travaille sur une appli de covoiturage à destination des entreprises. L'idée est née l'été dernier, alors que Thomas prenait le bus pour se rendre chez Décathlon, où il a travaillé 10 heures par semaine jusqu'à janvier 2017. Aujourd'hui, le projet est en passe de devenir une vraie start-up. "Nous avons contacté plusieurs entreprises, qui sont intéressées. On vise 1.000 utilisateurs potentiels à six mois", explique fièrement Thomas.

Un projet qui compte pour beaucoup dans sa motivation. "Nos professeurs nous communiquent leur fibre entrepreneuriale et nous encouragent à créer notre entreprise, quitte à se tromper. C'est le plus bel enseignement qui soit !"

Une majorité de cours en anglais

80 % des cours du M2 Management franco-américain sont dispensés en anglais par des professeurs visitants et, à l'étranger, le diplôme équivaut à une première année de MBA.

Dispensé tout en anglais, le M2 en management franco-américain de l'IAE de Caen, attire aussi des étudiants étrangers, comme Timour (à gauche), originaire de Russie.Dispensé entièrement en anglais, le M2 en management franco-américain de l'IAE de Caen, attire aussi des étudiants étrangers, comme Timour (à droite), originaire de Russie. // © Cécile Peltier

À la fin du master, l'IAE propose aux étudiants de décrocher un MBA en passant un an dans une université américaine partenaire pour 10.000 à 30.000 € selon l'établissement. Une option intéressante pour Thomas qui regrette de ne pas être parti à l'étranger ? "Oui, dans l'absolu pourquoi pas, mais l'année prochaine, je vais plutôt chercher du boulot", explique l'étudiant.

Cap sur le marketing digital

Sa cible ? "Le secteur du marketing digital." Ça commence bien, il vient de décrocher un stage à Paris chez Youboox, une plate-forme numérique qui propose des livres ou des magazines en illimité en version numérique. Malgré cela, l'IAE reste moins connu des entreprises que la plupart des écoles de commerce, regrette Thomas.

En attendant, Thomas qui partage avec son frère un appartement de centre-ville appartenant à ses parents, profite à fond de la vie étudiante caennaise. Au programme : soirées dans les bars à déguster la fameuse "embuscade" (l'embu, pour les intimes), le cocktail local à base de sirop de cassis, bière, vin blanc et calva, chez des amis ou en boîte de nuit. La ville, qui organise le "premier carnaval étudiant d'Europe", possède une vie culturelle dynamique : concerts, théâtres, cinéma, festival d'électro Nördik Impakt...

Mais Thomas est plutôt branché sports. Quand il a le temps, à une vingtaine de minutes de Caen, la baie de Sallenelles constitue un spot de kitesurf idéal. Le week-end, l'étudiant s'échappe chez ses parents, dans la Manche, où il passe aussi beaucoup de temps à bricoler de vieilles mobylettes qu'il restaure. Et à rêver à l'entreprise d'impression 3D de pièces de collection qu'il montera peut-être un jour...

Le budget de Thomas

Le M2 management franco-américain est facturé 261 € par an, en 2016-2017 (droits d'inscription universitaires), auxquels viennent s'ajouter d'éventuels frais de vie à l'étranger pour les étudiants qui choisissent de partir.

Thomas débourse, hors loyer – l'appartement qu'il occupe appartient à ses parents – environ 300€ par mois pour vivre à Caen. Cette somme comprend notamment la nourriture, les sorties, l'essence, l'assurance de sa voiture, etc.

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