Reportage

A l'ISAE-Supaero, des étudiants passionnés par la conquête de l'espace

L'ISAE-Supaero propose de nombreux parcours pour travailler dans le spatial.
L'ISAE-Supaero propose de nombreux parcours pour travailler dans le spatial. © Fournie par l'établissement
Par Clément Rocher, publié le 05 janvier 2024
5 min

À Toulouse, l'ancienne école de Thomas Pesquet attire de nombreux étudiants qui rêvent de travailler dans le domaine de l'aérospatial. Et pas seulement pour devenir astronaute.

Dans les couloirs de l’ISAE-Supaero (Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace), la prestigieuse école d’ingénieurs toulousaine spécialisée dans l'ingénierie aérospatiale, les étudiants partagent la même envie : repousser les frontières de l’exploration spatiale.

"Je voudrais participer à des missions, à plein de recherches passionnantes pour faire avancer les connaissances de l’univers", illustre Corentin, 21 ans et passionné de sciences spatiales.

À 23 ans, Valentine a eu un déclic après avoir suivi l’aventure de Thomas Pesquet, diplômé de l'école en 2001, à bord de la Station spatiale internationale. Mais à l'inverse de l'astronaute, la jeune femme aimerait garder les pieds sur Terre. "Travailler dans les télécommunications serait très intéressant. Je développe des compétences que je pourrai investir ensuite dans plein d’autres métiers", assure-t-elle.

"Apporter notre contribution à la science"

En effet, travailler dans le spatial ne signifie pas travailler dans l'espace. Et l’établissement propose de nombreux parcours pour se lancer dans cette voie d'avenir. Dès la troisième année du cycle ingénieur, les étudiants doivent choisir un domaine d’approfondissement qui vient compléter les compétences de l’ingénieur généraliste.

"Ils peuvent combiner leurs approfondissements et construire leur parcours de manière unique", explique Stéphanie Lizy-Destrez, enseignante-chercheuse et responsable du domaine Conception et opérations des systèmes spatiaux, qui traite de l’environnement physique, réglementaire et économique des systèmes spatiaux.

Au cours de leur cursus, les étudiants peuvent compléter les cours avec des visites de sites comme des centres de contrôle chez Airbus, et des rencontres avec des experts du secteur aérospatial. Ou des expériences comme celle que vont bientôt vivre Erin, Léo et Yves : une immersion dans le désert de l’Utah, aux États-Unis, pour simuler la vie sur la planète Mars et mener des expériences scientifiques. "On est tous animés par la même passion : apporter notre contribution à la science. C’est beaucoup de travail, mais c’est très enrichissant", s'expriment les étudiants.

Le large spectre de l'ingénierie spatiale

Beaucoup de ces étudiants s’imaginent revêtir une combinaison spatiale et devenir le futur Thomas Pesquet ou la future Sophie Adenot, retenue en novembre 2022 dans la nouvelle promotion d'astronautes de l'Agence spatiale européenne. "Il n’y a pas beaucoup d’élèves qui ne veulent pas devenir astronaute. Ils l’ont tous en tête à leur arrivée à l’école. Ceux qui s’engagent dans cette voie-là y consacrent beaucoup d’effort", soutient Stéphanie Lizy-Destrez.

Mais tout le monde ne veut pas défier les lois de la gravité. "On propose tout le spectre des métiers du spatial, du chercheur à l’astronaute. Nous avons besoin d’ingénieurs dans la conception, l’ingénierie système, la gestion de projet…", continue-t-elle.

Aussi, il n'est pas étonnant de voir que Supaero Space Section, le club de fusées expérimentales, représente la première association de l’école avec près de 150 membres. Dans le local, on retrouve une quantité innombrable de petites fusées prêtes (ou presque) pour le décollage.

"L’espace, c'est quelque chose qui fait rêver. Les étudiants viennent ici pour mettre en application leurs connaissances. Ils peuvent s'impliquer dans plein de projets. Il y a une véritable plus-value à fabriquer la fusée plutôt que de la voir de loin", affirme Fabien, président de l'association.

Fabien, le président du club de fusées d'ISAE-Supaero.
Fabien, le président du club de fusées d'ISAE-Supaero. © Clément Rocher

Des start-up pour inventer l’exploration spatiale de demain

Si à la sortie de l’école, les jeunes diplômés pourront travailler à la NASA ou à l'Agence spatiale européenne, l'esprit entrepreneurial est aussi présent sur le campus. Nombreux sont les diplômés à se lancer dans la création de start-up pour inventer l’exploration spatiale de demain. C’est le cas de Fabien, président de U-Space, qui s’est illustré dans la construction de satellites miniaturisés.

Au sein de l'incubateur de l'école, Marius, 24 ans, dirige Alpha Impulsion depuis sa création en 2022. Cette start-up développe une technologie de propulsion de fusée qui permettra de réduire les coûts de lancement. "C’est une discipline d’ingénierie extrêmement poussée. On veut apporter notre pierre à l’édifice du spatial, essayer d’avoir un impact", assure-t-il.

Le spatial pour mieux comprendre le changement climatique

Justement, la conquête spatiale peut-elle être durable ? Alors que les états se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, on peut se demander s’il faut continuer à se tourner vers ce secteur.

Pour la chercheuse Stéphanie Lizy-Destrez, l’exploration spatiale est justement un moyen d'œuvrer pour le climat. "C’est intimement lié. C’est grâce aux missions spatiales qu’on comprend mieux les enjeux climatiques, les ingénieurs vont traiter les données spatiales pour appréhender le changement climatique", affirme-t-elle.

"Pas de spatial, pas de connaissance de la planète, ajoute David Mimoun, professeur en systèmes spatiaux. Si on veut avoir un impact sur l’environnement, c’est ici qu’on va inventer les nouvelles technologies qui vont permettre de diminuer les émissions de gaz à effet de serre."

En France, plusieurs écoles d'ingénieurs spécialisées forment les étudiants au secteur de l'aérospatial, comme l'École de l’air et de l'espace, l'ESTACA, l'IPSA ou encore ELISA Aerospace. Il existe également des masters universitaires comme le master Sciences de l'univers et technologies spatiales de l'université PSL ou le master mention Sciences de l'univers et technologies spatiales de l'université Toulouse III-Paul Sabatier.

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