Actu

Écoles d'ingénieurs : près de quatre étudiantes sur dix découragées de s’orienter vers des études scientifiques

La proportion de diplômées issues des écoles d’ingénieurs est stable depuis 10 ans, et se maintient à 29%.
La proportion de diplômées issues des écoles d’ingénieurs est stable depuis 10 ans, et se maintient à 29%. © Adobe Stock/Monkey Business
Par Clément Rocher, publié le 23 février 2024
5 min

INFOGRAPHIES - Malgré une forte mobilisation des écoles d'ingénieurs, la proportion de femmes parmi les diplômées en ingénierie et numérique reste faible, selon les résultats de l'enquête Gender Scan 2023.

La proportion de femmes actives dans les emplois de haute technologie en France ne progresse pas. Tel est le principal constat tiré des résultats de l'enquête Gender Scan 2023 sur la mixité dans les métiers de la tech menée par le cabinet d'étude Global Contact en partenariat avec la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs).

De plus, une grande majorité d’étudiantes en ingénierie et numérique déclarent souffrir de stress, de manque de confiance en soi, ainsi que de l’ambiance et de sexisme. Autant de raisons qui n'incitent pas les jeunes femmes à se diriger vers des carrières pourtant prometteuses.

Une baisse de 6% des femmes diplômées dans la tech

Les jeunes françaises désertent les filières scientifiques. L’étude révèle une diminution de 6% de la proportion de femmes parmi l’ensemble des diplômées des filières STIM (Sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) entre 2013 et 2020 alors qu’en Europe, elle augmente de 19%.

Une chute de la proportion de femmes dans les filières de l’ingénierie, qui se retrouve aussi bien au niveau des BTS, BUT que des masters. Dans ce contexte général, la proportion de diplômées issues des écoles d’ingénieurs est stable depuis 10 ans, et se maintient à 29%.

On observe en revanche une progression significative de 43% des effectifs de femmes diplômées dans le numérique en France depuis 2017. Mais cette évolution positive est équivalente à celle de l’ensemble des diplômés de cette spécialisation, ainsi la proportion des femmes parmi les diplômés du numérique ne progresse pas et reste à 19%.

Depuis la réforme du lycée, le vivier de jeunes femmes qui s'orientent vers les filières scientifiques a tendance à se raréfier. Et ce, malgré les nombreuses actions menées dans les établissements scolaires pour encourager les élèves à choisir ces domaines d'études.

Les filles dissuadées de choisir des études en sciences et techniques

Parmi les freins à la progression de la féminisation des formations scientifiques et techniques, l'étude montre que plus d’une femme sur trois aujourd’hui étudiantes en STIM ou en numérique ont été découragées de faire ce choix. Dans le numérique, c'est même deux fois plus d’étudiantes que d’étudiants qui déclarent avoir été découragés.

L'entourage familial et les enseignants ont une importance déterminante dans les choix d’orientation des étudiants en école d’ingénieurs. Les parents et les amis sont à la fois la première source d’encouragement et la deuxième source de découragement cités par les étudiantes. Les enseignants sont cités par presque 60% des étudiantes comme les principaux acteurs de dissuasion.

Les sciences et techniques, "un milieu hostile"

Près de 33% des étudiantes indiquent qu’elles ont été découragées soit parce qu’en tant que femme le milieu "leur serait hostile", soit parce qu’il ne s’agit pas de "métiers de femmes". Autant d’arguments invoqués par les proches et les enseignants pour dissuader les femmes de s’orienter vers les formations scientifiques et techniques.

De nombreux acteurs se mobilisent pourtant afin de renforcer la mixité dans les filières scientifiques. La priorité est de réussir à réduire l’impact négatif des stéréotypes selon lesquels les étudiantes sont découragées de faire ces études au motif que "ce ne sont pas des formations pour les femmes".

Les écoles d’ingénieurs se sont notamment engagées sur la question du sexisme, un point noir dans ces spécialisations dans lesquelles les femmes sont minoritaires. Près de trois étudiantes sur dix ont été confrontées à des comportements sexistes en école d’ingénieur.

"Je ne me suis jamais sentie aussi "femme" que dans mes études, pas pour les bonnes raisons, mais plutôt comme obstacle pour apprendre, m'épanouir et me sentir à ma place", estime une étudiante.

Les étudiantes confrontées à des comportements sexistes en école d’ingénieurs

En 2023, la proportion d’étudiantes informées de l’existence de dispositifs de suivi et d’accompagnement passe de 20% à 56% dans les STIM, et de 27% à 48% dans le numérique.

La proportion d'étudiantes victimes de harcèlement sexuel qui utilisent le dispositif d’alerte s’améliore un peu, mais reste inférieure à 10%. "Je ne voulais pas que les autres sachent par peur qu'on me dise que j'exagère et aussi parce que je pensais pouvoir régler le problème seule", témoigne une élève-ingénieure.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !