Décryptage

Comment les femmes sont représentées dans les formations du vin ?

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De sommelière à vigneronne en passant par l'œnotourisme, les femmes investissent de plus en plus les métiers du monde du vin, ainsi que les formations. © Pixel-Shot / Adobe Stock
Par Raphaëlle Orenbuch, publié le 10 janvier 2023
5 min

Le monde du vin a longtemps été réservé aux hommes. Ces dernières années, les formations qui mènent à ce domaine se sont largement féminisées mais certains métiers restent très masculins. État des lieux.

Sommelier

, œnologue, maître de chai, vigneron… Il existe des dizaines de métiers dans le monde vinicole et encore plus de formations qui y mènent. "Le vin a toujours été l’apanage des hommes mais on observe un véritable changement depuis une quinzaine d’années", témoigne Thomas Vivant, responsable des formations sommellerie au lycée de Chamalières (63).

La sommellerie s’ouvre aux jeunes femmes

Dans ce lycée professionnel, deux niveaux de formation sont proposés aux apprentis sommeliers : une mention complémentaire, qui s’obtient en une année après le bac ou le CAP, et un brevet professionnel (BP) sommelier, très prisé par les employeurs, qui se déroule en deux ans, en apprentissage. Ce cursus s’adresse aux étudiants déjà titulaires d’un diplôme de la filière hôtellerie-restauration et la sélection se fait sur dossier puis sur entretien.

En 2008, la formation comptait une fille pour onze garçons ; aujourd’hui, la parité est respectée dans la promotion. "Souvent, les filles font preuve de plus de pugnacité dans leurs apprentissages et de finesse dans la dégustation", analyse Thomas Vivant. Sur les dix titres nationaux remportés par le lycée aux concours de sommellerie ces dernières années, huit ont été décrochés par des filles.

Après l’obtention de leur diplôme, les jeunes sommelières intègrent généralement des restaurants haut de gamme, souvent des étoilés. Pour Thomas Vivant, "aujourd’hui, il n’y a plus de différences entre l’insertion des filles et des garçons, le milieu s’est fort heureusement beaucoup ouvert aux femmes ces dernières années".

Féminisation dans les formations à l'œnologie

Isabelle Masneuf-Pomarède est enseignante-chercheuse en œnologie et en microbiologie du vin à l’école d’ingénieurs Bordeaux Sciences Agro (33). Elle forme des élèves-ingénieurs (bac+5) à la viticulture et à l’œnologie pour "qu’ils occupent des postes de cadres, par exemple à la direction technique de chais ou d’entreprises viticoles".

Ce double-diplôme (ingénieur agronome et œnologue) s’obtient après une spécialisation en dernière année d’école d’ingénieurs agronome, école qui, elle, s’intègre sur concours, généralement après deux années de prépa.

Isabelle Masneuf-Pomarède observe une féminisation évidente des promotions d’œnologues qui ont même atteint la parité ces dernières années. "On voit que la filière s’organise, des réseaux de femmes vigneronnes ou œnologues se créent pour développer l’entraide."

Le vin, un milieu qui reste très masculin

En 2022, on compte 30% de femmes à la tête d’exploitations viticoles en France. Audrey Martinez est l’une d’entre elles. Vigneronne, elle a créé le domaine La Vivarelle dans le Languedoc en 2014. "C’est un milieu très masculin et, quand on débute, on est très souvent confrontée au sexisme", raconte-t-elle. Pourtant, le matériel a beaucoup évolué ces dernières années et l’effort physique, qui pouvait éloigner les femmes de la production du vin, est aujourd’hui moindre.

Audrey Martinez et Isabelle Masneuf-Pomarède évoquent toutes deux le "fameux plafond de verre", le formatage auquel sont confrontées les filles depuis l’enfance et qui les pousse parfois à l’auto-censure dans leurs choix professionnels. "On le voit aussi dans les domaines : c’est le nom de l’homme que l’on met sur l’étiquette alors qu’il y a très souvent un couple derrière le vin", ajoute Audrey Martinez.

Avant de créer son domaine, la jeune femme a suivi un cursus scientifique à l’université de Montpellier (34) avec un master en "physiologie végétale" qu’elle a complété à l’Institut Agro de Montpellier. Mais aucun diplôme n’est requis pour devenir vigneronne et de nombreux cursus, du bac pro au bac+5, sont envisageables.

Les femmes plus présentes dans l'œnotourisme, le marketing et la communication

Parmi les nombreuses formations existantes, certaines écoles de commerce proposent des cursus spécifiques au monde du vin, comme Kedge Wine School à Bordeaux qui compte cette année 48% d’étudiantes. Sur le campus parisien, elles représentent même 63% des élèves. "Sans doute parce qu’elles ont davantage vocation, à Paris, à exercer des fonctions au siège c’est-à-dire dans la communication et le marketing purs", analyse Patrice Malka, responsable des relations entreprises de l’école.

L’œnotourisme, le marketing et la communication autour du vin comptent en effet une part conséquente de salariées.

Pour intégrer ces formations, il vous faudra justifier d’un bac+2 ou bac+3, selon que vous visiez le bachelor ou le master.

Adèle Limendoux, étudiante du master "management des vins et spiritueux" à Kedge Wine School, réalise son alternance au sein d’une cave bordelaise. "C’est sans doute une question de générations, mais je n’ai jamais ressenti de sexisme", assure-t-elle. De quoi donner de l’espoir aux jeunes diplômées du secteur, qui se disaient jusqu’alors très souvent victimes de discriminations à l’embauche.

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