Décryptage

Université : faute de moyens, le 100% présentiel n'est pas appliqué partout

Université illustration
Université illustration © université de Nantes
Par Amélie Petitdemange, publié le 20 octobre 2021
6 min

La rentrée en 100% présentiel n'est pas appliquée dans toutes les universités. Une situation liée à la surpopulation étudiante plus qu'à la crise sanitaire.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé dès l’été une rentrée 2021 en 100% présentiel. Pourtant, certains étudiants assistent encore à certains cours à distance.

"Nous sommes très loin du 100% présentiel. C’est plutôt du 100% un pied sur le campus de temps en temps. Les universités ont souvent fait le choix de mettre une partie des cours à distance, notamment ceux en amphis. Les échanges avec les enseignants sont quasiment impossibles", regrette Mélanie Luce, présidente de l’UNEF.

Des cours à distance par manque de places

Une circulaire du gouvernement parue le 5 août dernier prévoit que "des mesures spécifiques d’hybridation des formations pourront être prises dans les établissements selon l’évolution de la situation sanitaire". Mais selon les syndicats étudiants UNEF et FAGE, c’est la surpopulation dans les amphis qui mène les universités à passer les cours à distance, et non la situation sanitaire. "Les universités n’ont pas assez de moyens pour embaucher des profs et profitent de la crise pour dématérialiser les cours", affirme l’UNEF dans son tract de rentrée.

Selon Mélanie Luce, des universités - comme Paris 1 ou Paris 3 - dispensent leurs cours à distance en raison de leur situation budgétaire. "Cette annonce de présentiel n’est ni obligatoire ni suivie de moyens", martèle la présidente de l’UNEF.

Dans une lettre ouverte, 150 étudiants de l’École internationale d’études politiques et de la filière AEI (Administration et échanges internationaux) de l’université de Créteil et de l'UPEC dénoncent cette situation. "Dans un contexte d’amélioration généralisée de la situation sanitaire en France, avec une population de plus de 18 ans vaccinée à près de 90%, les étudiants continuent de se voir opposer l’interdiction de retourner à l’université”, témoignent ces étudiants.

D’après Hugo, étudiant à l’École internationale d’études politiques de l’UPEC, environ un tiers des cours de son établissement et de l’UFR AEI sont dispensés à distance. Tous les cours magistraux sont en effet à distance et les TD ont lieu en présentiel. "À l’école d’études politiques, c’est particulier, car nous n’avons pas encore de locaux. Mais à l’AEI, les cours sont à distance à cause d’un manque de places. Les cours en amphis sont souvent des troncs communs pour l’AEI, les étudiants sont donc plusieurs centaines. Il y a de plus en plus d’étudiants et les moyens de l’université ne suivent pas."

Des cours à distance "à la marge" ?

Après la publication de cette lettre ouverte, les représentants étudiants ont discuté à plusieurs reprises avec l’administration. Les étudiants ont par la suite reçu un mail expliquant que le tout présentiel était impossible. Une situation qui convient à Hugo, les cours à distance lui permettant de travailler à côté de ses études et de ne pas perdre de temps dans les transports, même s'il comprend les revendications de ses camarades et souhaite lui même retrouver une vie de campus.

La direction de l’UPEC assure de son côté que les cours à distance sont "à la marge". "Globalement, les étudiants sont très présents. Ce n’est plus du tout le scénario du confinement", affirme l’université. "150 étudiants sur 42.000 ont exprimé un mécontentement sur les cours à distance mais c’est une part très mineure de leur emploi du temps et c’est une modalité qui existait avant. Nous avons du mal à comprendre cet emballement."

L’UPEC confirme que les cours à distance résultent d’un manque de places, et non de la crise sanitaire. "Un cours ou deux cours de l’UFR AEI sont donnés en distanciel car ce sont de très grosses promotions. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un amphi qui déborde. C’est aussi le cas hors crise car les effectifs sont très nombreux, surtout en en première année."

Même situation à l’université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 où les étudiants ne sont pas non plus en 100% présentiel. "Nous avons quelques cours qui s’effectuent à distance. Ce sont des CM, délivrés de façon asynchrone. Il s’agit notamment de cours de licence, pour les effectifs imposants de plusieurs centaines d’étudiants", explique Jamil Dakhlia, président de de l’université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. Ces cours à distance représentent seulement 5% de l’offre de formation, affirme cependant le président. "Tous nos étudiants ont l’écrasante majorité des cours en présentiel."

Pourtant, comme à l’UPEC, des étudiants se sont insurgés contre cette organisation. "Ce sont des plaintes d’étudiants à titre individuel et nous leur avons expliqué pourquoi nous avions mis ça en place. Les cours à distance ne sont pas une décision arbitraire, c'est le fruit de concertations avec les représentants des UFR et des élus étudiants."

"Le contact entre étudiants et professeurs est maintenu"

Les étudiants peuvent rencontrer leurs enseignants lors des TD ou lors de permanences à l’université. Un point essentiel pour Paris 3. "Les syndicats étudiants ont tendance à être binaires. Pour eux, le distanciel est horrible et il faut du 100% présentiel. Si le contact entre étudiants et professeurs est maintenu, un peu de présentiel par prudence n’est pas à rejeter", assure Jamil Dakhlia.

Cette organisation est par ailleurs susceptible de changer dès le second semestre, en fonction de l’évolution des conditions sanitaires. L’objectif de l’université est en effet d’assurer un maximum de présentiel, tout en enrichissant les cours avec des ressources numériques.

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