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Portrait

Ma vie d'étudiant réfugié : "Paris est immense mais je me sens en sécurité ici"

Il est encore difficile pour Mussab, réfugié du Soudan, de témoigner à visage découvert
Il est encore difficile pour Mussab, réfugié du Soudan, de témoigner à visage découvert © Catherine de Coppet
Par Catherine de Coppet, mis à jour le 21 septembre 2016
1 min

Mussab, 24 ans, a étudié trois ans l'informatique à l'université de Khartoum, au Soudan, avant de fuir son pays pour l'Europe. Arrivé en France depuis 2015, il suit un programme de cours de français. Et garde espoir malgré une situation difficile.

C'est une vie d'étudiant peu ordinaire, qui malheureusement concerne de plus en plus de jeunes en Europe. Mussab, 24 ans, est arrivé il y a un peu plus d'un an à Paris. Ce fils de fermier vient du Darfour, une région du Soudan secouée par la guerre depuis 2003. Quand le conflit s'est déclaré, il avait 11 ans.

Après trois ans années à étudier l'informatique à l'université de Khartoum, sa vie a basculé. Face aux menaces qui pesaient sur sa personne, Mussab a fui son pays en 2015. "J'ai été arrêté un jour par les forces gouvernementales, sans raison. On m'a mis dans une cellule avec plusieurs dizaines de personnes. J'y suis resté pendant deux mois, dans des conditions très difficiles, raconte-t-il dans un anglais fluide. Quand on m'a sorti de là, on m'a demandé de ramener de l'information, mais je ne voyais pas de quoi il s'agissait. Je devais pointer chaque semaine. Quand on m'a dit que si je continuais à ne rien rapporter comme renseignements, c'en serait fini de moi, j'ai décidé de quitter le pays."

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La Méditerranée en bâteau de pêche

Commence alors une épopée qui ressemble à celle de milliers d'autres réfugiés qui affluent vers l'Europe. Mussab se rend d'abord en Lybie, où il reste quatre mois, avant de payer un passeur 500 € pour tenter la traversée de la Méditerranée. "Nous étions 33 sur un petit bateau de pêche. Le voyage a duré huit jours. J'ai cru que j'allais mourir", raconte Mussab. Débarqué en Sicile, il est pris en charge par les services de l'immigration et choisit de rejoindre la France. En juillet 2015, Mussab arrive à Paris, par le train. "Mon premier contact avec Paris a été la gare de Lyon. Il y avait tellement de monde, cela me semblait si grand..."

En cours à l'ENS

En septembre 2016, Mussab a intégré le PEI (programme étudiants invités), initié par l'association Migrens au sein de l'ENS (école normale supérieure) à Paris. Un cursus de cours intensifs de français ouvert aux étudiants réfugiés qui sont dans des situations d'attente administrative les empêchant de poursuivre leurs études en France. C'est le cas de Mussab : il a demandé l'asile à la France et attend la réponse. "Je suis tombé sur ce programme en surfant sur le Web", explique l'étudiant qui n'a pour seul équipement qu'un smartphone. "Je me connecte sur les Wifi gratuits."

Apprendre le français : une priorité

À raison de huit heures par semaine, au rythme de deux heures quotidiennes sur quatre jours, Mussab apprend donc le français. "C'est dur, surtout la grammaire, mais ça me plaît. C'est une priorité pour moi. Ma famille me dit également que c'est essentiel de maîtriser le français." L'intégration du programme a été une très bonne nouvelle pour Mussab, qui retrouve ainsi un peu de sociabilité étudiante. "Je rencontre des gens du monde entier." Le PEI permet aussi à Mussab de manger à la cantine universitaire. Un vrai plus pour le jeune homme, qui vit grâce à une allocation d'État de 340 € par mois.

En quête d'un logement

Son objectif ? Aller au bout du PEI et obtenir son DELF (diplôme élémentaire de langue française) le plus tôt possible, puis s'inscrire - s'il le peut - dans un cursus d'informatique. "Je m'intéresse beaucoup à tout ce qui est réseaux et sécurité informatique", précise Mussab. Mais avant tout, l'étudiant cherche à se loger. "Je n'ai pas eu de chance, je n'ai pas eu de solution de logement via les associations d'aide qui m'ont aiguillé au début, comme France Terre d'Asile. Je cherche toujours."

Le quotidien de Mussab est actuellement fait de débrouille, entre amis qui l'hébergent et nuits dehors. "C'est le plus difficile. Mais je fais tout pour rester propre, laver mes habits à la laverie." Le plus grand espoir de Mussab réside dans sa demande d'asile. S'il obtient le statut de réfugié politique, sa vie sera facilitée : il pourra reprendre ses études, chercher un travail... vivre normalement, en somme.

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La Joconde, la tour Eiffel et Paris Plages

Après un an passé en France, il livre ses impressions de la vie à Paris : "Cela ressemble à ce que j'imaginais. Les gens sont sérieux, ponctuels, ils travaillent. Paris me paraît immense, le métro m'impressionne ! Mais au moins je me sens en sécurité ici." Du Paris touristique, Mussab retient la Joconde, la tour Eiffel et... Paris Plages ! "Avec tout ce sable, il y a un côté Miami", sourit le jeune homme. "Si je pouvais, j'aimerais découvrir l'Europe : l'Allemagne, la Pologne, l'Italie, la Grèce, la Belgique, les Pays-Bas...", rêve Mussab. Espérons que l'avenir le lui permettra.

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