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Étudiants en médecine : les 5 conseils de Martin Winckler

Martin Winckler, médecin et écrivain, replace la parole du patient au centre de la pratique médicale.
Martin Winckler, médecin et écrivain, replace la parole du patient au centre de la pratique médicale. © Claude Gassian Flammarion
Par Aurore Abdoul-Maninroudine, publié le 24 octobre 2016
1 min

Martin Winckler, médecin et écrivain, vient de publier "Les brutes en blanc" chez Flammarion. Que vous entamiez ou finissiez des études de médecine, il vous donne cinq conseils pour être un soignant "éthique".

"Pour éviter de se transformer en médecin "maltraitant", il suffit de se rappeler quelques idées, au fond très simples, mais qui peuvent sembler contre-intuitives aux étudiants car on leur apprend le contraire," indique Martin Winckler. L'écrivain et essayiste, qui a exercé en tant que médecin généraliste jusqu'en 2008, vous livre ses cinq règles de base en tant que soignant.

1. Le rôle d'un soignant est de soulager le patient

Premier conseil : se rappeler quel est l'objectif du médecin. "Le travail d'un soignant, c'est de faire en sorte que la personne se sente mieux quand elle quitte votre cabinet", affirme Martin Winckler. Déjà en 1998, dans "La maladie de Sachs" (Prix du livre Inter 1998), il écrivait : "Le docteur attend des patients et des symptômes qu'ils se conforment aux grilles d'analyse que la faculté lui a inculquées. Le soignant fait de son mieux (en questionnant ses maigres certitudes pour comprendre un tant soit peu ce qui arrive aux gens)."

Aujourd'hui, l'écrivain insiste : "On peut apporter un peu de bien-être à un malade juste avec quelques mots, en le rassurant, en ne le jugeant pas. L'objectif d'un médecin n'est pas toujours très ambitieux, mais pour les patients, être écouté, c'est déjà énorme".

2. Le patient est l'égal du médecin

Deuxième conseil : ne jamais oublier que "le patient est l'égal du médecin". "C'est parce que c'est contre-intuitif à beaucoup d'étudiants, à qui on apprend l'inverse pendant leurs études, que c'est très important. Bien sûr, admet Martin Winckler, les médecins disposent d'un savoir scientifique supérieur au patient, mais il ne lui est pas pour autant supérieur sur le plan moral."

Considérer le patient comme l'égal du médecin suppose également de ne porter aucun jugement. "Les patients n'ont pas à être traités avec des jugements de valeur : les remarques sur le physique, "Vous êtes trop grosse", "Vous êtes jolie" sont inadmissibles. Vous n'avez pas à renvoyer quelqu'un à son physique, qu'il s'agisse d'une remarque désagréable ou d'un compliment."

Lire aussi : Les 20 ans de Martin Winckler : comment il est devenu médecin et écrivain

3. Être transparent avec le patient : un devoir de vérité

"Traiter le patient en égal et avec respect suppose aussi de lui donner toute l'information dont vous disposez, de lui expliquer les différentes options possibles et ensuite de respecter sa décision tout en l'accompagnant du mieux possible", estime Martin Winckler.

Dans son dernier essai, il explique : "Tout travestissement de la vérité, même pour des raisons "bienveillantes" n'est pas seulement immoral, mais aussi incompatible avec le soin. Les médecins qui cachent aux patients des informations qui les concernent violent le code de déontologie, purement et simplement. C'est un comportement paternaliste qui entrave gravement la liberté des patients de décider en connaissance de cause." 

4. Ne vous laissez pas faire !

Autre conseil : ne vous laissez pas faire ! "Tout discours qui dévalorise, humilie, culpabilise ou terrifie est nul et non avenu. On ne soigne pas et on n’apprend pas à soigner de cette manière." Corollaire de cette affirmation, pour Martin Winckler, il ne faut pas hésiter à dénoncer des pratiques qui ne seraient pas respectueuses du patient. "La loyauté première doit toujours aller aux patients [...], écrit-il. Défendre les intérêts des médecins contre ceux des patients, c'est une attitude crapuleuse et indéfendable."

5. Continuez toujours à apprendre

Enfin, un médecin n'a jamais fini d'apprendre. "Un scientifique, ce n'est pas seulement quelqu'un qui sait mais quelqu'un qui cherche toujours à comprendre", fait savoir l'écrivain, qui a longtemps dénoncé "l'embargo intellectuel" qui prévalait en France, où on ne lisait, selon lui, que très peu les travaux publiés hors de l'Hexagone. "Il est impératif d'être au courant des dernières avancées au niveau mondial. D'autant plus que l'accès à l'information est devenu extrêmement facile avec Internet", souligne-t-il encore et toujours.

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