Décryptage

Près d'un tiers des futurs et jeunes médecins souffriraient de dépression

USAGE UNIQUE
Horaires à rallonge, responsabilités importantes, confrontation à la mort... Des conditions de travail qui pèsent sur le moral des futurs et jeunes médecins. © plainpicture/Wavebreak
Par Aurore Abdoul-Maninroudine, publié le 14 juin 2017
1 min

Deux tiers des futurs et jeunes médecins souffriraient d'anxiété et un tiers d'entre eux de dépression. C'est le constat alarmiste que dressent plusieurs organisations d'étudiants en médecine. En cause, des conditions de travail limitant les échanges entre pairs et un accès limité à la médecine du travail.

Et si les médecins allaient mal ? 66 % des futurs et jeunes médecins souffiraient d'anxiété contre 26 % de la population française. C'est ce qui ressort de la première grande enquête nationale sur les risques psychosociaux parmi les futurs et jeunes médecins, dans laquelle l'ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France), l'ISNAR-IMG (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale), l'ISNCCA (Intersyndicat national des chefs de clinique et assistants) et l'ISNI (Intersyndicat national des internes) tirent la sonnette d'alarme.

Près de 22.000 étudiants y ont répondu, dont 20 % d'étudiants en premier cycle, 40 % en deuxième cycle, 35 % en troisième cycle et 5 % de chefs de clinique assistants.

Lire aussi : Maltraitance des étudiants en santé : les conseils de Valérie Auslender pour lutter

Près d'un jeune médecin sur quatre aurait des idées suicidaires

Le constat, très alarmiste, ne s'arrête pas là. 28 % des futurs et jeunes médecins souffriraient de dépression contre 10 % de la population et 24 % d'entre eux auraient des idées suicidaires.

Comment expliquer un tel écart avec la moyenne nationale ? "Les risques psychosociaux sont toujours multifactoriels, rappelle Leslie Grichy, responsable des questions sociales à l'ISNI. Mais au-delà des facteurs personnels (antécédents psychiatriques...) et de la confrontation à la mort inhérente au métier, il y a des facteurs liés aux conditions de travail sur lesquels nous pouvons agir. Quand on travaille plus de 60 heures par semaine, ou que l'on enchaîne 24 heures de garde à l'hôpital, les conditions ne sont pas réunies pour une vie équilibrée."

Selon l'étude, les temps d'échanges, le soutien des pairs et des supérieurs hiérarchiques sont les éléments qui permettent, en particulier, de limiter les risques de dépression et d'anxiété. L'enquête propose donc de "mettre en place des temps d'échanges réguliers pour les jeunes médecins avec un professionnel qualifié dans la relation médecin-patient". Et que chaque étudiant en médecine ait "une sensibilisation sur la question des risques psychosociaux".

Un accès à la médecine du travail limité

Autre volet abordé par l'enquête, la prévention des risques psychosociaux. Les principaux facteurs de risque de l'anxiété et de la dépression étant la fatigue et le manque d'échanges, les auteurs rappellent la nécessité de respecter "la réglementation du temps de travail et le respect du repos de sécurité".

De même, un peu moins d'un répondant sur deux a déjà vu un médecin du travail. D'où la proposition de rendre la visite d'aptitude en service de santé au travail obligatoire et systématique pour tous les jeunes médecins à chaque changement de statut, ou de pouvoir "aménager" les terrains de stages, et notamment les plannings de garde et d'astreinte pour les professionnels en difficulté. Encore faudra-t-il que cette mise en garde soit entendue.

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