Décryptage

Examen des dossiers sur Parcoursup : l’argument "100% présentiel" est invalide

Sur Parcoursup, les formations du supérieur prendront en compte des critères qui favorisent l’égalité des candidats, à commencer par les notes de contrôle continu et les appréciations des professeurs, ainsi que, dans certains cas, les choix de spécialité.
Sur Parcoursup, les formations du supérieur prendront en compte des critères qui favorisent l’égalité des candidats, à commencer par les notes de contrôle continu et les appréciations des professeurs, ainsi que, dans certains cas, les choix de spécialité. © Adobe Stock/JackF
Par Thibaut Cojean, publié le 28 avril 2021
5 min

Sur Parcoursup, certains lycées tentent de mettre en avant les candidatures de leurs élèves en mentionnant le suivi de tous les cours en présentiel, contrastant avec les demi-jauges pratiquées par beaucoup d'établissements. Loin d'avoir l’effet escompté, cette stratégie est jugée scandaleuse et contre-productive par les autorités et par l’enseignement supérieur.

En 2021, après deux années de lycée perturbées par les protocoles sanitaires, ne pas avoir subi les cours à distance peut-il être un critère d’orientation ? Non.

Si certains lycées ont jugé bon d'indiquer dans la fiche Avenir de leurs élèves un suivi des cours en présentiel tout au long de l’année, cet argument est jugé irrecevable par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, mais aussi par les responsables de formations sélectives contactés par l’Etudiant.

Les ministères rassurent les candidats

Rapide résumé de l’affaire. Lundi 26 avril, le Snes-FSU, syndicat majoritaire des enseignants, dénonce dans un communiqué que "des professeurs qui examinent actuellement les dossiers des candidats dans le cadre de Parcoursup ont eu la désagréable surprise de découvrir que certains dossiers, en particulier provenant d'établissements privés, mentionnaient un suivi des cours en présentiel à 100%".

En effet, la règle des demi-jauges, appliquée dans un grand nombre de lycées depuis l’automne, n’a jamais été obligatoire, et certains établissements ont donc continué à assurer leurs cours intégralement en présentiel, créant des inégalités d’accès à l’éducation entre les lycéens.

Face à cette stratégie jugée "abjecte", le Snes a demandé au ministère de l’Enseignement supérieur, responsable de la plateforme, "d’intervenir officiellement pour condamner cette mention et interdire sa prise en compte comme critère de classement" des candidatures. En réponse, le ministère de l’Enseignement supérieur a exprimé à l’Etudiant une position ferme, commune avec le ministère de l’Éducation nationale : "Cet élément ne peut constituer en aucun cas un critère d’appréciation de candidatures."

Il n’est toutefois pas question de dicter des consignes aux formations. Les deux ministères disent "faire confiance aux enseignants du supérieur (…) qui sont à même d’apprécier le caractère complètement inapproprié de telles appréciations", et rappellent qu’en raison du contexte particulier, il a été demandé aux formations de "porter un regard bienveillant sur les candidatures".

"Scandaleux" et "contre-productif"

Dans le supérieur, cette mention 100% présentiel a en effet choqué les formations sélectives. "Ce n’est pas du tout recevable, tranche Alain Joyeux, président de l’association de professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC). C’est purement scandaleux, les candidats ne sont aucunement responsables des cours en distanciel."

Même son de cloche du côté des prépas scientifiques. "Il y a un rejet total de ce type de procédé, rassure Mickaël Prost, président de l’union des professeurs de classes préparatoires scientifiques (UPS). On ne prendra pas en compte ces mentions déplacées." Celui-ci constate un "écart de traitement entre les lycées publics et privés" et pense même que "mettre en avant le fait qu’un lycée n’a pas participé à l’effort collectif" pourrait au contraire s’avérer contre-productif.

Une pratique anecdotique

Par ailleurs, si le caractère choquant de cette stratégie lui donne de la visibilité, elle n’est peut-être pas si répandue. Alain Joyeux n’a par exemple pas encore constaté la présence de telles mentions sur les candidatures pour intégrer sa prépa, même si elles lui ont été remontées par des membres de son association. L’UPS de Mickaël Prost a également quelques remontées, mais elles sont "extrêmement marginales".

En bref, pas d’inquiétude. Sur Parcoursup, les formations du supérieur connaissent parfaitement la situation sanitaire et la prendront compte, en suivant des critères qui favorisent l’égalité des candidats, à commencer par les notes de contrôle continu et les appréciations des professeurs, ainsi que, dans certains cas, les choix de spécialités.

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