Enquête

Les coachs privés pour Parcoursup en valent-ils le coût ?

Pour Dominique Allard, coach indépendante, "un coaching, c’est accompagner et non faire à la place de l’élève".
Pour Dominique Allard, coach indépendante, "un coaching, c’est accompagner et non faire à la place de l’élève". © Adobe Stock/ Visual Generation
Par Camille Bluteau, publié le 01 mars 2024
1 min

Parcoursup cristallise les crispations. Pourtant, les élèves sont accompagnés par leur lycée tout au long de la procédure. Un dispositif parfois jugé insuffisant par certaines familles qui font appel à des coachs privés.

Faire le bon choix d’orientation, oui ! Mais à quel prix ? Le 17 janvier a marqué le début de la procédure Parcoursup. Une période stressante pour les lycéens, mais aussi leurs parents.

Si dans les établissements publics, les psychologues de l’Éducation nationale (psy-EN) sont présents pour les aider gratuitement dans leur recherche d’orientation, certaines familles estiment que cela n’est pas suffisant et font appel à des coachs privés.

Rester acteur de son orientation

Timéo est en terminale dans un lycée français à l’étranger. Il aimerait faire des études dans l’informatique. "L’orientation, ce sont des recherches permanentes. Ici, on n’a pas accès à tous les forums comme si on était en France. On n'est au courant de rien", constate Hélène, sa mère.

Alors, elle décide de se tourner vers une coach. "Elle nous mâche le travail, c’est vrai, mais ça nous allège", précise la mère de famille. Si pour l’instant la famille est contente du résultat, elle admet que Timéo se repose trop sur elle. "Elle a établi dix vœux qui lui correspondent, alors il n’a pas fait de recherches par lui-même."

Parfois, c’est même le coach qui s’occupe de l’inscription sur Parcoursup. Une méthode pas vraiment validée par Dominique Allard, coach indépendante. "L’objectif d’un coaching doit être de faire gagner le jeune en autonomie. Ce n'est pas notre job de l'inscrire sur Parcoursup. Il faut le responsabiliser. Un coaching, c’est accompagner et non faire à la place de l’élève", estime-t-elle.

Hélène Pagès, directrice du CIO de Rezé (44) et ancienne psy-EN, va même plus loin. "L’orientation est devenue un marché, on flirte sur les peurs. Ça répond à une demande sociétale. Le coach, ça rassure surtout les parents. Certains peuvent être très bons, mais d’autres sont là pour vendre un service."

Se découvrir grâce au coaching

Pour Sophie, qui a bénéficié d’un coaching Parcoursup, il y a deux ans, l’accompagnement a été très utile. "J’ai fait énormément de tests de personnalité. J’ai appris que chaque élément de mon parcours, de ma vie personnelle, pouvait avoir de l’importance", explique l’étudiante en sciences politiques.

Timéo, aussi, a commencé son coaching avec des tests pour "cerner son profil et voir quelle voie lui serait la plus appropriée". Ses parents ont aussi demandé un approfondissement pour Parcoursup. La coach de Timéo a alors fait un tableau avec les écoles et formations possibles. "Au fil des rendez-vous, elle lui a fourni plusieurs documents et articles à lire sur différentes formations."

De nombreux coachings proposent des tests aux élèves qu'ils suivent. Une manière de les aider à se poser les bonnes questions et de valoriser les points de leur parcours qui peuvent faire mouche auprès des formations qui sélectionnent.

Une aide à l’orientation qui peut coûter cher

Cependant, cet accompagnement à un coût que tous les élèves ne peuvent pas se payer. "On a payé 700 euros. C’est clair que ce n’est pas accessible à tout le monde", reconnaît Hélène.

Les prix pour un coaching privé Parcoursup peuvent rapidement s’envoler : de 300 euros à près de 1.000 euros selon les entreprises. "On accompagne à 100% l’élève, justifie Sophie Laborde-Balen créatrice d'un réseau de coaching. On explique au lycéen ce qu’on attend de lui, on corrige ses lettres de motivation, etc."

Un investissement rentable ?

Deux ans après, Sophie ne regrette pas d’avoir payé 730 euros pour son suivi. "Maintenant, je sais me mettre en valeur dans mes candidatures de stage ou de job. J’appréhende moins l’entrée sur le marché du travail, car je sais qui je suis et quelles sont mes soft skills [compétences relationnelles et comportementales, NDLR]. Je continue de faire de l'introspection comme je le faisais avec ma coach. Financièrement, c’est comme un investissement sur la vie."

Un investissement sans plus-value pour Salomé*. Il y a deux ans, ses parents la poussent vers un coach. "Finalement, il a fait exactement la même chose qu’au lycée. À la fin de l’année scolaire, j'ai dit à ma mère qu’on avait perdu 850 euros et que je n’avais rien appris de plus sur moi et ce que je voulais faire."

Heureusement, l’étudiante a été admise dans la licence de droit qu’elle voulait. "On a payé pour que quelqu’un m’inscrive sur la plateforme, mais est-ce que ça vaut ce prix-là ?" doute aujourd’hui l’étudiante. Si elle devait donner un conseil : "Prendre le temps d’apprendre à se connaître et surtout se rappeler que ce n’est pas grave si on se trompe d’orientation".

*Le prénom a été modifié.

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