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Sébastien, Alexandre et Mamitiana, créateurs du site Dogfinance : "Se lancer après ses études sans avoir jamais travaillé, ça paraissait fou."

publié le 19 avril 2012
1 min

Sébastien, Alexandre et Mamitiana, tous diplômés de l’ESGF à Paris, veulent faire de leur site de recrutement, créé il y a deux ans, le numéro un dans les métiers de la finance. Pour se démarquer de la concurrence, ils l’ont couplé à un réseau social professionnel. Ouverture d'un site à visibilité mondiale, plus de 2.000 offres d'emplois, manque de crédibilité au début à cause de leur jeunesse, détails d'un parcours galopant.

Un lévrier comme emblème et un nom qui ne fait pas penser à grand-chose si ce n’est à des produits boursiers. Rien du style "job", "cadre", "recrut" pour se raccrocher. Et pourtant, Dogfinance est le premier site de recrutement dans le secteur financier.
 


Le premier surtout à afficher un positionnement carnassier ! "Le lévrier est un chien de chasse, plutôt de luxe", souligne Sébastien Guichard, le cofondateur. Traduction, Dogfinance traque les meilleurs, la crème des candidats. Avec ses deux associés, Alexandre Branche et Mamitiana Rakotomanantsoa – 75 ans à eux trois ! –, Sébastien n’a qu’une ambition : devenir le leader du recrutement financier et le premier réseau professionnel du secteur. Une version du site vient d’ouvrir au Royaume-Uni, qui est la première place boursière mondiale. L’Afrique du Nord et le Brésil incarnent également des relais de croissance intéressants. Né en 2009, ce nouveau job board (site Internet d'offres d'emploi en temps quasi réel) affiche déjà 150.000 euros de chiffre d’affaires et compte 10 salariés. Et il a l’appétit de sa mascotte : cette année, son activité devrait tripler et ses effectifs, doubler. En pleine récession économique.

Le démarrage du projet
Comme dans de nombreuses histoires d’entreprise, celle de Dogfinance commence sur les bancs de l’école. Sébastien, Alexandre et Mamitiana sont étudiants à l’ESGF (École supérieure de gestion et de finance), à Paris, et décident de relancer une association de finance moribonde. Ils organisent des conférences, des voyages d’études pour améliorer les connaissances de leurs camarades. En troisième année, ils transforment l’essai et réfléchissent d’abord à créer un portail d’actualité financière. Risqué, car le marché est déjà truffé d’acteurs. Ils revoient leur copie en se concentrant sur 3 concepts : le recrutement, la mise en réseau et l’information ciblée.
 
Dogfinance est né. Pour se faire connaître, le trio écume les salons étudiants, noue des partenariats avec les écoles. Et alimente le buzz sur les réseaux sociaux. En janvier 2011, le site propose 800 annonces d’emploi dans les métiers de la banque-assurance, du contrôle de gestion, de l’informatique financière…
 
En janvier 2012, il en recense plus de 2.300. Stages, contrats d’alternance, CDI (contrat à durée indéterminée) ou CDD (contrat à durée déterminée), confirmés ou débutants… Les postes sont aussi variés que le secteur. À la différence des job boards classiques, Dogfinance met en ligne des profils ultraciblés.

Avec ses 66.000 membres, le réseau professionnel se démarque de Viadeo et de LinkedIn en étant spécialisé. Ici, il n’y a que des pros de la finance. "Viadeo, on y va pour faire comme tout le monde, estime Sébastien. Sur Dogfinance, on est sur la même longueur d’onde, et comme le réseau est plus petit, on se fait plus vite remarquer !" La communauté réagit aux articles écrits par les uns ou les autres, apporte une information ou commente une actualité du secteur. De quoi rester en veille.

Le financement du projet
Les associés ont démarré avec un bon petit pactole : 28.000 euros réunis grâce à leurs économies et à de la love money (fonds récupérés auprès d'amis, de la famille…). Rapidement, ils ont eu besoin de lever des fonds : 200.000 euros récupérés auprès de business angels (investisseurs de projet d'entreprise)… qu’il n’est pas toujours simple d’accrocher. Ces pros de la comptabilité se souviennent encore de leur première présentation. Trop superficielle. "Ce que les investisseurs regardent au premier abord, c’est l’équipe. Puis la faisabilité du business modèle, et si un chiffre d’affaires a déjà été réalisé », détaille Sébastien.

Pour internationaliser leur site encore trop franco-français à leur goût, ils vont réaliser une nouvelle levée de fonds en 2012, de 350.000 euros, cette fois. Indispensable s’ils veulent assurer leur croissance. Depuis un an, la société est rentable, et le trio réussit à se rémunérer. Il faut dire que le modèle économique a été rondement pensé. Les entreprises paient pour publier une annonce – elle coûte 450 euros pour 6 semaines, soit 2 fois moins que sur un job board classique –, pour créer un groupe sur le réseau, pour accéder aux 40.000 CV. Pour les grands groupes, des devis sont établis en fonction du flux et des besoins. Financiers jusqu’au bout…

Les premières galères
Dès le départ, encore étudiants, les 3 amis ont cherché des locaux car le home office (bureau à domicile), très peu pour eux ! Ils ont commencé dans une chambre de bonne de 15 m2, au 6e étage sans ascenseur. "Mes meilleurs souvenirs !", s’enthousiasme Sébastien. Puis dans un bureau plus grand, qu’ils ont dû quitter du jour au lendemain. "Louer à Paris quand on n’a pas de bilans à produire, c’est l’horreur !" Finalement, ils ont atterri dans le 11e arrondissement de la capitale. Et à voir la table de ping-pong qui trône dans le bureau des chefs, ils s’y sentent plutôt bien !
 
Autre déconvenue : les relations avec les employeurs, qui regardent arriver ces jeunes gens avec un air dubitatif. "Se lancer dans le recrutement après ses études sans avoir jamais travaillé, ça leur paraissait fou", se souvient Sébastien. L’équipe découvre les organisations matricielles, la complexité de la chaîne de responsabilités. Elle démarche les chargés de recrutement avant de s’apercevoir que ces questions relèvent de la communication RH. Après s’être pris quelques portes dans le nez, ils savent aujourd’hui à laquelle frapper.

À la loupe

Lancement : 2009.
Activité : site de recrutement et réseau professionnel dédié aux métiers de la finance.
Capital social : 28.000 euros.
Effectifs : 10 salariés.
Chiffre d’affaires : 150.000 euros.
Emmanuelle Souffi

Réalisé en partenariat avec

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