Enquête

Stress, solitude, dépression… Les étudiants sévèrement touchés par le confinement

Selon une enquête de la Fage et Ipsos, 73% des jeunes déclarent avoir été affectés sur le plan psychologique pendant le premier confinement.
Selon une enquête de la Fage et Ipsos, 73% des jeunes déclarent avoir été affectés sur le plan psychologique pendant le premier confinement. © Adobe Stock/simona
Par Amélie Petitdemange, publié le 26 novembre 2020
5 min

La crise sanitaire accentue ou provoque un mal-être chez certains étudiants. Les initiatives se multiplient pour les écouter et les accompagner.

Le premier confinement a sévèrement touché les étudiants. 73% des jeunes déclarent avoir été affectés sur le plan psychologique, affectif ou physique et 23% d'entre eux disent avoir eu des pensées suicidaires durant cette période, selon une étude de la fédération des associations générales étudiantes (Fage) réalisée par Ipsos.

L'amenuisement des interactions sociales, l'inquiétude face à l'avenir, le stress lié aux études à distance, ainsi que la précarité accentuée par la crise sanitaire, sont en effet source de mal-être chez certains étudiants.

Hausse des demandes de consultation

Au mois de mars, le Centre d'accueil médico-psychologique universitaire (CAMUS) de Strasbourg (67) a observé une très forte hausse des demandes de consultation. Celles-ci n'ont pas faibli à la rentrée, et encore moins lors de ce deuxième confinement.
Myriam Riegert, docteure et directrice médicale du CAMUS, observe deux cas de figure. "Pour certains jeunes, la crise sanitaire est un déclenchement. Elle provoque du stress, de la dépression, ou des pathologies psychiatriques qui étaient déjà sous-jacentes mais qui se révèlent lors de cette période, comme la bipolarité et la schizophrénie. Pour d'autres étudiants, le contexte très anxiogène du confinement accentue leurs fragilités antérieures. Ils avaient déjà besoin d'appui et se sentent encore plus vulnérables".

"On doit tout gérer en même temps"

Alice, étudiante en deuxième année de lettres modernes à Avignon (84), se dit très stressée par les cours et les examens mais aussi par la technologie. "Je n'écris qu'à deux doigts sur mon ordinateur, ça prend un temps fou. À cela s'ajoutent les problèmes informatiques, sachant que ni les profs ni les étudiants n'ont été formés".
La jeune femme de 22 ans témoigne aussi de sa difficulté à organiser seule son emploi du temps, avec des cours et des examens qui s'accumulent. "On doit tout gérer en même temps. Depuis la Toussaint, j'ai jusqu'à quatre partiels par semaine".

Isolement et solitude

Selon une étude OVE publiée en septembre, la moitié des étudiants ont souffert d'isolement ou de solitude pendant le confinement. Une situation particulièrement prégnante chez les nouveaux entrants à l'université, qui n'ont pas eu l'occasion de tisser des liens avec leur promotion.

Brenda, 20 ans, a déménagé à Villeneuve-Saint-Georges en septembre pour débuter un master de droit des assurances à l'université Paris-Est Créteil (94). "C'est très dur psychologiquement, car je ne connais personne. J'ai noué quelques relations pendant les premières semaines de cours en présentiel. Mais très rapidement, on ne pouvait plus se voir", explique l'étudiante.
Si Brenda habite en colocation, certains jeunes sont confinés dans des résidences du Crous ou dans des studios très exigus. C'est le cas de Thaouban, en L2 de droit à l'université d'Avignon. "Comme les partiels se déroulent en présentiel, nous ne pouvions pas déménager pour le confinement", raconte le jeune homme, qui habite dans 19m2. "Je suis en contact avec d'autres étudiants de ma résidence Crous, ils me disent qu'ils n'arrivent plus à gérer leur temps ni leurs cours. Ils se renferment sur eux-mêmes. Après le premier confinement, certains n'osaient plus sortir ni parler aux gens".

"Ne vous coupez pas des liens existants"

Ce repli sur soi est aussi observé par la docteure Myriam Riegert. "Il faudra accompagner les jeunes qui auront des conséquences durables sur le processus de socialisation". Elle conseille aux étudiants confinés d'échanger au maximum sur les problématiques qu'ils rencontrent. "Ne vous coupez pas des liens existants. C'est très important d'avoir le soutien de ses proches. Sollicitez l'aide dont vous avez besoin auprès de vos profs, d'un médecin, de votre entourage…"
Pour faciliter cette prise de parole, l'université de Strasbourg (67) s'appuie notamment sur des "étudiants relais". "Les étudiants éprouvent une forme d'autocensure à demander de l'aide à un psychologue. Avec leurs pairs, ils échangent plus facilement sur leurs difficultés", explique Myriam Riegert.

Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé le 12 novembre dernier le renforcement de ce dispositif avec la création de 1.600 emplois étudiants entre novembre et janvier au sein des Crous. Objectif : la présence de deux référents étudiants dans chacune des 800 résidences universitaires. Ils informeront notamment sur les aides existantes ou redirigeront vers les services compétents.

Consultations et ligne d'écoute

Si vous avez besoin d'un accompagnement psychologique, la Fage propose quant à elle des consultations gratuites avec une psychologue diplômée, habituée à dialoguer avec des jeunes. Les universités prennent aussi des initiatives. L'université Paris-Saclay a par exemple ouvert une ligne d'écoute nocturne gratuite et organise des réunions virtuelles hebdomadaires, sur la gestion du stress ou encore le sommeil.

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