Bancs d’essai

Le droit de vote à 16 ans sera débattu à l’Assemblée nationale

L'abaissement du droit de vote à 16 ans concernerait 1,4 million d'inscrits supplémentaires.
L'abaissement du droit de vote à 16 ans concernerait 1,4 million d'inscrits supplémentaires. © Adobe Stock/grechsantos
Par Thibaut Cojean, mis à jour le 16 septembre 2020
4 min

Alors que débutent les semaines de l'engagement, deux députés, soutenus par plusieurs associations de jeunesse, veulent relancer le débat autour de l’octroi du droit de vote à 16 ans. Ils ont lancé une pétition en ligne et vont déposer une proposition de loi à l’Assemblée nationale le 8 octobre prochain.

Et si on abaissait le droit de vote à l’âge de 16 ans ? C’est la proposition que font Paula Forteza et Matthieu Orphelin, députés et co-présidents du groupe Ecologie démocratie solidarité (EDS). Si l’idée n’a rien de neuf, cette nouvelle démarche devrait mener à un débat inédit sur la question à l’Assemblée nationale.

Argument démocratique

"Ce n’est pas la première fois que cette idée vient dans le débat, reconnaît Matthieu Orphelin. Mais c’est la première fois qu’elle sera soumise au vote, à travers une proposition de loi, le 8 octobre prochain." Une pétition pour la soutenir a déjà été signée par une trentaine de représentants politiques, dont Julien Bayou et Yannick Jadot (EELV) ou Jean-Luc Mélenchon (LFI), et une dizaine d’importantes organisations de jeunesse (UNL, Fidl, Unef, Allons Enfants, Forum français de la jeunesse, etc.).

Les défenseurs du droit de vote à 16 ans s’appuient en premier lieu sur l’argument démocratique. Pour Matthieu Orphelin, c’est même le cœur du débat : "Comment réconcilier la jeunesse avec la démocratie ? interroge-t-il. Elle s’exprime dans les marches, dans les rassemblements, pourquoi le vote serait le seul endroit où elle ne peut pas s’exprimer ?"

Maryam Pougetoux, vice-présidente de l’Unef (union nationale des étudiants de France), voit elle aussi dans le vote des 16-18 ans "un moyen de s’exprimer et de relancer le débat sur de nombreux sujets". Voire un moyen de s’engager, comme le soutient Athénaïs Michel, présidente d’Allons Enfants, parti politique qui incite les moins de 30 ans à se lancer en politique. Pour elle, avoir plus de jeunes en politique donnerait "une représentation plus juste et réaliste de la société française".

Lutter contre le réchauffement climatique

Faire participer les jeunes au débat, c’est aussi prendre en compte leurs inquiétudes

, considèrent les représentants d’associations de jeunesse, à commencer par la transition écologique. "Nous sommes la première génération à vivre les conséquences du réchauffement climatique et la dernière à pouvoir y faire quelque chose", rappelle l’activiste écologique Camille Etienne.

"On a une dette écologique qui nous donne une charge mentale lourde à porter, abonde Mathieu Devlamnick, le nouveau président de l'union nationale lycéenne (UNL). On pense qu’on peut la réduire avec le droit de vote à 16 ans. On a changé d’ère, la démocratie ne peut plus se faire sans les jeunes."

Intégrer le débat au lycée

Pour aider les plus jeunes à s’intéresser à la politique, Mathieu Devlamnick aimerait "considérer le lycée comme un lieu citoyen, un lieu de débat". Ce qui pourrait par exemple passer par un renforcement de l’enseignement moral et civique, comme le suggèrent Paula Forteza et Anthony Ikni, délégué général du forum français de la jeunesse.

Le droit de vote à 16 ans existe déjà dans d’autres pays, comme l’Argentine, l’Autriche, l’Ecosse ou quelques régions de Suisse et d’Allemagne. En France, cela représenterait 1,4 million d'inscrits supplémentaires. La proposition de loi sera déposée le 30 septembre par le groupe EDS, et devrait être débattue le 8 octobre à l’Assemblée nationale.

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