Interview

Présidentielle 2022. Nathalie Arthaud : "Il faut consacrer de l’argent, du temps, des enseignants, en faveur de l'éducation"

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Nathalie Arthaud se présente pour la troisième fois à l'élection présidentielle. © SARAH MEYSSONNIER / REUTERS
Par Propos recueillis par Dahvia Ouadia, publié le 23 mars 2022
5 min

Alors que l’élection présidentielle approche à grand pas, l'Etudiant a interrogé les candidats sur leurs mesures en faveur de la jeunesse et en matière d'éducation s'ils sont élus le 24 avril 2022. Orientation, précarité, accès à l'emploi, égalité des chances… Nathalie Arthaud, candidate de Lutte Ouvrière, défend son programme pour la jeunesse.

Candidate pour la troisième fois consécutive à l'élection présidentielle pour Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud est créditée, à trois semaines du premier tour le 10 avril, de 0,5% à 1% dans les sondages. Nous l'avons interrogée sur les principales problématiques qui touchent les jeunes de 18 à 25 ans.

Les propositions pour la jeunesse de la candidate Nathalie Arthaud

La candidate d'extrême gauche veut s'attaquer à la paupérisation d'une partie des étudiants, qu'elle assimile à "une ségrégation sociale". Enseignante agrégée d'économie dans un lycée d'Aubervilliers (93), Nathalie Arthaud voudrait "consacrer de l'argent" pour pallier le manque d'enseignants et d'assistants d'éducation pour limiter les classes surchargées.

Quelles mesures comptez-vous mettre en place pour lutter contre la précarité étudiante ?

La vie des étudiants pauvres se dégrade, le confinement les a privés des petits boulots et les a envoyés vers l’aide alimentaire. Les frais d’inscription à l’université sont trop élevés. Les bourses ne sont pas assez nombreuses, versées avec difficulté et retard, et les montants, insuffisants, imposent aux étudiants des couches populaires de vivre avec quelques centaines d’euros ou de travailler en plus de leurs études.

Pour nombre de familles, celles frappées par le chômage et les bas salaires et qui ne peuvent que difficilement aider financièrement leurs enfants, ce système relève d’une véritable ségrégation sociale.

Entre la réforme du bac, Parcoursup, la crise sanitaire… on observe des étudiants perdus dans leur orientation. Si vous êtes élue présidente, quelles seront les mesures pour les aider à s’orienter plus efficacement ?

Dans l’enseignement supérieur, il faut remettre en cause toutes les coupes budgétaires qui s’opèrent sous prétexte d’autonomie, comme toutes les réformes qui visent à mettre l’éducation au service des entreprises. L’éducation souffre dramatiquement du manque d’enseignants et de professionnels comme les assistants d’éducation, ce qui conduit à des classes surchargées. Toute une partie de l’enseignement supérieur est en train de mourir de ces réformes qui justement font des entreprises l’arbitre dans la formation supérieure.

L’enseignement doit au contraire permettre au plus grand nombre d’accéder à une culture générale la plus vaste possible dans tous les domaines. L’enseignement supérieur ne doit pas chercher à mettre les étudiants dans les rails de ce qui profitera aux entreprises, ni fournir aux entreprises des jeunes salariés déjà formés et prêts à être exploités, leur économisant ainsi les années de formation "maison" nécessaires.

Près d’un jeune actif sur cinq âgé de 20 à 24 ans est sans emploi. Comment souhaitez-vous lutter contre le chômage des jeunes ?

Il faut supprimer le chômage en répartissant le temps de travail entre tous, sans réduire les salaires. Ceux qui travaillent croulent sous les cadences, car on ne remplace pas les départs en retraite. Le gouvernement veut que les anciens travaillent toujours plus alors que les jeunes sont au chômage. C’est une aberration.

Si vous êtes élue, quelles seront les actions pour favoriser la mixité sociale dans l’enseignement supérieur et notamment dans les filières les plus sélectives ?

En France, près de 40% des élèves issus de milieux défavorisés sont en difficulté. Ces élèves poursuivent ensuite une scolarité chaotique parfois émaillée de redoublements, au moins jusqu’à leurs 16 ans, qui sonnent la fin de la scolarité obligatoire. Pour que cela change, il faut y consacrer de l’argent, y consacrer du temps, des enseignants, au lieu, encore une fois, de réduire les moyens.

L’accès à l’enseignement supérieur est théoriquement ouvert au très grand nombre. Mais, en même temps, des mécanismes de sélection ont été mis en place et on a multiplié les filières pour orienter la plupart des jeunes des classes populaires vers les voies technologiques ou professionnelles. À côté, les voies royales sont maintenues : classes préparatoires et grandes écoles. Tout le monde a sa chance ? En réalité, "l’ascenseur social" n’est pas en panne, il n’a jamais fonctionné.

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