Décryptage

CNE du Réses : 70% des étudiants veulent être mieux formés aux enjeux écologiques

70% des étudiants veulent être mieux formés aux enjeux écologiques
70% des étudiants veulent être mieux formés aux enjeux écologiques © Laurent GRANDGUILLOT/REA
Par Thibaut Cojean, publié le 22 septembre 2023
1 min

La dernière consultation nationale étudiante (CNE) du Réses fait état des attentes des jeunes en matière d'écologie. De plus en plus sensibilisés, les étudiants sont en demande de formation et souhaitent que l'Etat agisse et reconnaisse leur engagement.

"Écologistes" à 57%, "féministes" à 56% et "antiracistes" à 43%. C'est ainsi que se définissent les étudiants en 2023, selon la dernière Consultation nationale étudiante (CNE) du Réses (Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire)

Les réponses de cette grande enquête menée au printemps dernier dévoilent une génération sensibilisée aux enjeux climatiques et en demande de formation. Mais aussi des jeunes qui souhaitent s'engager sans avoir toujours les moyens de le faire.

Génération écologique

Créé en 2007, le Réses est "dirigé par et pour les étudiants". Il fédère aujourd’hui 175 associations étudiantes et agit selon deux objectifs : 100% des étudiants formés à la transition écologique et 100% des campus durables. C’est la 6e CNE qu’il organise.

"Les étudiants sont assez ambitieux écologiquement", résume Paul Van Celst, secrétaire général du Réses, lors de la présentation de la CNE, le 21 septembre 2023. Les statistiques ne manquent pas pour étayer cette observation.

L'écologie est le premier sujet d'inquiétude de la jeunesse (pour 62%), devant l'éducation (48%) et l'accès aux soins (43%). Si bien que la cause écologique est soutenue par 70% d'entre eux et 16%, soit un sur six, se déclarent militants. Cette tendance se ressent sur les études, puisque 30% déclarent avoir pris en compte les enjeux écologiques dans le choix de leur cursus.

Un besoin de formations aux enjeux environnementaux

S'ils n'en font pas tous un critère d'orientation, l'attente reste forte : 43% des étudiants estiment que leur formation ne les prépare pas assez aux enjeux écologiques, 70% aimeraient être davantage formés et 91% trouvent que leur campus n'agit pas suffisamment en faveur de l'environnement.

Le Réses souligne par ailleurs une "sensibilisation plus fine des enjeux écologiques". Après le réchauffement climatique (53%), la destruction des écosystèmes et la perte de la biodiversité (42% chacun) sont en effet les enjeux qui préoccupent le plus les étudiants, en nette progression par rapport à la CNE précédente, en 2020.

Plus de 14.000 étudiants répondants

Relayée dans les newsletters des Crous, la CNE a collecté les avis d'étudiants boursiers et non boursiers, inscrits à l'université, en écoles ou en lycée. Les organisateurs ont repéré des biais statistiques, puisque les populations d'ordinaire plus sensibilisées aux enjeux climatiques, comme les femmes et les étudiants en IEP ou en écoles d'ingénieurs, sont sur-représentées dans les répondants.

Malgré tout, le très large panel de participants, plus de 14.000 personnes, a permis de redresser les statistiques et d'affiner les résultats selon la réelle répartition des étudiants français.

In fine, seuls 4% des répondants se classent dans les anti-écologistes, un groupe "majoritairement masculin, conservateur et patriote", décrit Paul Van Celst. A l'inverse, le groupe de 60% d'éco-actifs est surtout "urbain et féminin". Ces derniers sont sensibilisés, actifs et mettent en œuvre des actions au quotidien. Ce que les 36% de non-agissants, qui sont concernés mais inactifs, peinent à faire.

L'engagement au cœur des préoccupations étudiantes

L'action est l'autre grand volet de la CNE. Ecologiquement, 43% des étudiants annoncent avoir changé leurs habitudes. Mais plus de la moitié de ceux qui ne le font pas (56%) l'expliquent par un manque de budget.

Côté mobilisation, 74% voient dans l'action citoyenne "une solution efficace dans la lutte contre le changement climatique". Et si un étudiant sur cinq a déjà pris part à un projet écologique, la moitié (52%) déclarent manquer de temps pour s'engager dans une association ou une organisation.

Politisation de l'écologie

Il faut dire aussi que les étudiants sont loin de s'estimer responsables. Pour 80% d'entre eux, c'est d'abord l'Etat qui doit piloter la transition écologique (80%).

"Cela veut dire que pour eux, c'est un enjeu transversal, global, systémique", souligne Paul Van Celst. Suivent les entreprises (55%) et les institutions internationales (47%), loin devant les individus, les ONG ou les associations.

Malgré tout, l'action des pouvoirs publics (taxes, réglementations…) est l'une des solutions jugées les moins efficaces par les étudiants, bien après la formation, la mobilisation ou la coopération internationale. Surpris de ces résultats, le Réses émet l'hypothèse d'une défiance des étudiants envers les institutions.

Cela n'a pas empêché les membres du réseau de formuler des recommandations issues de la CNE, à travers trois tables rondes autour de l'écologie dans les formations, de l'alimentation durable sur les campus et de la valorisation de l'engagement étudiant.

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