Reportage

"J'ai pu développer une certaine empathie" : des étudiants s’engagent pour la santé mentale des jeunes

Les étudiants sont présents pour créer une atmosphère bienveillante d'écoute et d'entraide.
Les étudiants sont présents pour créer une atmosphère bienveillante d'écoute et d'entraide. © Adobe stock/Mary Long
Par Lea Curetti, publié le 11 janvier 2024
1 min

Au sein des universités, des étudiants viennent en aide à leurs pairs. Ils sont formés pour mieux répondre aux besoins de ceux qui les sollicitent. L'Etudiant est allé à leur rencontre.

Face à la dégradation de la santé mentale des jeunes, notamment depuis la crise sanitaire, les universités et les associations prennent les choses en main. Ils permettent aux étudiants de s'engager pour aider leurs pairs sous forme de bénévolat ou de job étudiant. C'est notamment le cas à l'université de Lille, mais aussi celle de Strasbourg où des étudiants relais collaborent étroitement avec la psychiatre du CAMUS (Centre d'accueil médico-psychologique de Strasbourg).

Entraide et écoute entre étudiants

Bien différent des psychiatres ou des psychologues, les "étudiants relais" sont avant tout présents pour créer une atmosphère bienveillante d'écoute et d'entraide. Via des boites mail, ils reçoivent les différentes problématiques de leurs pairs, qui vont de la précarité à la dépression, en passant par l'orientation ou encore des peines de cœur. Leur rôle : analyser chaque situation pour mieux y répondre et ensuite conseiller ou orienter les étudiants vers des professionnels ou les services universitaires adéquats.

La particularité de ces dispositifs est l’aide par et pour les étudiants. Une approche que salue Carla, étudiante en architecture : "Ça fonctionne bien parce qu’on est au même niveau. Il n’y a pas d’écart comme avec un adulte ou un professionnel". C’est cette "plus-value étudiante" qui aide les étudiants à franchir le cap de la demande d’aide, ajoute Anna, étudiante en pharmacie de 21 ans.

L'étudiante apprécie aussi le "côté solidaire" de ce dispositif. "J'ai pu développer une certaine empathie", confie Ana. "On s'intéresse à la personne pour la mettre en confiance et donc créer du lien", complète Enzo, 19 ans, étudiant en école de management. Claire, 23 ans, étudiante relai depuis plusieurs années, le confirme : les étudiants qui leur écrivent veulent surtout être écoutés lorsqu’ils ne vont pas bien.

Se former aux premiers secours en santé mentale

Mais attention, les étudiants relais doivent garder une certaine distance. Si l'empathie est essentielle pour offrir une réelle écoute, il est aussi important de ne pas se laisser submerger par l’émotion. Pour ce faire, une formation est souvent demandée ou du moins fortement recommandée. La formation de PSSM (premiers secours en santé mentale), qui se déroule sur deux jours, permet ainsi aux jeunes de se confronter à des cas concrets.

Marion, 22 ans, est étudiante en quatrième année de pharmacie à Lille (59). Elle s’est engagée au sein de l’association CINAPSE au début de l’année scolaire et a suivi la formation. "C’est assez déroutant au début. On nous présente des cas concrets pour voir comment approcher sans être intrusif et guider l’étudiant." Constituée par des professeurs et des étudiants de l’université, l’association offre la possibilité de se confier sur tout type de problématiques via mail.

Ces mises en situation lui ont permis d’appliquer ce qu’elle a appris face à des cas difficiles. "Ce n'est pas forcément simple de demander à quelqu'un : 'As-tu des pensées suicidaires'. Mais, finalement, cette question ne fait pas plus de mal à la personne. Au contraire, elle est nécessaire", évoque la jeune femme.

Accompagner concrètement les étudiants en détresse

À l'université de Strasbourg (67), les étudiants suivent plusieurs formations pour faire face aux différentes difficultés que les étudiants peuvent rencontrer. Du fonctionnement de la carte Vitale aux différents troubles psychiques du jeune adulte, les étudiants sont formés jusqu’à développer un bagage de connaissances suffisant.

Ils apprennent à différencier une déprime d’une dépression, les demandes administratives des étudiants étrangers et les risques et dangers liés à la vie étudiante, comme l’alcool et la drogue.

Ils découvrent également tous les services d’aides universitaires pour guider l’étudiant. S’il rencontre des problèmes d’orientation, les "étudiants relais" le mettent en contact avec l’Espace avenir, s’il a besoin d’une consultation avec un professionnel, le SSE (service santé des étudiants) et le CAMUS peuvent l’aider.

Les étudiants strasbourgeois se réunissent aussi une fois toutes les deux semaines avec l'ensemble des étudiants relais et la psy du CAMUS, ce qui crée une forte cohésion. Ils font le point sur les sollicitations de chacun (anonymat), quelles thématiques, combien de mails ont été échangés…

De son côté, PSSM couvre toute la France. Si vous souhaitez suivre la formation, renseignez-vous auprès de votre université qui peut la proposer ou bien directement sur le site de PSSM.

La Cnaé, nouveau dispositif d'écoute pour les étudiants

Une nouvelle plateforme d'écoute pour les étudiants éprouvant une situation de mal-être a vu le jour en décembre. Elle est gratuite et confidentielle.

Baptisée Cnaé (Coordination nationale d’accompagnement des étudiantes et étudiants), elle permet d’entrer en contact avec des psychologues et des travailleurs sociaux. Ils vous écouteront et pourront vous guider vers des dispositifs adaptés et des acteurs de terrain.

Cette plateforme d’écoute, d’accompagnement, d’information et de signalement est opérée par l'association "En Avant Toutes", sous l'égide du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

  • Numéro : 0 800 737 800.

  • Horaires : de 10h à 21h en semaine et de 10h à 14h le samedi.

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