Pauline, présidente du BNEM : "l'association apporte une voix qui n'existait pas avant"
Élève à l'Edhec, Pauline s'implique au Bureau national des étudiants en école de management (BNEM) depuis trois ans. Désormais présidente de l'association et ce, jusque fin 2024, elle nous raconte son parcours et les enjeux des élèves en écoles de commerce.
Après avoir opté pour une prépa scientifique, Pauline réoriente sa réflexion pour suivre un double diplôme ingénieur-manager. Elle choisi finalement d'intégrer l'Edhec à la rentrée 2020 et s'engage rapidement au BNEM. Elle devient présidente de l'association en septembre 2023.
Combien de temps vous prend cet engagement ?
L'association a été créée à l'été 2020 et je l'ai rejointe à la fin de la même année. Avant de devenir présidente du BNEM, à cette rentrée, j'y ai occupé plusieurs fonctions.
Depuis que je suis vice-présidente, c'est un job de tous les jours. Je reste presque toujours disponible. Cela doit me prendre entre deux et quatre heures par jours, six jours sur sept. Je suis en dialogue avec les directeurs d'écoles, les responsables de vie associative et les étudiants…
Le BNEM n'est pas présent dans toutes les écoles de commerce ayant une formation grade de master ?
Non, nous représentons la quarantaine d'écoles de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (Cdefm), avec laquelle nous travaillons beaucoup. Pour l'instant, nous sommes présents dans 27 d'entre elles.
Nous intégrons les écoles de commerce au fur et à mesure, en présentant l'association sur les campus pour motiver de nouveaux membres à nous rejoindre. Nous aimerions avoir des binômes de représentants dans toutes les écoles de la Cdfem.
Ces représentants participent aux actions nationales du BNEM mais ils sont aussi responsables de l'antenne BNEM de leur école.
Notre fonctionnement est différent du BNEI des écoles d'ingénieurs, qui lui, fédère des membres des BDE (Burdeau des élèves). Nous préférons recruter des vice-présidents de BDE ou des responsables d'associations thématiques, qui ont plus de temps. On cherche des personnes qui veulent valoriser leur parcours ou leur école ou qui sont sensibilisés sur un sujet.
Quelles sont les actions que vous menez ?
Les commissions se réunissent régulièrement et lancent des projets. Et nous avons des rendez-vous annuels : durant les Duoday, des lycéens en situation de handicap passent une journée en immersion, en école de commerce. En janvier, nous avons une mission orientation, où des élèves d'écoles de commerce retournent dans leur lycée pour expliquer leur parcours et leurs études.
Enfin, à chaque rentrée, nous menons une enquête auprès des élèves d'écoles de commerce. Nous venons de lancer notre dernier sondage, sur la transition écologique dans nos établissements pour savoir si ce sujet est un critère de choix important.
Nous apportons aussi des soutiens ponctuels auprès des étudiants. Certains nous demandent de l'aide sur leur situation personnelle, s'il y a un couac dans leur alternance ou sur des sujets plus grave liés aux violences sexistes et sexuelles.
En revanche, nous ne sommes pas un syndicat. Ce n'est pas à nous d'agir quand une promotion doit repasser un examen en cas de fraude.
Enfin, nous avons aussi des projets à l'échelle des établissements. Par exemple, l'antenne BSB veut lancer une enquête interne sur l'engagement étudiant, en déclin depuis le Covid. C'est un sujet pour nous, puisque l'associatif est dans l'ADN de nos écoles.
Y a-t-il des sujets d'actualité qui vous occupent particulièrement ?
Nous portons plusieurs sujets comme celui de la lisibilité des diplômes et établissements reconnus par l'État. On veut soutenir les écoles de commerce qui font les choses dans les règles.
Ce qui est important, c'est de montrer la différence entre nos écoles et les autres. Dans l'idéal, on aimerait que les écoles non reconnues ne puissent pas capter les lycéens.
Nous souhaitons aussi défendre une régulation de l'alternance. On voit des écoles qui attirent les candidats, sur TikTok et d'autres réseaux sociaux, en disant "l‘alternance, on vous la trouve en un clic". Mais lorsque l'école n'est pas reconnue et qu'il y a un problème, les étudiants se retrouvent sur le carreau.
Et puis, sur la contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), nous aimerions que toutes les écoles intègrent les étudiants dans la gouvernance, car nous manquons de lisibilité sur sa répartition. Beaucoup d'élèves ne savent pas quoi elle sert. Et certains, qui pourraient avoir besoin de soutien, ne peuvent pas toujours utiliser les services du Crous, trop éloigné.
Quelle est la position du BNEM sur l'implication des écoles dans la transition écologique?
Sur les cursus, on avance : il y a quelques mois, un référentiel de compétences a été élaboré par les écoles. Et nous voulons que les étudiants soient inclus dans l'évolution des programmes. Pour nous, l'enjeu n'est pas d'avoir un cours dédié mais bien que tous nos cours intègrent cette dimension, pour une meilleure adéquation au marché du travail.
Et cela doit aller plus vite. Par exemple, les établissements devraient travailler avec les entreprises qui ne valorisent pas les compétences liées aux transitions, car certaines n'ont pas saisi l'enjeu.
Comment mieux mobiliser les 200.000 étudiants en école de commerce ?
Le manque d'engagement des étudiants est un sujet global, traité par les écoles. Mais elles devraient peut-être adapter leur dispositif et mieux valoriser l'associatif.
Réserver le jeudi après-midi, c'est bien, mais si les étudiants ne viennent pas, il faut peut-être revoir les choses. Par exemple, donner plus de souplesse dans l'emploi du temps, en s'inspirant des parcours adaptés aux sportifs de haut niveau.
Au BNEM, nous n'avons pas d'objectifs chiffrés en termes de nombre de membres. Mais nous souhaitons associer aussi des élèves non-membres ponctuellement. Car c'est ce que l'on constate : les étudiants veulent s'impliquer sur un projet, mais ne restent pas.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux élèves en école de commerce?
Le BNEM leur apporte une voix qui n'existait pas avant, qui traite de la plupart des thématiques qui touchent les étudiants et qui les font réagir.
Et s'ils s'engagent au BNEM, on pourra leur montrer qu'il y a des valeurs communes entre les écoles, qu'il faut être fier de notre filière et qu'il y a une véritable montée en compétences quand on s'implique. Quand je suis arrivée, je n'avais jamais écrit de courrier à un ministre. Ces expériences seront utiles en entreprise.
L'organisation de l'association
Le BNEM est composé d'un bureau, d'un conseil d'administration (CA) et des commissions thématiques. Le CA regroupe un ou deux représentants par école. C'est du CA qu'émane le bureau et les commissions thématiques : diversité sociale, égalités des genre, lutte contre les violences sexistes et sexuelles, enjeux écologiques et études, recherche et analyse.