Pour sensibiliser à l'eau, ces étudiants traversent le monde à vélo
Le projet Cycle For Water est l’aventure de quatre amis d'enfance qui se sont lancé le défi de se "dépasser physiquement et mentalement" pour la cause environnementale. Partis de Nouvelle-Zélande à vélo en novembre 2022, ils traverseront 20 pays avant de rejoindre la Normandie en février 2024.
C’est en liaison avec l’Ouzbékistan que l’Etudiant a échangé avec César, Hugo, Pétronille et William, ces quatre étudiants qui traversent le monde à coups de pédale. Assis côte à côte, tout sourire, ils apparaissent un brin fatigués des kilomètres qu’ils parcourent. Leur aventure à vélo, démarrée en Nouvelle-Zélande en novembre 2022, ne se terminera qu'en février prochain dans leur Normandie natale.
Aujourd'hui âgés de 25 à 27 ans, ces amis d'enfance sont tous diplômés d’un master (respectivement dans l'entrepreneuriat, le management sportif, l'ingénierie agronomique et la gestion d’entreprise). À l’issue de leurs cursus, ils n'ont pas rejoint tout de suite le monde du travail, préférant se lancer dans "une traversée du monde à vélo pour l’eau". Un projet qu’ils nomment Cycle For Water.
Ce périple les mène dans 20 pays, où ils vont dans les écoles et à la rencontre des populations locales pour sensibiliser à la cause de l’eau.
Un an de préparation
S'engager ensemble était un projet de longue date, et c’est lors d’une conférence présentant un projet similaire qu’ils ont une véritable "révélation", raconte William.
Bien entendu, un voyage d’une telle ampleur ne s'improvise pas. "Pour la préparation, il a fallu d’abord détailler le projet, planifier l’itinéraire, le temps que ça prendra, les actions concrètes qui seront mises en place et surtout les financements", se souvient Hugo. Cette préparation a duré un an.
Chaque membre du groupe devient également ambassadeur de l’ONG No Water, No Us, une association qui fédère toutes les initiatives autour de l’eau. Grâce à son fondateur Malek Semar, qui devient leur mentor, ils ont rencontré des experts pour approfondir leurs connaissances sur l’environnement, l’eau et se préparer aux différentes interventions.
Au cours du voyage, les étudiants ont connu de nombreuses péripéties./ ©️Cycle for Water.
Partenariats avec les ONG locales
En établissant la route du voyage, ils décident de commencer par s'envoler à l’autre bout du monde pour revenir vers la France en roulant, et "fêter notre arrivée en grande pompe", explique César. Ils concluent leurs partenariats avec les ONG locales en avance et se mettent d’accord sur les ateliers qui seront mis en place.
Avant de partir, il faut surtout s’assurer du financement de leur traversée du monde. Pour cela, ils cherchent des sponsors. "Tout le monde a participé à la collecte de fonds, on a chacun travaillé sur notre réseau, dit César. Il a fallu leur montrer ce qu’ils avaient à gagner : nous soutenir, c’est soutenir la jeunesse, le sport et surtout un projet engagé pour l’environnement."
Sensibiliser les populations locales et agir
Quant à la préparation physique, elle a été plutôt légère avant le grand départ. Et c’est dans le premier pays, la Nouvelle-Zélande, qu’ils se sont échauffés. Mais il ne suffit pas de savoir pédaler, il faut aussi connaître son vélo sur le bout des doigts.
"On a pris des cours de mécanique du vélo", explique 'Pétro'. Si leur formateur, Justin, les aide encore à distance, l’équipe doit parfois s’arrêter dans les grandes villes pour faire réparer leurs montures par des professionnels. Attirant la sympathie, ils sont souvent aidés par les populations locales, par exemple en ne payant pas les réparations ou bien pour trouver un logement le soir.
Lors de leurs escales, ils visitent les villes et interviennent dans les établissements scolaires. "Dans les écoles, on parle des basiques, du cycle de l’eau. On échange beaucoup sur le sujet, mais on parle aussi de notre aventure. On adapte notre discours en fonction des niveaux. On essaye d’être créatifs et ludiques", détaille Pétronille.
Grâce aux partenariats avec des ONG, cinq interventions ont déjà été effectuées en Indonésie, en Malaisie, au Cambodge, en Thaïlande et en Inde. À chaque fois, le groupe s'arrête une à deux semaines. Le temps de participer à la mise en place d’infrastructures d’accès à l’eau potable, de planter des arbres, ou de construire des sanitaires et des réseaux de filtrage et de distribution d’eau.
Partis de Nouvelle-Zélande, les quatre étudiants vont traverser 20 pays à vélo./ ©️Cycle for Water.
Une aventure à suivre sur les réseaux sociaux
Tout ce périple est documenté sur leurs réseaux sociaux et leur site Internet. Les quatre amis y partagent leur avancée, leurs interventions, les galères et les caps qu’ils franchissent. "Les réseaux sociaux nous servent avant tout à sensibiliser et à monter ce qu’on fait sur le terrain. Mais c’est aussi un moyen de se faire des souvenirs", raconte William.
Comme tout voyage de cette ampleur, le leur est rythmé de hauts et de bas. Lorsque l’un d’eux tombe malade ou perd son passeport, c’est toute l’équipe qui s’arrête. "Il nous arrive beaucoup de galères. Mais il ne faut pas les prendre à cœur. Ce qui prime, c'est la relation entre nous et la santé. On déconstruit la notion de galère, on anticipe et on gère mieux. Et puis c’est pour ça qu’on a signé !" plaisante Hugo.
De nombreux projets personnels
Désormais aux deux tiers de leur périple, les aventuriers sont plus que reconnaissants de leur expérience et des rencontres qu’ils ont faites. Grâce à ce projet, ils ont pu échanger avec de grands PDG, des experts de l’eau et même l'ancien footballeur Blaise Matuidi, lui aussi ambassadeur de No Water, No Us. "On se dit que physiquement ça va être très dur, mais c’est surtout le côté humain qui compte. Aucun de nous n’avait expérimenté ça, rester 15 mois ensemble", raconte Pétronille.
Les cyclistes avec l'ancien footballeur Blaise Matuidi./ ©️Cycle for Water.
Une fois rentrés, ils se sépareront pour suivre leurs projets personnels : Pétronille aimerait travailler dans des institutions publiques sur le sujet de l’agriculture durable pour à terme reprendre la ferme de sa mère, William souhaiterait rejoindre une instance internationale comme l’ONU et continuer à aider les populations en difficulté, Hugo veut continuer à soutenir des actions et des jeunes dans le monde du sponsoring sportif et César voudrait travailler dans l’entrepreneuriat en lien avec la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et pourquoi pas relever un nouveau défi.
Mais ils comptent également garder leur casquette No Water, No Us en France pour de nouvelles actions. À commencer par recruter une nouvelle équipe pour prendre la suite de leur projet, mais cette fois en Afrique.