Témoignage

"Lettres perdues" : une étudiante propose d'envoyer des lettres pour briser la solitude

Les lettres, "on peut les relire, les conserver, c’est plus humain et il y a un vrai lien qui se créé", estime Lisa Machard, fondatrice de l'association Lettres perdues.
Les lettres, "on peut les relire, les conserver, c’est plus humain et il y a un vrai lien qui se créé", estime Lisa Machard, fondatrice de l'association Lettres perdues. © Photo fournie par le témoin
Par Lola Fourmy, publié le 24 février 2021
4 min

VOUS FAITES L’ACTU. Lisa Machard étudie la biologie à l’université du Mont Saint-Aignan de Rouen. Elle vient de lancer l’association "Lettres perdues". L’objectif est simple : échanger des lettres entre inconnus pour recréer du lien.

Lisa Machard, étudiante en deuxième année de licence de biologie à Rouen (76), a toujours eu un goût pour l’écriture. Enfant, elle entretenait une correspondance avec sa grand-mère : "Elle habitait loin, on s’envoyait au moins une lettre par semaine. Ça a permis de maintenir le lien" sourit la jeune femme. Alors quand la crise sanitaire du Covid-19 est venue frapper de plein fouet la population, et surtout les étudiants, Lisa a su que c’était le bon moment pour lancer son association Lettres perdues.
"Le principe c’est que les adhérents rédigent une lettre, l’envoient à l’adresse de la boîte postale avec un pseudonyme et moi je renvoie le courrier à un ou une autre adhérente. C’est anonyme pour assurer la sécurité et éviter que ça se transforme en site de rencontre", plaisante l’étudiante.

Un projet intergénérationnel

Lancée en décembre, l’association compte déjà une cinquantaine d’adhérents. Ouverte à tous, elle s’adresse aux étudiants mais pas seulement. Retraités, salariés, mères au foyer, ont aussi pris le stylo pour rédiger leurs lettres. "C’était important pour moi que ce soit intergénérationnel, que chacun puisse apprendre de l’expérience de l’autre", détaille la jeune femme. Des correspondants dispersés dans toute la France, du sud à l’Alsace, en passant, évidemment, par la Normandie.
"Je ne lis pas les lettres avant de les attribuer, c’est plutôt le fait du hasard. Contrairement aux réseaux sociaux, ça permet de se connaître sans se juger sur le physique. Ici on ne peut pas se dire : 'Je n’aime pas sa photo, je ne vais pas lui parler !' Et avec l’écriture, on rentre aussi dans l’intimité. Internet c’est éphémère alors que les lettres durent plus longtemps, on peut les relire, les conserver, c’est plus humain et il y a un vrai lien qui se créé", détaille Lisa Machard.

Briser le tabou de la solitude

Lisa Machard confirme ce ressenti : "J’ai reçu beaucoup de messages pour me remercier de cette initiative et pour avoir osé parler de solitude. C’est souvent un mot tabou, mais désormais, avec les cours en distanciel, le couvre-feu à 18h, on ne peut vraiment pas se rencontrer. J’ai la chance d’avoir pu conserver mon job étudiant, mais je vois mes notes dégringoler et les perspectives d’avenir sont nulles", explique-t-elle.
Alors pour casser l’ennui, sortir de "Netflix, dont on a fait le tour", Lisa écrit, elle aussi. Son correspondant s’appelle Alexandre. Il lui parle musique et poésie. "Il est de culture corse, ça me permet enfin de voyager", conclut, enthousiaste, l’étudiante. Et l’innovation a déjà séduit. Grâce aux dons, Lisa peut déjà louer la boite postale pour les trois prochaines années. Allez, à vos stylos !

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