Portrait

Clara Héraut, étudiante à Sciences Po Lille, publie un premier roman au sujet des violences sexuelles

Clara Héraut a remporté le prix Hachette "Nos futurs" avec son premier roman "Nos plus belles années".
Clara Héraut a remporté le prix Hachette "Nos futurs" avec son premier roman "Nos plus belles années". © Amélie Moral
Par Léa Fournier, publié le 18 juillet 2023
1 min

À 23 ans, Clara Héraut a remporté le prix du concours d'écriture "Nos Futurs" de la maison d’édition Hachette. Son roman, "Nos plus belles années", est en librairie depuis le 19 avril et évoque le sujet des violences sexistes et sexuelles.

Quand elle a appris qu’elle avait gagné le concours d’écriture Hachette sur le thème de l’engagement, "ça a été un peu étourdissant" pour Clara Héraut. "Je n’avais pas écrit pour être publiée mais j’avais ça un peu comme un rêve…", raconte l’étudiante à Sciences Po Lille

Utiliser les codes des romans pour adolescents pour évoquer les VSS

Clara Héraut est une grande lectrice, qui se nourrit de livres "Young Adult", des romans pour adolescents. "J’avais envie de reprendre les codes de ce genre de livres pour parler de la vie étudiante. Parce que souvent, les histoires parlent seulement des années de seconde, première et terminale", explique-t-elle.

Nos plus belles années raconte ainsi l’histoire de deux meilleures amies, Ambre et Jade, qui quittent Bordeaux pour venir étudier à Lille. Elles découvrent la vie étudiante. "Les thèmes du roman sont liés à ces années-là : la découverte de soi, le sentiment d’être perdu… Et puis aussi, le consentement, sa zone grise ; et donc le viol, qui est un des sujets clés du livre."

#SciencesPorcs comme inspiration

Pas de hasard dans le choix de cette thématique : Clara Héraut était en deuxième année d’études à Sciences Po Lille lorsque le #SciencesPorcs est apparu. "Moi, je suis une jeune femme qui est arrivée à la fin de son adolescence au moment de #BalanceTonPorc et #MeToo. Et au début de mes études, il y a eu #SciencesPorcs."

Pendant l’année scolaire 2020-2021, des centaines de témoignages avaient inondé les réseaux sociaux pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles subies par les étudiantes des Instituts d’études politiques (IEP). Les témoignages touchaient tous les IEP : Bordeaux, Paris, Aix-en-Provence, Lille, Saint-Germain-en-Laye, Toulouse, Lyon, Grenoble, Strasbourg et Rennes.

C’est cette libération de la parole qui a inspiré Clara. "Le consentement, c’est quelque chose dont on a parlé à un moment où ça commençait à me toucher en tant que jeune femme", explique l’autrice.

Sensibiliser autour du consentement

"Je voulais parler de deux amies qui entraient dans la vie étudiante et ça m’a paru hyper important de parler de consentement, raconte-t-elle. Car quand dans ton école tu as ce genre de mouvement, ça te marque."

Dans son livre, on trouve ainsi une scène de viol. L’agresseur, Léo, n’est pas directement inspiré d’une personne réelle en particulier. Mais il représente "la figure de ces mecs qui n’ont pas le 'profil du violeur' et qui, pourtant, sont ceux que l’on croise le plus".

Clara Héraut estime qu’il est important de parler de consentement dans les romans ados et "Young Adult". Pour elle, cette notion n’est pas assez abordée. "Et le sujet du viol est évoqué avec peu de nuances", explique-t-elle.

À ses yeux, les personnages de ces romans sont souvent manichéens : "ça donne l’impression qu’un violeur est une personne que tu vas identifier tout de suite comme tel. Ces personnages n’ont aucun autre trait de personnalité que d’être des agresseurs." En apportant de la nuance au profil type du 'méchant', elle souhaitait sensibiliser son public.

Clara Héraut se réjouit ainsi des retours que lui ont fait ses lectrices : "Je trouve ça beau et fort quand une jeune femme vient me dire 'merci d’avoir écrit ce livre'. Des lectrices plus âgées me disent que ça leur a fait s’interroger sur le consentement." Une victoire pour la jeune autrice, dont le prochain livre, L’effet boule de neige, sortira en octobre chez Hachette Romans.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !