Reportage

Harcèlement scolaire : de jeunes ambassadeurs racontent leur rôle à Pap Ndiaye et Brigitte Macron

Brigitte Macron et le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, en compagnie de jeunes ambassadeurs de la lutte contre le harcèlement scolaire.
Brigitte Macron et le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, en compagnie de jeunes ambassadeurs de la lutte contre le harcèlement scolaire. © Marine Ilario
Par Marine Ilario, publié le 10 novembre 2022
6 min

À l’occasion de la journée de lutte contre le harcèlement scolaire ce jeudi 10 novembre, des collégiens et lycéens engagés dans la lutte contre ce fléau ont été conviés, la veille, à participer à un débat avec le ministre de l’Éducation nationale et la compagne du chef de l'État.

Ambassadeurs, sentinelles et même "lanceurs d’alerte", selon les mots du ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye. Par ces terminaisons, comprenez de jeunes collégiens et lycéens engagés dans leur établissement scolaire pour aider à lutter contre le harcèlement scolaire.

Ces ambassadeurs ont été formés depuis l’expérimentation du programme pHARe, plan de prévention du harcèlement du ministère de l’Éducation nationale qui, depuis la rentrée 2022 est généralisé à l’ensemble des académies.

Ce mercredi 9 novembre, veille de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, une dizaine d’ambassadeurs étaient invités à participer à un débat sur ce sujet avec Brigitte Macron et le ministre de l'Éducation national, Pap Ndiaye, dans les locaux du ministère. Au programme : témoignages, retour d’expérience et échanges d’idées.

"On reconnaît les personnes harcelées par leur regard"

"On a les yeux partout." Voilà comment Le’o, élève en terminale, repère les élèves harcelés dans son lycée. Elle fait partie d’un groupe d’ambassadeurs qui mènent des actions pour lutter contre le harcèlement scolaire : création d’une charte, réalisation de courts métrages…

Dans ce même groupe, Kiméra est aussi vigilante au quotidien. Selon elle, il n’est pas si compliqué de repérer une situation de harcèlement. "Certains ne mesurent pas la portée de leur action et on assiste parfois en direct à du harcèlement."

"On reconnaît une personne harcelée par son regard, surtout quand cela fait plusieurs jours que l’on voit cette même personne seule, avec l’air triste. On comprend rapidement qu’il s’agit probablement de harcèlement", explique Lydia, élève en 3e.

Inciter les victimes à parler

Souvent, les victimes minimisent les faits qu’elles subissent, si bien qu’elles n’en parlent pas. Des victimes silencieuses qu’il faut inciter à parler, car comme le rappelle justement Mael, élève en 3e : "Il n’y a pas de ‘petit’ harcèlement."

Et surtout, il n’y a pas de raison valable au harcèlement. Les harceleurs chercheront toujours une raison pour intimider. "Tu n’as pas à être harcelé parce que tu n’as pas les bonnes chaussures ou la bonne coupe de cheveux. Ce n’est pas ta faute !" rappelle avec force Sixtine, collégienne en 4e.

Les ambassadeurs sont un premier contact. Tels des "lanceurs d’alerte", ils font le relais entre les victimes de harcèlement et les référents dans les établissements scolaires.

Ambassadeurs et anciennes victimes

Ces jeunes ambassadeurs savent de quoi ils parlent : ils ont eux-mêmes été victimes ou témoins de harcèlement. Sixtine a assisté au harcèlement de son petit frère, en CE2, "à cause d'un grain de beauté". "Cette situation lui a fait perdre confiance en lui", raconte-t-elle.

Lydia et Henry ont subi personnellement des faits de harcèlement en primaire et au collège. Aujourd’hui en classe de 4e, ce dernier se désole du laxisme de certains établissements et en appelle au ministre de l’Éducation nationale pour mettre fin à ces manquements.

Des propositions pour améliorer la lutte contre le harcèlement scolaire

Cette trop grande indulgence complexifie le rôle des ambassadeurs qui ressentent parfois les limites de leur mission. Pour autant, hors de question pour eux de porter toute la responsabilité de la lutte contre le harcèlement. "Ce n’est pas notre rôle en tant qu’élève de mettre fin au harcèlement. Nous sommes là pour aider, mais cette responsabilité doit revenir à la direction des établissements", martèle Henry.

"Nous allons former les enseignants et les ambassadeurs, car nous savons aujourd’hui que c’est une réponse efficace au harcèlement à l’école", indique Pap Ndiaye, qui annonce la généralisation du programme pHARe.

Les ambassadeurs présents au débat ont proposé quelques pistes d’actions à mener en parallèle : élargissement d'une charte "Non au harcèlement" dans tous les établissements scolaires, création d'une application de parrainage entre élèves avec la possibilité de témoigner anonymement, sensibiliser au harcèlement dès le plus jeune âge...

Accompagner les harceleurs

Les jeunes ambassadeurs ont aussi eu un mot pour les harceleurs. Loin de les incriminer, ils ont tenu à rappeler que ces élèves ont aussi besoin d’accompagnement. Lydia a même pris la défense de celle qui lui a fait du mal, lors de son conseil de discipline. "Je sais qu’elle a une histoire personnelle compliquée. J’ai eu envie d’être solidaire, de la soutenir malgré tout parce que pour moi, c’est important qu’elle se sente aimée."

Une maturité qui a impressionné Brigitte Macron. "Vous abordez le problème avec beaucoup de sagesse et c’est grâce à vos actions que l’on fait avancer les choses." Et Pap Ndiaye de conclure : "Votre engagement est essentiel pour nous. Je suis impressionné et admiratif de la manière dont vous concevez votre rôle et du courage dont vous faites preuve".

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