Reportage

"Je n’ai aucune expérience" : des psy-EN luttent contre l’autocensure des lycéens sur Parcoursup

Les élèves de STMG lors de l'atelier d’identification et valorisation des compétences.
Les élèves de STMG lors de l'atelier d’identification et valorisation des compétences. © Marine Ilario
Par Marine Ilario, publié le 09 février 2024
1 min

Dans un lycée du XVe arrondissement de Paris, difficile pour les lycéens STMG de trouver des compétences à mettre en avant dans leur dossier de candidature sur Parcoursup. Un atelier encadré par des psy EN essaye de faire tomber les barrières et de leur redonner confiance en eux.

Ils ne sont que six élèves de terminale STMG en classe ce mercredi 31 janvier au matin au lycée Louis Armand dans le XVe arrondissement de Paris (75). Et pour cause, ils ne vont pas participer à un cours "classique". Accompagnés de trois psy-EN (psychologues de l’Éducation nationale), les élèves doivent réfléchir aux compétences qu’ils possèdent pour les mettre en avant dans leur dossier Parcoursup. Un exercice complexe pour ces lycéens, souvent en proie à la dévalorisation de soi et à l’autocensure.

Pour les aider, Laurent Li, psy-EN au sein du lycée et Anne Gascher et Mathilde Malgrange, psys-EN au CIO Ouest, proposent des ateliers d’identification et de valorisation des compétences.

Trouver des compétences dans ses activités du quotidien

"Votre sœur est appelée pour une urgence et vous demande de garder son enfant de deux ans. Quelles connaissances, savoir-faire et savoir-être allez-vous devoir mobiliser ?" Le premier exercice est lancé.

Et les premières moues apparaissent sur les visages. "Pour moi, il n’y a pas besoin de 'savoirs' mais plutôt de 'savoir-être' comme le calme ou la patience" affirme Mathieu. Pour son camarade Mihai, "changer une couche ou faire un biberon, c'est naturel, pas besoin de 'savoir-faire', au pire, on lit les notices si on ne sait pas faire !"

"Ne jugez pas le sujet qui vous semble facile, prévient Mathilde Malgrange, mais demandez-vous quelles connaissances théoriques, vous pouvez mobiliser dans cette situation". Mariane, qui garde souvent son petit frère, tente une proposition. "Si on a le Bafa ou un diplôme de secours, ça peut être utile." Djouma, qui est justement en train de passer son Bafa abonde dans son sens. "Il y a des savoirs à connaître en termes de sécurité ou sur l’alimentation."

Lors de l'atelier, les élèves ont été amenés à raconter une expérience marquante afin d'identifier les compétences qu'ils ont acquises.
Lors de l'atelier, les élèves ont été amenés à raconter une expérience marquante afin d'identifier les compétences qu'ils ont acquises. © Marine Ilario

Des compétences pour se démarquer sur Parcoursup

Avec les réflexions menées en groupe, les lycéens prennent conscience que certaines actions de leur quotidien font appel à des compétences spécifiques. Et surtout, "des compétences transférables dans vos études, mais aussi sur Parcoursup", indique Anne Gascher. "Si vous avez organisé un événement familial, ou fait du babysitting, vous avez développé un sens de la responsabilité et de l’organisation que vous pouvez valoriser."

Un travail de réflexion nécessaire au moment de la constitution des dossiers sur Parcoursup. "Dites-vous que vous n’êtes pas qu’un bulletin, vous êtes une personne. Sur Parcoursup, vous devez aussi montrer qui vous êtes en dehors de l’école", conseille Mathilde Malgrange.

Des éléments importants "pour apporter de la personnalité dans vos lettres de motivation" abonde Laurent Li qui reconnaît que les lycéens ont souvent "du mal à valoriser leurs compétences et notamment ce qu’ils font en dehors de l’école. C’est une gymnastique à faire. Plus tôt on les initie à cette réflexion, plus c’est facile pour eux de se mettre en valeur".

Retirer des compétences de ses expériences professionnelles

Après une première mise en situation "fictive", les lycéens sont invités à réfléchir sur les compétences qu’ils ont pu acquérir dans le cadre d’une expérience qu’ils ont vécue. "Mais je n’ai aucune d’expérience !" s'exclament certains. Deux élèves ne trouvent pas de moments marquants à explorer. Avec l’aide de leurs camarades, ils décident finalement de se focaliser sur le stage d’observation effectué en 1re.

Très rapidement, Mihai arrive à identifier des "soft skills" (compétences relationnelles et comportementales, NDLR) acquises pendant son stage. "J’ai appris à être patient, organisé et à communiquer." Mais il explique aussi avoir travaillé avec son père, avec qui il a appris "à faire des devis et des factures et à analyser des contrats". L'atelier lui est donc très utile car "maintenant, j'arrive à identifier mes compétences".

Apprendre à ne pas se dévaloriser

"Moi, j'ai fait un stage, mais ce n’est pas très intéressant", raconte timidement Mariane avant d’être interrompue par Mathilde Malgrange. "Non, ne commencez pas comme ça. Rappelez-vous : on se valorise !"

Au fil des échanges, Mariane arrive à trouver des points positifs à son stage dans un hôtel, qu’elle n’a pourtant pas beaucoup apprécié. "J’ai été patiente, j’ai appris à gérer les demandes des clients en restant polie et souriante."

Considérer que l'on ne sait rien faire, que l'on n'a rien appris relève de mécanismes de défense. Une situation que constate régulièrement Anne Gascher pendant les ateliers. "Souvent, ils ont du mal à trouver une expérience positive alors qu’il faut toujours se dire que, quelle que soit l’expérience, j'ai forcément appris quelque chose. Et se forcer à avoir cette réflexion dès maintenant, leur servira tout au long de leur vie".

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