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Décryptage

Retour des maths au lycée : est-ce suffisant pour les études supérieures ?

Pour optimiser vos chances de réussite dans le supérieur, mieux vaut faire des mathématiques jusqu'à la fin de la terminale.
Pour optimiser vos chances de réussite dans le supérieur, mieux vaut faire des mathématiques jusqu'à la fin de la terminale. © Adobe Stock/Robert Kneschke
Par Marine Ilario, mis à jour le 22 septembre 2023
6 min

Écoles de commerce, d’ingénieurs, licences d’économie, PASS, L.AS… L’ajout d’ 1h30 de mathématiques dans le tronc commun en 1re ne suffira pas toujours pour s'orienter dans ces filières. Explications.

Si le retour des maths dans le tronc commun en classe de 1re a engendré de nombreuses réactions d’enseignants de lycées, dans l’enseignement supérieur, on salue ce retour.

"Les maths sont importantes parce qu’elles apportent un raisonnement et une logique appréciés dans beaucoup de filières", explique Violaine Aubert, professeur de mathématiques en classe prépa ECG (économique et commerciale générale).

En licence d’économie, école de commerce ou d’ingénieurs, prépa scientifique ou économique, études de santé... les maths sont incontournables. Mais dans chacune de ces formations, elles n’ont pas le même poids. Alors, dans quelle mesure le retour des maths dans le tronc commun peut suffire à les intégrer ?

1 h 30 de maths, un bon début mais pas suffisant

Le programme de l'heure et demie de mathématiques dans le tronc commun de 1re ne semble pas suffisante pour intégrer les concepts de base permettant ensuite de suivre l'option maths complémentaires en terminale.

Denis Choimet, président de l’UPS (union des professeurs de classes préparatoires scientifiques), le rappelle. "En maths, le temps d’enseignement est capital. Il y a une dimension technique qui nécessite un entraînement long et répétitif pour acquérir les bases".

Incertitudes autour de l'option maths complémentaires

L'important pour de nombreuses filières du supérieur, c’est de faire des mathématiques jusqu'à la fin de la terminale. Ce qui est désormais possible pour tout lycéen général : après avoir suivi les cours du tronc commun en 1re, l’option maths complémentaires est ouverte en terminale.

Mais cela soulève une crainte concernant le niveau des élèves. Car l'option maths complémentaires accueillera à la fois des élèves ayant suivi la spécialité maths en 1re et ceux n'ayant fait qu'une 1 h 30 de tronc commun. Ce qui va nécessairement engendrer des inégalités de niveau.

"Ils vont se retrouver avec ceux qui auront suivi 4h de maths hebdomadaires et qui seront donc plus avancés", confirme Jane Rasmussen, professeure de sciences sociales en prépa B/L au lycée Lakanal à Sceaux (92) et vice-présidente de l’APPLS (l'association des professeurs de première et de lettres supérieures).

En santé, la spécialité maths pas obligatoire

Par exemple, pour intégrer des études de santé, vous n’êtes pas obligé de choisir la spécialité maths. Malgré tout, suivre un enseignement en mathématiques jusqu'au bac est un plus, à travers l'option maths complémentaires.

Les lycéens n'ayant suivi que les maths du tronc commun en 1re devront alors s'assurer de pouvoir suivre en maths complémentaires l'année suivante. Au risque de ne pas avoir les acquis pour s'épanouir dans l'option et de se décourager pendant l'année, réduisant ainsi leurs chances de réussir en études de santé.

Pour l'économie, faire des maths jusqu'au bac

Même topo pour les licences d’économie. Le poids des maths y est important, mais pas au point de rendre la spécialité obligatoire en terminale. En revanche, "prendre l’option maths complémentaires est intéressant, car dans le programme, on retrouve beaucoup de probabilités et de statistiques, ce qui correspond à nos attendus", explique Sébastien Courtin, responsable de la licence économie et gestion de l’université de Caen (14).

Dérivations, fonctions logarithmes et exponentielles, probabilités, statistiques… Autant de notions que vous devez maîtriser pour suivre en licence, et qui sont présentes dans l'option maths complémentaires. Mais là encore, le programme de maths dans le tronc commun ne semble pas permettre de suivre correctement l'option.

L’APMEP (l'association des professeurs de mathématiques de l'enseignement public) a pointé les manques dans le programme du tronc commun. "Sur la dérivation par exemple, il manque la dérivation d’un quotient. En probabilités, on ne fait pas de probabilités conditionnelles ou encore les fonctions du second degré", illustre Stéphanie Doret, responsable de la commission lycée à l’APMEP.

Pour intégrer une école de commerce, "il n’y a pas d’obligations, mais si vous détestez les maths, ça va être compliqué", souligne Céline Verdrière, directrice du recrutement et des concours de l’Ieseg. L’option maths complémentaires est une alternative envisageable.

Sans oublier que "pour l’épreuve de maths du concours Accès (concours d’entrée dans trois écoles de commerce postbac, NDLR), le programme comporte surtout des questions du programme de maths complémentaires".

Le tronc commun de maths insuffisant pour faire des sciences

Autant le dire tout de suite, les cours de maths du tronc commun ne suffiront pas pour intégrer une classe prépa ou une école d’ingénieurs. "Dans des prépas scientifiques comme MPSI, PSI… il y a 10 heures de maths !" rappelle Denis Choimet, qui précise tout de même que les dossiers sont examinés "au cas par cas".

Pour les formations scientifiques, la spécialité maths en 1re et en terminale est donc fortement conseillée. Tout comme en prépa ECG où "l’option maths complémentaires n’est pas suffisante, surtout si on souhaite intégrer la filière maths approfondies", selon Violaine Aubert.

Concernant les classes prépa littéraires, sachez qu'en prépa B/L (la filière lettres et sciences sociales), vous ferez "entre cinq à six heures de maths par semaine avec un programme exigeant qui les appliquent aux sciences sociales" explique Jane Rasmussen. Si la spécialité maths est à privilégier, ces prépas recrutent aussi les élèves qui ont suivi l'option "maths complémentaires".

"En revanche pour intégrer une prépa A/L (la filière lettres classiques) "l'heure et demie de maths du tronc commun de 1re est suffisant" précise Jane Rasmussen.

Enfin, en prépa BCPST, l'idéal est de conserver toutes les matières scientifiques en terminale. Puisque vous ne pouvez conserver que deux spécialités, l'idéal est de suivre les spécialités physique-chimie et SVT et de suivre l'option maths complémentaires.

Alors maths du tronc commun, option maths complémentaires ou spécialité maths ? Quoi qu’il en soit, et quelle que soit la formation que vous souhaitez intégrer après le bac, pour connaître leurs attendus, rendez-vous sur Parcoursup ou prenez contact directement avec les établissements.

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