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Retour des maths obligatoires au lycée : pourquoi la décision fait réagir ?

Les élèves de première générale qui ne choisissent pas la spécialité maths suivront 1 h 30 de mathématiques en plus dans le cadre de l'enseignement scientifique du tronc commun.
Les élèves de première générale qui ne choisissent pas la spécialité maths suivront 1 h 30 de mathématiques en plus dans le cadre de l'enseignement scientifique du tronc commun. © Adobe Stock/Robert Kneschke
Par Marine Ilario, publié le 14 novembre 2022
6 min

Alors qu'elle était espérée, l’annonce du ministre de l’Éducation nationale de rendre obligatoire l’enseignement des mathématiques dans le tronc commun de première générale n'est pas bien accueillie. La formule proposée ne convainc pas les enseignants.

"C’est le retour de l’enseignement des mathématiques pour l’ensemble des lycéens." Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, a annoncé, dimanche 13 novembre, le retour de l’enseignement des mathématiques en première générale, de manière obligatoire, dès la rentrée 2023. Une décision qui était attendue, tant le feuilleton sur le retour des maths au lycée général a été émaillé de rebondissements.

Concrètement, les élèves de première générale qui ne choisissent pas la spécialité maths suivront 1 h 30 de mathématiques en plus dans le cadre de l'enseignement scientifique du tronc commun.

Les syndicats inquiets

Alors que le retour des maths était demandé depuis longtemps par la communauté éducative, le dispositif proposé par le ministère ne l'a pas convaincue. De nombreuses organisations syndicales ont réagi à l’annonce du ministre pour s'inquiéter de ses effets.

Puisqu'elle n'est imposée qu'aux élèves ne suivant pas la spécialité maths, "on craint que cette heure et demie soit vécue comme une punition", dénonce Jérôme Fournier, secrétaire national Éducation du SE-Unsa (Syndicat des Enseignants de l’Unsa). On se retrouve à imposer aux élèves 1 h 30 de mathématiques en plus alors qu’ils ont fait le choix de ne plus suivre cette matière. On s’interroge sur la manière dont les élèves vont vivre cette décision."

Risque de différences de niveaux

Des voix s’élèvent également pour alerter sur le risque de disparité des niveaux en terminale, notamment pour les élèves qui choisissent l’option mathématiques complémentaires, ouverte à tous.

Cela signifie que l'"on va retrouver dans cette option des élèves qui ont suivi 1 h 30 de maths dans le tronc commun et ceux qui ont suivi 4 heures de maths dans le cadre de leur enseignement de spécialité, constate Sébastien Vieille, secrétaire national du Snalc (syndicat national des lycées et des collèges). Il va forcément y avoir un écart de niveau avec le risque de mise en difficulté des uns et le risque d’ennui des autres."

Plus de maths oui, mais pour tous les élèves

"On ne remet pas en cause la volonté de remettre des mathématiques dans le tronc commun, mais plutôt la façon de le faire", explique Mélanie Guenais, coordinatrice du collectif Maths & Sciences qui souhaite que l’ensemble des élèves puissent suivre des mathématiques dans le tronc commun. "Au même titre que le français, mais l’idée serait d’adapter les cours aux niveaux des élèves".

Le SE-Unsa approuve le retour des mathématiques obligatoires dans le tronc commun pour tous les élèves, qu’ils choisissent ou non la spécialité. Avec néanmoins l’idée "d’aborder cette matière de manière plus pratique afin de raccrocher les élèves en difficulté et d’apporter une autre vision des maths pour les élèves qui suivent l’enseignement de spécialité", explique Jérôme Fournier.

Intégrer les mathématiques dans le tronc commun pour tous les élèves pourrait aussi permettre de libérer les choix de spécialités. Comme l’explique Mélanie Guenais, "en ne s’imposant plus de prendre les mathématiques en enseignement de spécialité, les élèves pourraient combiner une autre spécialité scientifique avec des spécialités non-scientifiques qui les intéressent comme la SES, mais aussi les arts… "

Faire face à la baisse générale du niveau en maths

Cette décision s’inscrit dans un plan global pour faire face à la baisse du niveau des élèves en mathématiques. Selon le ministère, 25% des élèves n’ont pas le niveau attendu à l’issue de la classe de 3e.

Dans ce plan, plusieurs actions devraient se mettre en place dès la primaire et au collège avec, par exemple, la création de groupes en 6e en mathématiques "pour soutenir les élèves qui en auraient besoin (et) stimuler les élèves les plus avancés", précise le ministère dans un communiqué.

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