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Comment je suis devenue Nathalie Garçon

publié le 07 novembre 2007
5 min

En 1989, la styliste Nathalie Garçon lançait sa marque de prêt-à-porter. Aujourd’hui reconnue dans le milieu de la mode, la créatrice se souvient de ses débuts difficiles et des obstacles qu’elle a dû surmonter pour monter ses premières collections.

 

Quels ont été vos premiers émois vestimentaires ?

Mon grand-père était propriétaire d’un grand hôtel à Cannes. Toute la journée, je voyais défiler des femmes d’une élégance inouïe. Durant le Festival, certaines portaient des robes d’une grande excentricité et cela me plaisait. J’ai très vite compris l’importance des vêtements dans la vie sociale, qu’ils étaient un mode d’expression  immédiat, révélateur de notre personnalité.

Quelles études avez-vous suivies ?

Après le lycée, j’ai quitté Cannes pour Paris. J’aimais dessiner et j’étais plutôt attirée par les matières artistiques. J’ai donc commencé par suivre une année de prépa aux Arts déco, puis j’ai intégré les Beaux-Arts. J’ai ensuite rebasculé sur une école de modélisme qui n’existe plus aujourd’hui, pour enfin atterrir au Studio Berçot.

Vous y rencontrez la photographe Sarah Moon…

À l’époque, elle travaillait pour les campagnes de Cacharel. Grâce à elle, j’ai fait mes premiers pas dans le milieu de la mode, au sein de cette grande maison, en tant que stagiaire. J’avais 21 ans. Je me suis investie entièrement durant ce stage : plus on m’en donnait, et plus je prenais. On m’a très vite proposé un poste d’assistante. Durant quatre ans, j’ai appris le métier avec des gens comme Agnès B. J’ai ensuite travaillé pour de nombreuses maisons de couture, dont Guy Laroche, Rodier…, puis j’ai voulu prendre mon indépendance.

Vos débuts ont-ils été difficiles ?

J’ai commencé avec 20 000 francs [soit environ 3 000 euros, NDLR], de quoi fabriquer 200 pièces. Mes vêtements sous le bras, j’ai démarché Victoire [une marque de vêtements, NDLR] et les Galeries Lafayette. Ma collection a été retenue, et ma marque, Nathalie Garçon, a vu le jour en 1989. Durant dix ans, j’ai développé ma société, non sans rencontrer de nombreuses galères avec les banques, qui soutiennent difficilement les jeunes créateurs. Chaque collection représentait une vraie prise de risques.

Des actrices vous ont soutenue…

J’ai beaucoup d’affection pour toutes les actrices qui m’ont toujours encouragée à continuer, dont Mathilde Seigner, Isabelle Adjani… Je leur dois beaucoup.

En 1999, vous vous associez au groupe de mode français Garella…

Je ne faisais plus que du commercial, je me battais avec les banques. J’ai rencontré de nombreux financiers et industriels qui ne m’ont pas convaincue. Jean-Brice Garella a été le seul à vouloir que je garde mon nom. Grâce à lui, je dispose de nombreux points de vente en France, mais aussi à l’étranger.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Dans les voyages, les photos, les archives et, bien sûr, dans les tissus précieux. Je fais ma cuisine avec tout ça. C’est une histoire de mélanges.

Comment définir votre style ?

Ethnique chic et haut en couleur. J’habille plutôt des femmes qui viennent chercher un vêtement d’émotion, pour lequel elles ont un coup de foudre. Ce sont aussi généralement des femmes qui ont une forme de douceur, surtout pas des gagneuses, des guerrières. Mes collections sont d’une extrême féminité et mettent en valeur la silhouette et les décolletés généreux.

Vous n’avez jamais cédé aux diktats des magazines de mode…

J’encourage vivement les femmes à assumer ce qu’elles sont. J’ai d’ailleurs arrêté les défilés sur les podiums parce que ce mode de présentation ne me convenait plus. On y croisait trop de mannequins anorexiques.


BIO express

1980 : elle commence un stage chez Cacharel.
1989 : elle lance sa marque Nathalie Garçon.
2001 : elle inaugure sa première boutique galerie Vivienne.
2005 : elle signe sa première collection de linge de maison.
2007 : elle signe une ligne d’accessoires de vin pour Vouvray.


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