Portrait

Elle a réalisé un documentaire sur des écoles où les enfants sont heureux d'aller

Judith Grumbach, 29 ans, a réalisé un film co-produit par Ashoka.
Judith Grumbach, 29 ans, a réalisé un film coproduit par Ashoka. © Photo fournie par le témoin
Par Isabelle Maradan, publié le 23 juin 2015
1 min

LES JEUNES ONT DE L'AVENIR ! Judith Grumbach a grandi sur les plateaux photos et s'est découvert, il y a 5 ans, une appétence pour l'image animée après un détour par le Web marketing. À 29 ans, elle vient de réaliser un film sur l'école et a l'intention de continuer à s'interroger et à poser son regard sur l'éducation, sujet crucial à ses yeux. Rencontre.

“Et si nos enfants grandissaient autrement ?” C'est par cette question que commence "Ensemble, redessinons l'éducation", un documentaire de 30 minutes sur l'école, précisément 4 écoles, et pas n'importe lesquelles. Des écoles où "les enfants peuvent arriver en courant le matin et être désespérés le jour où ils sont malades. Et il n'y a aucune raison qu'on ne puisse pas retrouver ça jusqu'en terminale", résume Véronique de Tilly, directrice de la Maison de l'enfant, école maternelle de Boulogne-Billancourt (92), dans les premières minutes du documentaire.

Judith Grumbach, 29 ans, a réalisé ce film coproduit par Ashoka (premier réseau mondial d'entrepreneurs sociaux réunissant près de 3.000 femmes et hommes dans 80 pays). Avec le chef opérateur Simon Viguié, 24 ans, rencontré chez Vidéaux, elle a tourné à Boulogne-Billancourt, Paris XIXe, La Roche-sur-Grane (26) et Bar-le-Régulier (21), dans des écoles dans lesquelles on travaille sur l'épanouissement et la coopération des enfants.

Simple comme un coup de fil

C'est un coup de fil de l'association qui a tout déclenché. Ashoka cherchait quelqu'un pour réaliser une vidéo sur chacune des écoles retenues. Pendant le tournage, Judith prend conscience qu'il y a des points communs entre ces établissements. Elle décide de faire un documentaire de 30 minutes plutôt que 4 petits films.

Au moment où Judith reçoit ce coup de téléphone, elle est sous le choc de l'attentat de “Charlie Hebdo” et de la tuerie de l'Hyper Casher à Vincennes. "Quand j'ai entendu que la minute de silence n'avait pas été possible dans certains établissements, j'ai compris que les questions d'éducation étaient cruciales, que tout partait de là, parce que c'est à 3 ans que l'on apprend à vivre ensemble. On a abandonné des territoires entiers", se désole la jeune femme. Cette prise de conscience croise la proposition d'Ashoka.

De la production photo à la vidéo

Début 2013, l'envie de ne faire que filmer s'est affirmée chez Judith, qui a monté sa boîte de production après avoir appris le b.a.-ba du tournage avec une copine et commencé à travailler pour une start-up qui avait besoin de vidéos. Elle collabore alors en parallèle à la production photo du magazine Égoïste, où elle tourne dès qu'elle a 5 minutes, bien décidée à raconter l'histoire de cet Ovni de la presse à la parution "spasmodique" créé par sa mère.

Depuis toute petite, la réalisatrice a grandi au milieu des belles images. Après son bac L, elle est partie à Londres pour un stage d'assistante photo de 10 jours, "comme les fils de médecins font médecine". Dans la capitale anglaise, elle a finalement passé 5 ans, au Web marketing de L'Oréal après un entretien "par piston". C'était "le meilleur endroit pour grandir, parce que le job changeait tous les 2 mois", estime-t-elle.

"Geek à la base", elle considère cette expérience "auprès d'un manager formidable" comme sa formation, tout en reconnaissant qu'elle a toujours eu "l'impression d'être un espion infiltré" dans cette entreprise. À l'été 2010, l'espion est rentré au bercail avec son projet de film sur “Égoïste”.

Toute une scolarité bouche fermée

Depuis 2014, elle a lâché son job à la production photo du magazine pour se consacrer entièrement aux tournages. La réalisation lui permet de concilier son "amour pour les belles images" et sa passion pour "les rencontres et les histoires". Celles qu'elle a pu faire en tournant "Ensemble, redessinons l'éducation" l'ont profondément marquée.

"Si j'étais allée dans une école comme ça, j'aurais sans doute plus vite trouvé mon chemin", juge même la réalisatrice, qui déplore que toutes les écoles ne soient pas comme celles qu'elle a visitées. De sa scolarité à l'École alsacienne, elle garde le souvenir d'une école "ouverte sur le monde malgré l'entre-soi social", mais s'étonne encore que personne ne se soit soucié qu'elle puisse traverser toute une scolarité "sans jamais ouvrir la bouche".

Aujourd'hui, Judith prend la parole en diffusant celle des autres. La réalisatrice espère que son film soit inspirant et mûrit déjà 3 autres projets de films sur l'éducation.

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