Portrait

En matière de plumes, Maxime Leroy est un oiseau rare

Lion, robe, mousse et champignon... Maxime Leroy peut créer tout un monde avec ses plumes.
Lion, robe, mousse et champignon... Maxime Leroy peut créer tout un monde avec ses plumes. © Delphine Dauvergne
Par Delphine Dauvergne, publié le 27 mars 2017
1 min

IL VA FAIRE LA UNE. À 27 ans, Maxime Leroy est récompensé pour l’ensemble de son travail novateur de plumassier en recevant le Prix de la jeune création 2017. L'artiste, "petite main" pour Jean-Paul Gaultier, apprécie aussi les collaborations plus incongrues.

Maxime Leroy a toujours aimé les arts. "Jeune, je faisais beaucoup de danse, de dessin... Il était donc naturel pour moi, après mon bac L obtenu en 2008, de m'orienter vers une MANAA (mise à niveau en arts appliqués)", raconte-t-il. Le jeune homme de 27 ans s'inscrit alors au lycée Le Paraclet, à Quimper (29). Après cette remise à niveau artistique, qui lui fait découvrir différents métiers (décorateur, designer...) et de multiples matières, il décide de s'orienter vers un CAP en un an en plumasserie au lycée Octave-Feuillet, à Paris. "J'aime la plume, car c'est une matière qui peut être réinventée en permanence. Elle peut être douce, raide, ou même coupante. Elle me fascine", confie-t-il.

En 2010, Maxime poursuit ses études par un BTS industrie matériaux cuir chaussures au lycée parisien d'Alembert (aujourd'hui BTS métiers de la mode - chaussure et maroquinerie). "Je voulais ajouter des cordes à mon arc et travailler avec d'autres matières, mais j'ai tout de même choisi de continuer ma spécialisation dans la plume", explique-t-il.

La plume dans tous ses états

Après son CAP, et avant de poursuivre dans le supérieur, Maxime enchaîne déjà les expériences professionnelles. Il confectionne les coiffes des Indiens du film "Sur la piste du Marsupilami", travaille pour l'éventailliste Anne Hoguet ou encore pour Jean-Paul Gaultier, qui continue de le solliciter régulièrement. "J'ai eu de la chance que les professionnels me fassent confiance très vite", reconnaît Maxime.

Pour ne plus vivre au milieu des plumes dans son appartement, il ouvre un atelier, M. Marceau, dans le 1er arrondissement de Paris. Ce qui laisse le champ libre à ses créations. "Cela me permet à chaque fois de découvrir de nouveaux univers. J'aime surprendre, créer de l'inattendu à partir de mes plumes. Je confectionne en ce moment de la mousse et des champignons pour des cubes qui seront exposés au concept-store Empreintes." Maxime refuse d'être cantonné à un domaine.

Plumassier : "un noblisseur de matière"

Passionné de graphisme et de design, le plumassier essaie d'adapter sa matière de prédilection à tous les secteurs. Il a signé sa première collaboration avec la marque Ludwig&Dominique. Des ébénistes lui ont commandé des lampes où il fallait révéler la laque avec les plumes en transparence. Il a également créé des vélos en plumes pour Keim éditions, ou encore exposé une moto à plumes en mars 2016, au Palais de Tokyo. Maxime est aussi cofondateur de la maison de luxe Sacco-Baret, qui crée des pièces de maroquinerie.

Lire aussi : Céline, 26 ans : "Comment je suis devenue plumassière"

Pour Maxime, plumassier est un métier d'artisan, "un noblisseur de matière". Il lui tient à cœur de travailler uniquement avec des plumes tombées. "Au printemps, je me promène sur des bords de lacs ou en forêt pour en récolter au moment de la mue des oiseaux. Sinon, j'en achète à des revendeurs fiables. Les plumes de certaines espèces protégées peuvent me coûter très cher", reconnaît-il.

Lorsqu'il commence à travailler sur un projet, la première étape est de "discuter, palper l'univers souhaité". Pour réaliser une tête de lion en plumes, il a étudié un spécimen empaillé dans un musée. "J'ai vu qu'il y avait plusieurs nuances dans la densité des poils, j'ai donc cherché à recréer cet effet. Je suis parti de plumes normales, que j'ai triées, teintes, puis brûlées avec des produits chimiques pour faire varier cette densité", décrit Maxime.

Enseigner pour garder les pieds sur terre

Diplômé de son BTS, Maxime a été démarché par son ancienne formation de CAP plumasserie pour enseigner aux élèves. Peu convaincu au début, il commence par y consacrer quatre heures par semaine, mais passe ensuite à 18 heures hebdomadaires. "C'est important pour un artisan. Cela permet de garder les pieds sur terre et de voir les évolutions du métier. Former des nouvelles générations remet parfois en cause mon travail", admet-il.

Lauréat 2017 du Prix de la Jeune Création pour l'ensemble de son œuvre, Maxime Leroy sera exposé au Grand Palais lors de l'événement "Révélations, la biennale internationale des métiers d'art et de la création", du 4 au 8 mai 2017. Pour l'événement, il prévoit de créer des tabourets avec des assises en plumes, mais aussi un grand book dans lequel les visiteurs pourront toucher des échantillons. Si le sien est déjà bien rempli, Maxime rêve encore de décrocher une collaboration autour "d'une voiture de luxe Rolls Royce ou bien une voiture électrique pensée avec des matériaux recyclés et éthiques". À concrétiser !

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