Décryptage

À quoi sert (vraiment) l’année de prépa artistique ?

La prépa artistique mêle la théorie et la pratique.
La prépa artistique mêle la théorie et la pratique. © Rudzhan / Adobe stock
Par Sarah Nafti, publié le 21 février 2024
4 min

On pourrait presque parler de passage obligé tellement la prépa artistique est devenue incontournable pour la plupart des bacheliers. Nombreux sont ceux qui optent pour cette année qui leur permet à la fois de se préparer aux concours des écoles d’art et de découvrir l’étendue des possibilités, mais est-elle réellement indispensable ?

"La prépa est la première porte d’entrée dans le milieu de l’art", définit Julie Berthelon, directrice de Prep'Art. Elle permet "d’approcher le langage du milieu artistique", ajoute Patrick André, coprésident de l’APPÉA, le réseau des prépas publiques. Une année indispensable, presque, pour les étudiants qui peuvent travailler sur "l’orientation personnelle de [leurs] travaux" et "commencer à dessiner un paysage professionnel".

Rentrer dans l'univers artistique

"Au début, on est tous un peu perdus, raconte Anaïs, qui vient d’achever son année à Prep’Art et a été admise à l’Epsaa (école d’art publique de la Ville de Paris). On sort du cadre scolaire, on n’a plus de consignes, on nous propose de faire ce qu’on veut en nous accompagnant, ce qui n’est jamais arrivé avant."

Pour celle qui "n’y connaissait rien", cette année lui a permis d’appréhender "ce monde un peu fermé", de "découvrir les codes sur la manière dont on parle d’un projet" mais c’est surtout "un apprentissage de la confiance en soi et de l’expérimentation plutôt que de la technique".

Se préparer aux concours pour accéder aux écoles d'art

Pourtant, l’année est courte, car les concours se déroulent au mois de mai. Après la découverte des différentes techniques, il est temps de travailler le ou les dossiers artistiques, qui seront présentés aux écoles et de préparer les oraux.

Julie Berthelon insiste sur l’importance du "suivi personnalisé". Lors du concours, en quelques minutes, il faut arriver à susciter un intérêt certain. "Le noyau central est la créativité, pour faire émerger la personnalité", explique Jean Fabès, directeur de l’Atelier de Sèvres.

Apprendre à expérimenter et créer

La prépa mêle la théorie - histoire de l’art et du design, philosophie… - à de la pratique, donnant un avant-goût de ce que les étudiants connaîtront en école d’art. La prépa Arts de l’Atelier de Sèvres, par exemple, propose beaucoup de cours de dessin, qui reste "le medium d’excellence", notamment pour certains concours, note Jean Fabès.

En atelier, les étudiants expérimentent la céramique, la sérigraphie, la sculpture bois métal ou encore la création numérique... "Rentrer dans une école d’art, ce n’est pas uniquement présenter une série de planches mais exprimer une forme de point de vue sur le monde", rappelle-t-il.

Un an pour bien choisir son orientation

Pour Patrick André, l’année de prépa est aussi le moment de se demander : "Est-ce que je veux vraiment faire ça ?". Car pour la première fois, les étudiants sont immergés, 30 à 40 heures par semaine, dans la pratique. Pour Jean Fabès, "l'un des grands avantages de la prépa, est que beaucoup d’étudiants arrivent sans trop savoir ce qu’ils veulent faire, et vont se construire, trouver des orientations".

En cela, la prépa s’adresse à tout type d’étudiants, "même ceux qui n’ont pas suivi d’option art au bac, qui sont autodidactes ou ne savent pas dessiner", insiste Julie Berthelon, qui estime que l’important est "la motivation et la cohérence du projet artistique". La prépa semble indispensable pour rentrer dans certaines écoles très sélectives, comme les Beaux-Arts de Paris, mais les écoles territoriales recrutent près de la moitié de leurs étudiants directement.

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