Témoignage

Premières semaines en école d'art : "On a plus de liberté mais le rythme est plus intense qu'au lycée"

En école d'art l'autonomie est plus importante qu'au lycée.
En école d'art l'autonomie est plus importante qu'au lycée. © DisobeyArt / Adobe Stock
Par Pauline Bluteau, publié le 18 octobre 2023
1 min

À l'école Boulle, aux Arts Déco ou à e-artsup à Paris, Bertille, Donnie et Alexandre commencent à prendre leurs marques. Depuis la rentrée, ces trois étudiants en art jonglent avec leur nouvel emploi du temps, loin de l'univers bien rangé du lycée. Ils racontent comment ils se font à cette nouvelle autonomie "très stimulante".

À peine un mois après leur rentrée, Bertille, Donnie et Alexandre sont déjà dans le bain des études d'art. Les emplois du temps sont chargés et les projets s'accumulent déjà. Après un bac général en physique-chimie et anglais, une année à l'université puis en école de commerce, le changement de cap est particulièrement important pour Alexandre.

"La rentrée s'est bien passée, c'était très sympa… mais très dur. On a fait deux semaines de piscine (cours intensifs sur une période donnée, ndlr) en dessin, j'en sors juste !", commente l'étudiant de 20 ans, en première année de bachelor game design et jeux vidéo à l'école e-artsup.

Se faire à sa nouvelle vie d'étudiant en art

Donnie, de son côté, rêvait d'intégrer l'école nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD). Quelques semaines plus tard, l'étudiant de 19 ans, originaire d'Avignon, ne s'est "pas encore fait à l'école". "Il y a beaucoup de monde et c'est très grand. Comme je ne viens pas de Paris, ça fait beaucoup de changements d'un coup", estime-t-il.

C'est aussi avec un peu d'appréhension que Bertille, 18 ans, a fait sa rentrée en première année de DNMADE Espace (Architecture d'intérieure et design immobilier) à l'école Boulle, son "top 1" sur Parcoursup. Pour celle qui vient d'Arras, "l'autonomie, c'était dès le premier jour !" : découvrir Paris, calculer son budget de courses, prendre le métro et transporter beaucoup de matériel pour ses projets… c'est devenu son quotidien.

"On a plein de nouvelles matières, de nouveaux cours… Le lycée, c'est très calme finalement, là, on est au pas de course", assure Bertille qui reconnait aussi avoir eu quelques moments de blues "toute seule" chez elle.

Plus d'autonomie qu'au lycée

Pour les trois étudiants en arts, cette nouvelle liberté les a particulièrement marqués. Donnie peut choisir les cours qui l'intéresse, selon les thématiques abordées. Mais c'est sur le travail personnel que cette autonomie se fait davantage ressentir. "On est livré à nous-mêmes, les profs ne nous rappellent pas tout le temps le travail à rendre, c'est à nous de nous organiser."

"On est accompagné mais différemment. L'ambiance est moins stricte. Et puis, on est que 15 dans ma classe donc les profs nous connaissent plus vite, on se projette déjà dans le milieu professionnel… ça change !", constate Bertille. C'est d'ailleurs cet état d'esprit qui plait le plus à Alexandre. L'étudiant est ravi de pouvoir échanger avec des profs qui sont surtout des professionnels dans leur domaine.

Or, plus de liberté ne signifie pas moins de travail, bien au contraire. Le rythme est effectivement plus soutenu qu'au lycée et pour l'instant, difficile pour Bertille de trouver la bonne méthode. L'étudiante affirme se coucher bien plus tard le soir qu'en terminale. "Aux journées portes-ouvertes, on m'avait conseillé de bien m'armer pour organiser mon temps libre." C'est aussi ce que confirme Elisa, en deuxième année à l'école Boulle et marraine de Bertille : "On peut vite être débordé. Même quand on est déjà autonome, il faut s'adapter."

Devenir passionné par ses études d'art

Alexandre souligne lui-aussi la charge de travail qui s'accumule depuis le début de l'année : "On fait du 9h-16h mais le reste du temps… on bosse ! Il a fallu travailler dès le premier jour." Découvrir le travail en atelier, mener plusieurs projets artistiques en même temps, participer à des workshops… Un tout autre univers mais "où on fait ce qui nous plait toute la journée", nuance Alexandre.

En regardant son emploi du temps pour le semestre à venir, l'étudiant à e-artsup a déjà des étoiles dans les yeux. "Peinture numérique, moteur de jeu, morphologie en dessin… C'est très ciblé", s'amuse-t-il.

Donnie se réjouit quant à lui de partager sa passion. "On a des personnes d'âges différents, de la diversité dans les profils, et puis on est entouré de personnes qui font la même chose que nous, tout le temps, donc ça pousse à créer, on est très stimulé, estime-t-il. C'est ça les écoles d'art, peu de théorie, beaucoup de projets et de la création constamment, c'est super !"

Bertille décrit aussi des étudiants qui "sculptent du bois dans la cour, qui parlent design et qui s'y connaissent". "Je ne m'attendais pas à ça à ce point !"

De l'exigence dès le début de l'année

Mais tous ces changements, c'est aussi un peu de pression pour ces étudiants en art qui sortent d'un bac général. Alexandre et Bertille relèvent leurs lacunes en dessin face à des bacheliers venant de STD2A. "L'autre soir, je suis arrivée chez moi en pleurs parce que je me suis dit que j'avais trop à rattraper, raconte Bertille. Il y a un tel écart, c'est déstabilisant parce qu'on veut donner le meilleur… Mais je m'y fais."

"J'ai été surpris du niveau de certains… Je me suis demandé pourquoi ils étaient en cours mais ça me pousse à redoubler d'effort", complète Alexandre. Elisa, en deuxième année, se veut rassurante : "Il y a des niveaux très différents en première année mais c'est aussi ce qu'il y a de plus intéressant. Ça finit par s'équilibrer parce qu'on évolue au fur et à mesure."

"Je suis contente de me lever pour aller à l'école"

Une chose est sûre, les trois étudiants ont bel et bien trouvé leur place dans leur formation artistique. "Je reste jusqu'à ce que l'école ferme tous les soirs parce que je n'ai pas envie de rentrer chez moi, on travaille tous ensemble… Je n'avais pas ressenti ça avant. Là, je me sens bien", confirme Alexandre. À l'EnsAD, Donnie a hâte "d'être plus à l'aise" même si selon lui, c'est une question d'habitude. "Dans tous les cas, j'ai toujours voulu faire de l'art, c'est le milieu qui me convient le plus."

Et malgré quelques moments de doutes, Bertille se dit "contente de [se] lever pour aller dans cette école". "Je me demande comment je suis arrivée là mais le travail nous rattrape vite et comme ça me plait, je me dis que je vais réussir…"

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !