Interview

Présidentielle 2022. Marine Le Pen : "J'abrogerais la réforme du bac qui serait remplacé par un 'examen terminal national'

La candidate du RN, Marine Le Pen, souhaite exonérer de l’impôt sur les sociétés durant cinq ans tous les jeunes de moins de 30 ans créant une entreprise.
La candidate du RN, Marine Le Pen, souhaite exonérer de l’impôt sur les sociétés durant cinq ans tous les jeunes de moins de 30 ans créant une entreprise. © Come SITTLER/REA
Par Propos recueillis par Romain Burrel, publié le 16 mars 2022
7 min

À l’approche de l’élection présidentielle, l'Etudiant a interrogé les candidats sur leurs mesures en faveur de la jeunesse et en matière d'éducation s'ils sont élus le 24 avril 2022. Orientation, précarité, accès à l'emploi, égalité des chances… Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national nous livre ses propositions.

Présidente du Rassemblement national (RN) depuis 2011, Marine Le Pen est créditée de 18% d’intention de vote dans les sondages et occupe la deuxième place derrière Emmanuel Macron. À quelques semaines du premier tour, l'Etudiant l'a interrogée sur ses mesures en faveur de la jeunesse.

Les propositions pour la jeunesse de la candidate Marine Le Pen

La candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2017 souhaite revenir sur la réforme du bac initiée par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, en rétablissant les anciennes séries générales et veut créer un "examen terminal national" afin de valoriser "la méritocratie républicaine".

Pour lutter contre la précarité étudiante Marine Le Pen veut rendre les transports ferroviaires gratuits pour les 16-25 ans et construire 100.000 logements supplémentaires.

Enfin, elle compte lutter contre le chômage des jeunes en exonérant d’impôt sur le revenu tous les jeunes de moins de 30 ans et souhaite les inciter à créer leur entreprise via une exonération d’impôt sur les sociétés pendant cinq ans.

Quelles mesures précises comptez-vous mettre en place pour lutter contre la précarité étudiante ?

La première mesure que je mettrais en place pour lutter contre la précarité des étudiants, serait la mise à disposition de logements. En effet, et surtout dans les grandes métropoles, les étudiants ont beaucoup de mal à se loger. C’est pourquoi, en un quinquennat, 100.000 logements seront construits en priorité dans toutes les zones tendues. J'instaurerais également une priorité nationale pour la location de logements étudiants.

En outre, afin d’aider à la mobilité, je mettrais en place la gratuité des transports ferroviaires pour les jeunes de 18 à 25 ans. Il s’agit là d’un coup de pouce supplémentaire pour permettre à nos étudiants, apprentis et jeunes travailleurs de pouvoir rejoindre leurs familles plus facilement, ou simplement de visiter la France.

Enfin, beaucoup de jeunes travaillent durant leurs études. Je propose de les soutenir financièrement en versant un complément de revenu de 20% plafonné à 200 euros mensuels, et de 30% pour les étudiants boursiers, plafonné à 300 euros mensuels. Ces versements seront conditionnés à la validation des semestres afin d’encourager nos jeunes qui travaillent et qui le méritent.

La réforme du bac, comme la mise en place de Parcoursup et la crise sanitaire, ont pu générer de la confusion auprès des étudiants qui se sentent perdus dans leur orientation. Si vous êtes élue présidente, quelle(s) mesure(s) proposez-vous pour les aider à s’orienter plus efficacement ?

La réforme du baccalauréat de Jean-Michel Blanquer sera abrogée et remplacée par l’"examen terminal national".

Le niveau étant rehaussé et valorisé, la méritocratie républicaine tiendra enfin ses promesses. La collaboration et la sanctuarisation des universités et des grandes écoles permettront à tous ceux qui le souhaitent d’intégrer, sous forme de bons résultats scolaires, notre prestigieux modèle d’éducation supérieure. Les anciennes séries générales seront rétablies avec les mathématiques pour tous, et nous nous interrogerons sur la pertinence du maintien du collège unique. En parallèle, les ponts vers l’apprentissage se multiplieront et commenceront dès 14 ans.

Par ces réformes, l’efficacité du système éducatif permettra à chaque élève de s’émanciper grâce à l’acquisition des fondamentaux et la valorisation des examens nationaux. L’école de la République n’oubliera plus celles et ceux qui ont été délaissés. L’apprentissage et l’alternance seront revalorisés comme de véritables tremplins vers la vie professionnelle. Par ce champ des possibles, les élèves auront toutes les clefs en main pour viser les métiers d’avenir et affiner leur choix.

Près d’un jeune actif sur cinq âgé de 20 à 24 ans est sans emploi. Quelles sont vos propositions pour lutter contre le chômage des jeunes ?

L’employabilité des jeunes est l’une des priorités de mon quinquennat. Mon programme se structure autour de trois idées principales. Il faut d’abord rendre attractive l’embauche des jeunes et aider ceux qui sont déjà au travail. C’est pourquoi j’exonèrerais d’impôt sur le revenu tous les jeunes de moins de 30 ans.

Beaucoup de jeunes ont des idées innovantes et souvent n’osent pas créer leur entreprise. La meilleure incitation, c’est une exonération de l’impôt sur les sociétés durant cinq ans pour tous les jeunes de moins de 30 ans créant une entreprise. Bien entendu, des limitations seront mises en place pour éviter d’éventuels abus.

Enfin, j’ai toujours cru en l’apprentissage et dans les filières professionnelles. Il faut investir autant dans un lycéen général que dans ceux qui sont dans les filières professionnelles. C’est pourquoi, je mettrais en place un "chèque formation" bénéficiant aux jeunes et aux entreprises. Accessible à tous les 18-25 ans, il sera versé par l’État et correspond à 50% de ce que coûterait la formation d’un jeune s’il était scolarisé dans une filière générale.

Concrètement, cela représente une hausse de 230 euros de la rémunération mensuelle pour tous les moins de 18 ans et de 330 euros pour les 18-25 ans. Du côté de l'entreprise, ce sont 2.750 euros ou 4.000 euros qui viendront récompenser chaque année son effort en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes.

Comment souhaitez-vous favoriser la mixité sociale dans l’enseignement supérieur ? Et notamment dans les filières les plus sélectives ?

Ce qu’on appelle l’égalité des chances se construit tout au long de la scolarité. Pour cela, c’est tout notre système éducatif qui doit être reconstruit pour le centrer autour des fondamentaux. Ainsi, dès lors que nos jeunes auront une base scolaire commune, il sera plus aisé de passer des concours post-bac ou de rentrer à l’université.

Je veux permettre à nos lycéens de faire un choix éclairé sur les voies qu’ils empruntent : entre l’apprentissage, les bac techniques et professionnels ou l’université. Tout cela nécessite beaucoup d’information et surtout aucun de ces domaines ne doivent être négligés.

La mixité sociale ne peut passer que par la méritocratie, et non par un nivellement par le bas systématique. Bien sûr, nous mettrons en place des bourses au mérite et maintiendront les bourses existantes, mais je ne crois pas aux solutions de quotas ou de discrimination positive qui sont, au fond, profondément injustes.

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