Décryptage

Quelles pistes pour améliorer le niveau des élèves en maths ?

Selon le conseil scientifique de l'Éducation nationale, un élève de 6e sur cinq n'a pas un niveau satisfaisant en maths et 25% des collégiens n’ont pas le niveau attendu à l’issue de la 3e.
Selon le conseil scientifique de l'Éducation nationale, un élève de 6e sur cinq n'a pas un niveau satisfaisant en maths et 25% des collégiens n’ont pas le niveau attendu à l’issue de la 3e. © RGA/REA
Par Clément Rocher, publié le 19 octobre 2023
5 min

Les résultats en maths des élèves français alarment le ministère de l'Éducation nationale et la communauté scientifique. Différents collectifs ont émis des recommandations pour améliorer le niveau dans la discipline, comme avoir trois spécialités en terminale ou faire de la formation des professeurs une priorité.

Hugo Duminil-Copin sera-t-il le dernier Français à avoir obtenu la médaille Fields, la plus prestigieuse récompense en mathématiques ? De nombreuses études montrent la baisse continue depuis trente ans du niveau des élèves français en maths, aussi bien au collège qu’à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Selon le conseil scientifique de l'Éducation nationale, un élève de 6e sur cinq n'a pas un niveau satisfaisant en maths et 25% des collégiens n’ont pas le niveau attendu à l’issue de la 3e.

Pourtant, les défis majeurs liés au changement climatique ne pourront être relevés sans l’aide des mathématiques et des sciences. L'Académie des technologies, société savante qui travaille sur un meilleur usage des technologies, lance un cri d’alarme pour remédier à cette situation préoccupante et propose des pistes de solution.

Susciter l'intérêt pour les mathématiques dès le plus jeune âge

Selon l'Académie, les jeunes élèves perdent très tôt dans leur parcours scolaire l'attrait pour les mathématiques. Afin de donner envie aux enfants de s’intéresser aux mathématiques, elle recommande donc de leur montrer des applications concrètes. "La pratique de la démonstration doit retrouver une place dans l’enseignement des mathématiques", assure Alain Cadix, membre de l'Académie des technologies.

La société savante invite également les entreprises à se rendre dans les collèges et lycées pour faire connaître leurs métiers. Des professionnels peuvent témoigner sur la place des maths et des sciences dans l’exercice de leurs professions.

Une initiative qui pourrait d'ailleurs encourager les jeunes filles à se tourner vers les disciplines scientifiques. "Il y a une forte autocensure alors qu’il n’y a aucune raison que les filles ne puissent pas trouver le même intérêt pour les sciences", insiste Alain Cadix.

Conserver trois spécialités en terminale

L'une des conséquences de la réforme du lycée a été un désintérêt des maths par les lycéens. À la rentrée 2022, seuls 56% des élèves en voie générale faisaient des mathématiques en terminale. Ils étaient pourtant 72% à avoir choisi la spécialité en 1re.

Selon l’Académie des technologies, les mesures déjà prises par le ministère de l’Éducation nationale, comme l’heure de renforcement en mathématiques et en français en classe de 6e, et le retour d'1h30 de maths dans le tronc commun de 1re en voie générale, ne seront pas suffisantes.

Un appel à conserver trois spécialités en terminale est soutenu par de nombreux collectifs. Cette mesure permettrait à davantage de lycéens de faire des maths jusqu'à la fin du lycée et ainsi de faciliter l’insertion au niveau de la première année post-bac.

"L’abandon d’une spécialité en terminale limite les sciences, car elles ne sont présentes que dans les enseignements de spécialité", déplore Mélanie Guenais, coordinatrice du Collectif Maths & Science.

Renforcer le tronc commun de maths en 1re

L’académie des technologies conseille également de renforcer l’enseignement de mathématiques en 1re. Après un retour en option en 2022-2023, il est de nouveau obligatoire en 2023-2024, à raison d'1h30 par semaine. La société savante recommande de son côté deux heures de maths hebdomadaires obligatoires pour tout élève n’ayant pas choisi la spécialité.

"Si on consolide les maths pour tout le monde, au moins jusqu’en 1re, cela permettrait d’assurer une base minimum. Il faut valoriser l’image que renvoient les sciences et donc renforcer le nombre d’heures de matières scientifiques pour tous les élèves, quel que soit le profil", confirme Mélanie Guenais.

Revoir la formation des professeurs

La formation des enseignants du 1er degré et du 2nd degré en mathématiques, ainsi qu’en sciences et technologie, nécessite d’être revue en profondeur, estime l'Académie des technologies.

La maitrise des savoirs disciplinaires n’est en effet pas considérée comme suffisante. "Les professeurs ont de grandes difficultés à assurer l’enseignement en sciences et en mathématiques", soutient Alain Cadix.

Il invite notamment à soutenir le développement des parcours préparatoires au professorat des écoles (PPPE), formation se déroulant en partie dans un lycée, en partie à l’université. Plusieurs parcours préparatoires sont adossés à une licence de mathématiques à l’université.

La formation continue des enseignants nécessite aussi d’être améliorée. "On est l’un des rares pays à ne pas avoir une formation pour les enseignants dont les horaires sont dédiés. Dans le 1er degré, c'est trois jours par an obligatoires", soupire Mélanie Guenais.

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