Témoignage

"Je ne sais pas trop comment m’y remettre" : les étudiants en droit préparent les épreuves orales du barreau

Les étudiants en droit préparent les épreuves orales du barreau.
Les étudiants en droit préparent les épreuves orales du barreau. © SMA Studio/Adobe Stock
Par Léa Fournier, publié le 05 octobre 2023
5 min

Dernière ligne droite pour les étudiants qui aspirent à rejoindre l’école d’avocats. S’ils doivent encore patienter pour savoir s’ils sont admissibles, le temps leur est compté en vue des potentielles épreuves orales… L’heure est à nouveau aux révisions.

De la fatigue, de l’incertitude et du stress. Les candidats qui passent le barreau cette année ont terminé leurs épreuves écrites le 8 septembre. Après des mois de préparation, place à l’attente des résultats d’admissibilité, le 20 octobre. Si tout se passe bien pour ces étudiants qui tentent d’entrer au CRFPA (Centre régional de formation professionnelle des avocats), ils accéderont aux épreuves orales, dont le redouté grand oral, au mois de novembre.

Après les écrits, se remobiliser pour le grand oral du barreau

Maëlle, 23 ans, a pris du retard dans ses révisions pour ce potentiel oral. "J’étais épuisée et j’ai mis du temps à me remettre des écrits et de la prépa." Cet été, cette étudiante en Master 2 de droit pénal à Bordeaux a choisi de suivre le programme de Capavocat, l’une des préparations privées à l'examen d'entrée aux CRFPA. "La prépa, c’était la période la plus difficile de mes études, raconte-t-elle. On avait cours de 8h30 à 20h du lundi au samedi inclus… Je n’étais plus capable de faire autre chose que travailler." Maëlle a eu besoin d’une grosse dizaine de jours de repos mais se dit "soulagée" d’en avoir fini avec les écrits de l’examen.

La fatigue, mais aussi la lassitude, ont également pesé sur Astrid. À 23 ans, elle passe le barreau pour la deuxième fois. "Ça a été très dur de devoir le repasser, souffle cette étudiante en droit pénal à la Sorbonne. Sacrifier à nouveau un été pour réviser, c’est compliqué." Astrid relativise cependant : elle se sent davantage confiante. Elle a mieux géré la fatigue de la prépa, les épreuves se sont révélées moins angoissantes et les sujets étaient "plus accessibles" pour elle que l’année dernière.

Travailler les bases sur les libertés fondamentales

Pour rester concentrée, l’étudiante a tout de même tâché de ne pas regarder les corrections. "Je rumine beaucoup sur ce que j’ai fait pendant les écrits, précise-t-elle. J’essaie de suivre les conseils des profs de la prépa, qui disent qu’il ne faut pas attendre les résultats pour réviser."

Pierre-Marie, avocat affairiste depuis cinq ans, passe du temps à aider les étudiants qui passent le CRFPA avec son compte @1anpourleCRFPA. Première recommandation : "prendre le temps de se reposer". Ensuite, il faut en effet se replonger dans les révisions et "retravailler les bases, toutes les libertés fondamentales". Le jeune avocat conseille aussi aux candidats au barreau de travailler leur éloquence en vue de l’épreuve orale. "ll faut s'entraîner ! Face au miroir, devant ses parents, en s’enregistrant, explique-t-il. L’idée c’est de voir comment est notre attitude et aussi de revoir nos tics de langage."

Maëlle, l’étudiante bordelaise, s’est remise au travail : une vingtaine d’heures par semaine pour travailler le grand oral – qui porte sur des libertés et des droits fondamentaux – et l’épreuve d’anglais. Mais sans résultats d’admissibilité, difficile de se projeter dans les prochaines épreuves. "Je suis surtout incertaine, expose Maëlle. Je ne sais pas trop comment m’y remettre. J’essaie d’y croire mais il me faudrait un peu plus de motivation."

Impossible pour elle de se situer quant aux quatre épreuves écrites : "Je n’ai pas l’impression d’avoir raté ni réussi… J’ai beaucoup de doutes, raconte-t-elle. En plus, les profs de la prépa ne nous font pas de retour sur les épreuves. Et concernant les autres candidats à qui j’ai parlé, et on n’a pas mis les mêmes choses. Donc je ne sais pas qui a raison."

Le stress du grand oral

Pour ne pas se triturer les méninges et rester positive, Emma, 23 ans, a quant à elle choisi de ne pas du tout parler des épreuves écrites avec ses amis. Au départ, cette étudiante en droit pénal à Paris Saclay devait passer le barreau en 2024. L’examen de cette année est donc "un challenge". Si elle le rate, elle ne se met pas la pression et le repassera l’année prochaine. Mais l’avoir du premier coup… "Ça serait génial ! Je me prépare à l’échec mais je reste hyper positive : quand on a travaillé, il n’y a pas de raison qu’on ne l’ait pas", estime-t-elle.

Le véritable stress désormais, ce sont les épreuves à venir. Emma garde un souvenir "horrible" de son premier examen oral, en M2. Alors elle appréhende beaucoup l’oral de libertés fondamentales. Les jurés l’impressionnent. "Un avocat, un magistrat, un universitaire… C’est un beau jury, c’est très stressant."

À l’approche du grand oral, Pierre-Marie, le jeune avocat affairiste, se veut rassurant. "Ce jury est compréhensif. Bien sûr, il y aura toujours un des trois jurés qui sera là pour pousser l’étudiant dans ses retranchements, explique-t-il. Mais il y en a forcément un qui sera là pour le défendre s’il perd un peu pied."

L’exercice du "grand o’" est "difficile, surtout quand on est fatigué". Le jeune avocat conseille aux étudiants de prendre leur temps entre chaque question, de souffler "quelques secondes" avant de donner une réponse et de ne pas se laisser déstabiliser. Pour éviter le stress, "il faut conserver sa bulle jusqu’au bout". Mais l’important, c’est surtout de "tout donner" pour cette dernière épreuve.

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