Portrait

Marine, peintre : "J'attends mon immatriculation au répertoire des métiers"

Marine, peintre en bâtiment, s'installe en 2017 comme entrepreneuse artisan.
Marine, peintre en bâtiment, s'installe en 2017 comme entrepreneuse artisan. © Photo fournie par le témoin
Par Étienne Gless, publié le 10 février 2017
1 min

ELLE CRÉE SON ENTREPRISE. Épisode 1. Pour ses 30 ans, Marine a décidé d'être son propre patron. Elle s'installe comme artisan peintre décorateur. Un projet mûrement réfléchi grâce à un solide bagage professionnel. L'Etudiant va la suivre mois après mois dans ses démarches, dans le cadre de notre nouvelle série "Ils créent leur entreprise".

"Ca y est j'ai envoyé tous les documents ! Je devrais recevoir mon immatriculation au répertoire des métiers dans quelques jours", se réjouit Marine qui prépare son installation comme peintre en bâtiment."L'annonce légale de ma création d'entreprise est parue vendredi 16 décembre dans le quotidien "Paris Normandie"". C'est une des nombreuses formalités administratives obligatoires que Marine doit accomplir pour s'installer comme artisan à son compte.

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De la fac d'éco au compagnonnage

Marine fait partie de ces jeunes qui, bien qu'ayant suivi la voie de l'enseignement supérieur, trouvent plus de sens à la vie professionnelle dans les métiers manuels. "Après mon bac ES, j'ai passé trois ans en fac d'éco mais je n'ai pas obtenu ma licence. Comme j'étais bonne au lycée on ne m'a pas orienté vers le métiers manuels", explique la jeune femme. À 21 ans, Marine débute son apprentissage de peintre en bâtiment aux Compagnons du devoir, qui forment à 28 métiers traditionnels. "J'ignorais tout du métier et c'est un ami de fac parti en ébénisterie qui m'a décidé à me réorienter. Quand j'ai annoncé à mes parents la nouvelle, mon père, agent immobilier, a boudé pendant deux mois !"

Recrutée en apprentissage par une entreprise de Pont-l'Évêque, Marine part se former au métier de peintre au CFA de Tours des Compagnons du devoir. "Je passais deux semaines au CFA et six semaines en entreprise." 

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Des responsabilités de gestion et de formatrice

Son CAP en poche en 2009, Marine doit continuer à se former à travers les voyages durant cinq ou six ans au cours du fameux tour de France des Compagnons. "J'ai passé une année au Mans, une à Strasbourg, une en Allemagne à Karlsruhe une à Nîmes et enfin une à Lille. Sur le tour de France, il y a toujours une année passée à l'étranger." À Lille, Marine devient chef d'équipe où elle encadre plusieurs personnes. "J'étais à mi-temps formatrice salariée à la maison des Compagnons du devoir. Puis j'ai été trois ans prévôt de la maison des Compagnons de Rouen-Mont-Saint-Aignan". Un poste à responsabilité où Marine doit s'occuper d'un budget, d'une vingtaine de salariés et de 200 jeunes. 

"Ce poste prépare bien au métier de chef d'entreprise. D'ailleurs je n'aurai pas osé me mettre à mon compte sans cette expérience." Marine quitte son poste le 1er octobre 2016 afin de se consacrer uniquement à son projet de création d'entreprise. "Nous avons convenu d'une rupture conventionnelle avec mon employeur et je me suis inscrite à Pôle emploi comme demandeur d'emploi." 

Premiers préparatifs de création

Pour se préparer à l'installation à son compte, Marine contacte le service Entreprendre des Compagnons du devoir, qui accompagne les compagnons ayant un projet de création ou reprise d'entreprise. "Le service m'a expliqué les démarches à accomplir, les aides existantes pour me mettre à mon compte. Il m'a aidé à monter mon prévisionnel d'activités sur trois ans." 

Pour le statut juridique de son activité, Marine a choisi la société plutôt que l'entreprise individuelle."Je veux créer ma société : c'est une question de crédibilité vis-à-vis de certains partenaires. Pour travailler avec des architectes qui sont prescripteurs de clients, ou pour répondre à des appels d'offres, il est préférable d'être en société", explique la jeune professionnelle qui a opté pour la société anonyme simplifiée (SAS).

Marine a aussi effectué le stage obligatoire de préparation à l'installation : 30 heures d'initation à la gestion sont requises pour devenir artisan. "Je l'ai payé de ma poche alors que, comme demandeur d'emploi, Pôle emploi aurait pu prendre en charge le financement." Difficile sans être expert de maîtriser toutes les arcanes des droits sociaux et aides à la création d'entreprise ! 

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Trouver une banque, quelle galère !

"Parfois j'ai écouté les suggestions qui m'étaient faites... et parfois non !" Marine confesse ainsi avoir contacté trop tard les banques susceptibles de l'aider pour financer son projet. "J'ai perdu du temps à trouver mes banques : certaines rechignent, ne sont pas intéressées par mon projet, d'autres y mettent des conditions... J'ai dû en voir huit avant de trouver mon interlocuteur de confiance." C'est finalement au Crédit agricole que Marine a fait affaire. "Il m'a aussi donné des conseils pour obtenir une aide de Normandie active, une structure qui se porte caution auprès des banques." Mi-décembre, Marine obtient finalement un prêt à taux zéro de 5.000 € et une aide régionale de 4.500 €. Un pécule qui va lui permettre de financer le démarrage de son activité.

Pour être artisan, un stage d'initation à la gestion est obligatoire

Le stage de préparation à l'installation (SPI) d'une durée minimale de 30 heures est obligatoire pour les personnes qui demandent leur immatriculation au répertoire des métiers. Son coût est d'environ 260 €. Financement, techniques de prévision et de contrôle de l'exploitation... ce stage d'initiation à la gestion a pour objet de permettre aux futurs dirigeants de connaître les conditions de leur installation. Vous y apprendrez les savoirs indispensables à la pérennité de votre entreprise et les possibilités de formation continue adaptées à votre situation. Des dispenses peuvent être accordées au regard des diplômes et de l'expérience professionnelle du dirigeant. À voir avec votre chambre de métiers et de l'artisanat.

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