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Présidentielle : comment les jeunes ont-ils voté au premier tour ?

24% des 18-24 ans se sont abstenus au premier tour de l'élection présidentielle.
24% des 18-24 ans se sont abstenus au premier tour de l'élection présidentielle. © Marta NASCIMENTO/REA
Par Amélie Petitdemange, publié le 14 avril 2022
6 min

Les 18-34 ans ont majoritairement voté pour Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour de la présidentielle, dimanche 10 avril. Sans surprise, l'abstention reste très élevée dans cette tranche d'âge... Témoignages d'étudiants sur leur choix politique.

L'abstention continue de faire rage auprès des jeunes et l'extrême gauche continue de les séduire... En effet, si près de la moitié des 18-24 ans (42%) et des 25-34 ans (46%) ne sont pas allés voter au premier tour, selon un sondage Ipsos-Sopra Steria, ceux qui ont voté ont pour la plupart glissé dans l'urne un bulletin Jean-Luc Mélenchon (31%), selon le même institut de sondage.

Les jeunes abstentionnistes sont 38% à évoquer un désintérêt pour la politique et 35% pointent un empêchement personnel. C'est le cas de Martin, étudiant en école d'ingénieurs et actuellement en année de césure au Chili. "Je voulais voter mais il fallait aller dans un commissariat français pour faire une procuration avant de continuer la démarche au Chili", regrette le jeune homme de 23 ans, qui a voté à toutes les précédentes élections. Il ignorait que sa procuration pouvait être validée au consulat ou à l'ambassade.

Près d'un tiers des jeunes pour Mélenchon

Parmi les jeunes qui ont glissé un bulletin dans l'urne, c'est le candidat de la France insoumise qui est arrivé en tête. Jean-Luc Mélenchon a fait un score de 31% chez les 18-24 ans et 34% chez les 25-34 ans, contre 20% au niveau national, selon un sondage Ipsos-Sopra Steria publié dimanche 10 avril.

Louison, 26 ans, a opté pour Jean-Luc Mélenchon lorsqu'il a réalisé au fil des sondages que la gauche pourrait accéder au second tour. "Au début, j'hésitais entre Anne Hidalgo et Yannick Jadot, puis Philippe Poutou", raconte le jeune homme qui est tout de même convaincu par le programme de Jean-Luc Mélenchon.

Jeune vote
Jeune vote © photo fournie le témoin

"C’est le candidat qui représente le mieux un retour vers une justice sociale et écologique, des thèmes absents du quinquennat et de la campagne", explique-t-il. Il pointe la garantie que personne ne vive en-dessous du seuil de pauvreté, la mise en place d'un revenu jeune, le relèvement du RSA, un minimum vieillesse, l'augmentation du Smic, ou encore la retraite à 60 ans. Même vision pour Loïc, 23 ans, qui a choisi le candidat de la France insoumise, "subtil mélange de conviction et de vote utile".

Si le haut score de Jean-Luc Mélenchon a aussi pesé dans la balance, Loïc s'est avant tout retrouvé dans ses propositions. "Sa politique intérieure était intéressante, notamment ses propositions sur le pouvoir d'achat et la fixation des prix sur les produits de première nécessité. En revanche, j'étais moins convaincu par sa politique extérieure et sa position par rapport à l'OTAN."

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Jeune vote © photo fournie le témoin

La tentation de l'abstention au second tour

Face au second tour qui oppose Emmanuel Macron et Marine Le Pen, Louison a décidé de voter blanc pour marquer son désaccord "avec le libéralisme poussé à son extrême ou le nationalisme". Clara, 22 ans, a, de son coté, songé à s'abstenir au second tour avant de changer d'avis et de finalement voter pour Emmanuel Macron. "Ce n'est vraiment pas avec plaisir, mais je ne peux pas cautionner le programme dangereux de Marine Le Pen."

Selon le sondage Ipsos-Sopra Steria de dimanche dernier, Marine Le Pen a été plébiscitée par un quart des moins de 34 ans au premier tour. Emmanuel Macron a quant à lui été désigné par 20% des 18-24 ans et 23% des 25-34 ans.

Faire barrage à l'extrême-droite

Victor-Louis, 22 ans, est étudiant en deuxième année de master de littérature française à la Sorbonne. Comme les autres jeunes interrogés, il met un point d'honneur à voter. Pour sa première présidentielle, il a choisi Emmanuel Macron. "Sur le spectre politique, je me positionne au centre-droit. Je ne suis pas de droite car il y a des politiques sociales avec lesquelles je ne suis pas d'accord et parce que je suis connecté aux enjeux d'immigration", raconte le jeune homme, qui donne bénévolement des cours de français à des immigrés et des réfugiés afghans.

Issu d'une famille de droite, il a pour principe la valorisation du travail. "Économiquement, je trouve que Macron a fait du bon travail, et le chômage se réduit." Il apprécie aussi sa position pro-européenne, "contrairement à Mélenchon qui a des mesures contre l'Union européenne. "D'un point de vue plus personnel, en tant qu'homosexuel, je suis davantage convaincu par le programme de Macron".

Jeune vote
Jeune vote © photo fournie le témoin

Il considère également que ses mesures pour l'environnement sont satisfaisantes même si elles pourraient être "plus ambitieuses". Seul bémol selon lui : le nouveau bac et Parcoursup, des réformes nécessaires mais mal menées.

Pour le second tour, son choix est donc tout trouvé. Plus qu'un vote de conviction, glisser un bulletin pour Macron est pour lui une façon de faire barrage à l'extrême-droite. "Le dépouillement a été très difficile quand les bulletins pour Marine Le Pen se sont multipliés. Cette montée de l’extrême droite m’inquiète", confie Victor-Louis. Il appréhende les conséquences d'une éventuelle victoire du Rassemblement national : protectionnisme, repli sur soi face à l'Union européenne et l'immigration, mise en péril des droits des LGBT. Quel choix feront les jeunes français ? Réponse le 24 avril.

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