Décryptage

Présidentielle : mal représentés et résignés, les jeunes se désintéressent de la politique

Selon le sondage Harris Interactive pour l'Etudiant, seule la moitié des 16-25 ans déclarent être intéressés par la politique en général.
Selon le sondage Harris Interactive pour l'Etudiant, seule la moitié des 16-25 ans déclarent être intéressés par la politique en général. © Fred MARVAUX/REA
Par Clément Rocher, mis à jour le 05 avril 2022
6 min

SONDAGE EXCLUSIF. Une réconciliation entre la jeunesse et les personnalités politiques ne semble pas à l'ordre du jour. Selon les résultats de notre sondage Harris Interactive pour l'Etudiant réalisé début février, seulement 36% des jeunes inscrits sur les listes électorales affirment avec certitude qu'ils se déplaceront aux urnes.

Les politiques sont-ils en train de perdre la jeunesse ? C'est ce qui ressort de notre sondage Harris Interactive pour l'Etudiant. En effet, à deux mois du premier tour de scrutin, la prochaine élection présidentielle peine à intéresser les 16-25 ans. Seule la moitié d'entre eux déclarent être intéressés par la politique en général quand six jeunes sur dix affirment porter un intérêt à la campagne.

"Je n’attends plus grand-chose de l'élection présidentielle"

On constate néanmoins que la campagne pour la prochaine élection présidentielle recueille un intérêt plus marqué de la part des jeunes âgés de 20 ans et plus (63% chez les 23-25 ans). Lorsque l'on s'approche ou que l'on rentre dans la vie active, la chose politique mobilise un peu plus. "Cette présidentielle m’intéresse davantage que la précédente... Mais je me dis aussi que cette élection ne va rien changer pour moi", regrette Clément. Ce jeune étudiant de 24 ans déplore que les débats politiques ne portent pas suffisamment sur les idées.

Marine quant à elle regrette le manque de renouvellement dans le paysage politique. "Je ne m’intéresse pas vraiment à la politique en général mais je fais un effort pour l’élection présidentielle. Je n’attends plus grand-chose de cette élection. Cinq ans après, ce sont toujours les mêmes noms", témoigne la jeune femme de 25 ans.

"Je ne me sens pas représenté"

Depuis plusieurs années, la jeunesse fait preuve de défiance voire de désintérêt face à la politique. "Je ne m’y intéresse plus car je ne crois plus en ce système. Je ne me sens pas représenté. Les politiques semblent pour la plupart davantage préoccupés par leur carrière que par leur fonction", explique Théo, âgé de 24 ans.

Les jeunes pas dupes des mesures politiques imaginées pour eux

Certains jeunes attendent pourtant beaucoup de la part des candidats. "Je m'intéresse à la présidentielle qui approche parce qu'elle est à mes yeux capitale pour l'écologie et la justice sociale dans les prochaines années ! Mais je trouve dommage que les candidatures soient si individuelles entre des partis qui ont des idées similaires : chacun défend d'abord son image avant les enjeux écologiques et sociaux", affirme Samuel, âgé de 24 ans.

Marine attend également de réelles propositions qui peuvent améliorer son quotidien dans sa vie d’étudiante. "Les étudiants se sont sentis très délaissés et isolés pendant la crise sanitaire."

"Chaque candidat essaye d’attirer les jeunes et tente de trouver des propositions", explique Clément. Par exemple, Valérie Pécresse, candidate du parti Les Républicains, propose un projet de banque des jeunes pour permettre aux 18-30 ans de financer leurs études ou un projet professionnel. Anne Hidalgo, candidate du Parti socialiste, souhaite offrir 5.000 euros à chaque jeune de 18 ans. Mais ces mesures sont jugées peu crédibles, voire irréalisables pour une grande majorité des jeunes.

La menace de l'abstention des 16-25 ans pèse sur la présidentielle

La mobilisation des partis politiques pour attirer un électorat jeune risque de rester lettre morte. La menace de l'abstention est de nouveau présente. Selon notre sondage l'Etudiant-Harris Interactive, seuls 36% des jeunes inscrits sur les listes électorales affirment avec certitude qu'ils se rendront aux urnes les 10 et 24 avril 2022.

Politique : la jeunesse s'informe via les réseaux sociaux... et la télévision

Les 16-25 ans, génération que l'on décrit volontiers comme ultra connectée, privilégient les réseaux sociaux (TikTok, Twitter Snapchat..) pour s’informer sur la campagne (73% des répondants). Mais la télévision et les conversations en famille restent des canaux d'accès à l'actualité politique tout aussi importants pour la jeunesse (également 73% des répondants). En revanche, plus de la moitié des interrogés admettent ne jamais ou rarement écouter la radio ou lire la presse quotidienne nationale pour suivre l'actualité politique.

C'est un peu le cas de Clément. Le jeune homme multiplie les sources d'information, consulte parfois des articles de grands quotidiens nationaux, regarde la revue de presse menée par le journaliste Samuel Etienne sur sa chaîne Twitch, et suit également les tendances sur Twitter.

Pour sa part, le rituel matinal de Marine consiste à regarder les vidéos du vidéaste et journaliste Hugo Décrypte. Mais l'étudiante préfère éviter la télévision. "Je ne prends pas ce que les journalistes disent pour argent comptant. Il n’y a pas vraiment d’analyse. Je trouve les questions d’Hugo Décrypte beaucoup plus pertinentes." Bref, tout le monde en prend pour son grade.

Abstention, relation au politique, les grandes tendances du sondage "Les 16-25 ans et l'élection présidentielle" résumées en infographie

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Enquête effectuée par Harris Interactive pour l'Etudiant et réalisée en ligne du 14 au 24 janvier 2022 sur un échantillon de 1.002 personnes représentatif des Français âgés de 16 à 25 ans. La méthode des quotas et du redressement a été appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

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