Décryptage

Les nouveautés du lycée professionnel

Lycée professionnel des Frères-Moreau, Quincy-sous-Sénart, Essonne.
La seconde professionnelle est désormais composée de "familles métiers" et non plus de métiers précis © Sophie Blitman
Par Erwin Canard, Thibaut Cojean, mis à jour le 01 octobre 2019
6 min

INFOGRAPHIE. Depuis la rentrée 2019, le lycée professionnel est transformé. Que vous vouliez passer un CAP, un BEP ou un bac pro, découvrez l'ensemble des nouveautés que vous réserve la voie professionnelle version 2019.

Le lycée professionnel se transforme. Depuis la rentrée 2019, de nombreuses mesures, annoncées en mai 2018 par le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, ont été mises en application. Celles-ci ont été décidées à partir du rapport remis en février 2018 au ministre par la députée Céline Clavez et le chef étoilé Régis Marcon.

Cela concerne beaucoup du monde. Près d'un lycée sur trois prépare un bac pro, un BEP (brevet d'études professionnelles) ou un CAP (certificat d'aptitude professionnelle). En 2018, ils représentaient presque 650.000 élèves.

Un test de positionnement et un accompagnement pour l'orientation

Comme en lycée général et technologique, si vous entrez en seconde professionnelle, vous passerez en début d'année un "test de positionnement" en français et en mathématiques. L'idée est que les professeurs évaluent le niveau des élèves afin d'adapter les enseignements.

Les lycéens en voie pro bénéficieront également d'un "accompagnement à l'orientation", chaque année, dès la seconde, pour "construire leur projet".

En seconde, le choix d'une "famille de métiers"

C'est l'une des grandes nouveautés. Jusqu'alors, les élèves de troisième qui s'orientaient en seconde professionnelle choisissaient leur spécialité parmi une centaine de métiers. Depuis la rentrée 2019, vous commencez par choisir une "famille de métiers" en seconde, afin de vous spécialiser plus progressivement. À la fin de l'année de seconde, vous choisirez votre spécialité définitive.
Ces "familles" regroupent de deux à dix spécialités dont les compétences professionnelles sont communes ou proches. Pour le moment, seules trois familles de métiers sont mises en place :
  • Métiers de la construction durable, du bâtiment et des travaux publics

  • Métiers de la gestion administrative, du transport et de la logistique

  • Métiers de la relation client

À terme, vous avez le choix entre 14 familles, allant de l’aéronautique à l’hôtellerie-restauration, tourisme. Certaines spécialités, très spécifiques, ne seront pas intégrées aux familles de métiers et garderont leur cursus à part.
Les horaires du bac professionnel à partir de 2019
Les horaires du bac professionnel à partir de 2019 © Ministère de l'Éducation nationale

Insertion pro ou poursuite d'études ? Le choix en terminale

Entre la fin de l'année de première et le début de l'année de terminale, vous avez deux choix majeurs à faire. En fin de première, vous devrez choisir si vous souhaitez effectuer votre année de terminale sous voie scolaire ou en alternance. Cela implique une nouveauté : chaque lycée doit désormais proposer la possibilité de suivre le cursus par cette dernière voie.

Mais comme tous ne peuvent pas offrir un enseignement par alternance dans toutes les spécialités, vous devrez dans certains cas vous tourner vers des CFA (centres de formation en alternance), gérés par les collectivités locales, les entreprises ou les chambres de commerce, de métiers ou d'agriculture.
En début de terminale, vous devez opter pour l'un des deux modules suivants : "insertion professionnelle et entrepreneuriat" (aide à la rédaction de CV et lettre de motivation, préparation aux entretiens d'embauche…), si vous souhaitez entrer sur le marché de l'emploi dès la sortie du lycée ; "poursuite d'études", si vous souhaitez poursuivre votre formation.

Production d'un "chef d'œuvre"

Afin de "redonner du prestige" au bac professionnel, selon les termes de Jean-Michel Blanquer, vous vous préparerez dès la première à la réalisation d'un "chef d'œuvre". Celui-ci témoignera "de l'acquisition des savoirs et des gestes propres à un métier". Effectué seul ou en groupe, ce travail sera présenté, à l'oral, en fin de terminale devant un jury et comptera pour le bac.

Des cours en co-intervention

Vous suivrez, chaque année, des cours en "co-intervention". Certains enseignements professionnels seront ainsi donnés par l'enseignant référent, qui sera parfois accompagné par un enseignant de français ou de mathématiques. L'objectif est de rendre plus "concrets" les enseignements généraux et de leur donner du sens.

Le CAP en 1, 2 ou 3 ans

Jusque-là effectué en deux ans, le CAP peut désormais être préparé en un, deux ou trois ans, selon les profils. Les élèves qui valideront leur année de première ou de terminale (générale, technologique ou professionnelle), ceux qui auront déjà un diplôme supérieur, voire des élèves sortant de troisième "au bon niveau scolaire et au projet professionnel solide" pourront le préparer en un an.
Le CAP en deux ans sera proposé aux élèves sortant de troisième.
Le CAP en trois ans pourra être effectué par les élèves aux "besoins particuliers", notamment issus de Segpa ou d'Ulis.

La création de "campus d'excellence"

Afin de redonner du souffle aux 95 campus des métiers et des qualifications du pays, ceux-ci pourront désormais demander la qualification de "catégorie excellence". Pour obtenir nouveau label, ils devront répondre à des critères précis, comme proposer une vaste offre de formation, des partenariats avec des entreprises ou à l'international.

La fin du BEP ?

La suppression du BEP n'a pas été annoncée officiellement. Mais Jean-Michel Blanquer a indiqué à demi-mots qu'il est inévitablement voué à disparaître. Mal reconnu par les professionnels, ce diplôme a l'inconvénient, selon le ministre, de participer à rendre "les temps d'évaluation trop importants" en lycée professionnel. Il pourrait être remplacé, à terme, par une "évaluation de blocs de compétences".

Création de "classes passerelles"

Enfin, Jean-Michel Blanquer a annoncé la création, à la rentrée 2018, de "classes passerelles" : une sorte de "sas" entre la terminale et le BTS (brevet de technicien supérieur), afin de faciliter la poursuite d'études dans l'enseignement supérieur.

Moins de places en gestion-administration

Plus spécifique à la réforme de la voie professionnelle, la spécialité gestion-administration est aussi en cours de rénovation. Alors qu'elle accueillait le plus de lycéens pro, ses effectifs vont être réduits de moitié d'ici 2022. Cette volonté de changement est due au faible taux d'insertion (34%) des diplômés sept mois après leur diplôme.

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