Reportage

Rentrée scolaire 2023 : Emmanuel Macron à Orange pour défendre sa réforme du lycée professionnel

Le président de la République, Emmanuel Macron lors de sa visite au lycée professionnel de l’Argensol à Orange.
Le président de la République, Emmanuel Macron lors de sa visite au lycée professionnel de l’Argensol à Orange. © Florian Dacheux
Par Florian Dacheux, publié le 01 septembre 2023
5 min

Reçu par le personnel enseignant du lycée professionnel de l’Argensol et des chefs d’entreprises locales, le chef de l'État a abordé la mise en œuvre de la réforme de la voie professionnelle annoncée en mai.

Identifié pour s’être emparé d’un certain nombre d’outils de la réforme de la voie professionnelle, le lycée professionnel de l’Argensol à Orange (84) n’a pas été choisi par hasard par l’Élysée.

Accompagné de Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Éducation nationale, et de Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, Emmanuel Macron s’est exprimé, ce vendredi 1er septembre, depuis l’atelier carrosserie de ce lycée, qui compte un peu plus de 350 élèves pour cinq filières de formation.

Arrivé peu avant midi, le président de la République a d’emblée évoqué, comme en mai dernier, vouloir faire de la formation professionnelle une "cause nationale", déplorant le décrochage. "On a un tiers des lycéens et deux tiers des décrocheurs en lycées professionnels, ce n’est pas acceptable, a-t-il affirmé. En tout, 15% de nos formations ne donnent accès ni à un emploi ni à une formation."

L’enjeu de l’orientation

Avec un investissement inédit de près d’un milliard d’euros supplémentaire par an, l’ambition semble là pour viser "100% d'insertion". Cela servira aussi à rémunérer les lycéens stagiaires de 50 à 100 euros par semaine, ou encore augmenter jusqu’à 500 euros le salaire des professeurs en cas de missions supplémentaires, basées sur le volontariat.

Lutter contre le décrochage et pour une meilleure orientation concernera aussi le collège. Dès cette rentrée, à partir de la 5e, chaque élève se verra proposer dans son cursus pédagogique une demi-journée dédiée à la découverte des métiers. L’installation d’un "bureau des entreprises" dans chaque lycée professionnel et le dispositif "avenir pro" doivent également aider les jeunes à se construire un vrai réseau.

Les taux d'insertion bientôt sur Affelnet

Sur ce point, Mohamed Laasri, professeur d’enseignement technique en chaudronnerie, n’a pas hésité à alerter le président : "Il vaudrait mieux avoir une orientation choisie que subie. Il faut arrêter de dire que puisque tu es nul, tu iras en lycée pro". "Si c’est une orientation subie, c’est que beaucoup de jeunes et de familles ne connaissent pas les métiers", a répondu Emmanuel Macron.

Dès la prochaine campagne Affelnet, en avril 2024, l'Élysée promet ainsi que l’ensemble des familles pourra avoir connaissance des taux d'insertion, des taux de poursuite d'étude et des besoins des bassins d'emploi afin de conseiller au mieux leurs enfants.

Révision de la carte des formations

À travers cette nouvelle réforme, l'exécutif souhaite également réviser, via un pilotage Région-Rectorat, la carte des formations au regard des métiers en tension ou en devenir. Un enjeu pour le Vaucluse, cinquième département le plus pauvre de France.

Outre la cybersécurité et le domaine des énergies renouvelables, le secteur du nucléaire est visé, en particulier dans ce territoire proche de la centrale du Tricastin. Emmanuel Macron a échangé dans ce sens avec des chefs d’entreprises locales, telles que Rolls-Royce Nuclear Services & Projects basée à Mondragon ou encore Orano, acteur majeur de l’énergie et du combustible nucléaire, située à Cavaillon.

"Nos envies et nos besoins ont croisé la route de cette réforme, témoigne Madame Lenormand, proviseure du lycée. Avec le bureau des entreprises, on compte créer un véritable maillage sur le territoire avec le tissu économique. Notre section chaudronnerie a été repérée par le rectorat et le Campus Industrie du futur Sud. Sans compter les nombreux débouchés du nucléaire."

Des évolutions soumises au Pacte enseignant

En parallèle, la création de nouvelles filières doit se développer dans des secteurs porteurs, comme le numérique ou l’écologie, et une décision est attendue en fin d’année pour acter la fermeture de certaines filières. Quant à la reconnaissance de l’engagement des enseignants, tous seront revalorisés de 125 euros à 200 euros nets par mois, dès la fin du mois de septembre en fonction de leur ancienneté.

Une question reste malgré tout en suspens. Les mesures de cette réforme ne risquent-elles par d’être inapplicables si jamais trop peu d’enseignants signent le "Pacte enseignant" ? Pour le Président, la balle est dans leur camp. "Je suis très attaché à l’égalité pour tous les élèves. Cela dépendra de la responsabilité des enseignants", a-t-il rétorqué lors du micro tendu de fin de journée.

Un webinaire avec tous les chefs d'établissements

En début d’après-midi, le Président de la République s’est adressé à l’ensemble des chefs d’établissement de lycées professionnels au cours d’un webinaire, qui l’a vu notamment échanger avec les proviseurs du lycée des métiers Henri Senez d’Hénin-Beaumont (62) et du Campus Mobilité et Transport Intelligent de Toulouse (81).

Dans le même temps, la CGT, rejointe par la FSU (syndicats enseignants), a appelé à contester la réforme qui porte selon eux sur "la formation à minima et l’entreprise à maxima". Par ailleurs, aucune réponse n’a été pour l’heure apportée quant à l’avancement ou non en mars des épreuves du baccalauréat pour les élèves en insertion professionnelle.

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