Décryptage

Réforme des lycées pro : quelles formations risquent de disparaître ?

Réforme lycée pro formations supprimées
Certaines formations du lycée professionnel seront supprimées dès la rentrée 2023 dans le cadre de la réforme de la voie professionnelle. © Kien/Adobe stock
Par Marine Ilario, publié le 23 mai 2023
5 min

Lors de la présentation de la réforme de la voie professionnelle, Emmanuel Macron a annoncé une refonte de la carte des formations, sacrifiant celles qui ne permettent pas une bonne insertion professionnelle ou une poursuite d’études.

Les contours de la réforme de la voie professionnelle ont été dévoilés début mai 2023. Lors d’un déplacement dans un lycée professionnel de Charente-Maritime (17), Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de "faire de la voie professionnelle un choix" plutôt qu’une orientation subie.

Une réforme qui s’articule autour de trois axes : zéro décrocheur, 100% d’insertion professionnelle et une meilleure reconnaissance des enseignants. Pour y arriver, le président de la République a, entre autres, annoncé une refonte de la carte des formations. Cela signifie que certaines seront supprimées. Concrètement, quelles formations sont menacées ? On fait le point.

Insertion professionnelle et poursuite d’études

Emmanuel Macron a été clair lors de son allocution : "On ne peut pas garder une formation dont les taux d’accès à l’enseignement supérieur et à l’emploi ne sont pas bons." Ce que conçoit Frédéric Marchand, secrétaire général de l’Unsa Éducation : "Il y a un besoin de faire évoluer la carte des formations. L’objectif n’est pas d’envoyer nos élèves dans le mur."

Poursuite d'études et taux d'emploi : ces deux critères vont donc être passés au crible pour identifier et supprimer les filières qui offrent peu de perspectives aux élèves.

Concrètement, il est difficile de déterminer précisément les formations menacées, car on ne sait pas aujourd'hui quel sera le seuil ou le taux déterminant la suppression d'une formation. En revanche, on peut déjà analyser celles qui sont plus ou moins performantes en fonction des régions.

Des décisions très localisées

Justement, la refonte "ne se fera pas depuis Paris mais au niveau de chaque territoire, en associant chaque établissement", a expliqué le président de la République. Avec les données InserJeunes qui fournissent les taux de poursuite d’études et d’insertion professionnelle dans chaque formation, les lycées, en concertation avec des acteurs locaux (régions, départements, communes, entreprises, etc.), décideront de conserver ou de fermer certaines filières.

D'une région à l'autre, l'offre de formation pourra ainsi varier. Par exemple, d'après InserJeunes, la filière "technicien du froid et du conditionnement d'air" n'offre pas les mêmes débouchés sur tout le territoire.

En Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), 41% des élèves poursuivent leurs études et seulement 27% sont en emploi six mois après l’obtention de leur diplôme. Alors qu'en Pays de la Loire, 60% se dirigent vers les études supérieures et 55% s'insèrent professionnellement. On peut alors supposer que la filière est davantage menacée en région Paca qu'en Pays de la Loire.

La crainte d’un "adéquationnisme" trop poussé

Finalement, la refonte de la carte des formations a pour but de mettre en adéquation l'offre de formation avec les besoins de chaque territoire. "Aujourd’hui, de nombreuses filières ne garantissent pas aux élèves une poursuite d’études ou une insertion dans l’emploi, alors que de nombreuses entreprises peinent à recruter dans d’autres secteurs d’activités", explique le ministère de l’Éducation nationale dans un communiqué.

Mais en voulant calquer l’offre de formation aux besoins des entreprises, les syndicats craignent un "adéquationnisme" forcé. "Le risque est d’assigner socialement et géographiquement les jeunes à un métier", explique Sigrid Gérardin co-secrétaire générale du Snuep-FSU.

Sans compter que "personne n’est en capacité de bouger suffisamment vite pour s’adapter aux besoins d’un territoire. En général, trois ans sont nécessaires pour faire évoluer l’offre de formation", s’inquiète Frédéric Marchand.

Des suppressions dès la rentrée 2023

Pourtant, l’objectif affiché du ministère est de supprimer toutes les formations "non insérantes" d’ici la rentrée 2026. Et les premiers effets de la refonte seront visibles dès le mois de septembre 2023, puisque certaines suppressions devraient déjà s’opérer à la rentrée prochaine.

Concrètement, 2.600 places seront fermées et 3.000 ouvertes précise le ministère. Par exemple, dans les Hauts-de-France, 660 places seront supprimées principalement dans la filière "métiers du commerce et de la vente". En Normandie, ce sont 114 places qui seront fermées et la plasturgie sera principalement touchée.

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