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Réforme d'Affelnet : la mixité sociale et scolaire en progrès dans les lycées publics à Paris

La réforme d'Affelnet visait à introduire davantage de mixité sociale et scolaire au sein des lycées parisiens.
La réforme d'Affelnet visait à introduire davantage de mixité sociale et scolaire au sein des lycées parisiens. © Adobe StocK.Xiongmao
Par Clément Rocher, publié le 05 mars 2024
4 min

En l'espace de trois ans, la réforme de l'affectation des élèves en classe de 2de a entraîné une amélioration de la mixité sociale et scolaire à Paris. En revanche, le comité de suivi Affelnet constate une forte augmentation de la part de l’enseignement privé à l'entrée au collège dans la capitale.

Le comité de suivi Affelnet s'est réuni ce lundi 4 mars pour dresser un bilan de la réforme de la procédure d’affectation des élèves en classe de 2de dans les lycées publics de Paris (75).

Initiée en 2021, par l'ancien recteur de l'académie de Paris, Christophe Kerrero, cette réforme vise notamment à affecter tous les élèves dans un établissement et à introduire davantage de mixité sociale et scolaire au sein des lycées de la capitale.

Pour atteindre ces objectifs, une nouvelle sectorisation des lycées a été mise en place et le barème qui détermine les priorités des élèves a été modifié pour tenir compte de l'IPS (indice de position sociale) de leur collège d'origine.

La ségrégation sociale à Paris plus élevée que dans les autres académies

Les travaux conduits par Julien Grenet, directeur de recherche au CNRS et président du comité de suivi de la réforme Affelnet, indiquent que la plateforme a atteint son objectif premier : tous les élèves de 3e ont obtenu une affectation dans un lycée avant le 14 juillet 2023.

De plus, cette nouvelle carte scolaire a suscité un impact considérable sur la mixité sociale et scolaire des lycées publics parisiens. Ainsi, la ségrégation sociale poursuit sa baisse : elle est désormais 40% plus faible que la moyenne des autres académies. Elle demeure néanmoins la plus élevée parmi les autres académies.

Les lycées privés toujours pas dans la procédure Affelnet

Parmi les freins à la mixité, le comité de suivi pointe du doigt l'absence d’intégration des lycées privés à Affelnet et les cursus à recrutement spécifique (classes à horaires aménagées, doubles cursus...) qui limitent les progrès de la mixité dans certains établissements.

Le comité recommande de diversifier le bassin de recrutement de certains lycées dans lesquelles la mixité progresse peu, comme à Janson-de-Sailly, Jean-Baptiste-Say ou Montaigne, parmi les plus favorisés.

19% de boursiers à Henri IV et Louis-le-Grand

C'était un symbole de la réforme. L'intégration des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand à la procédure Affelnet a permis de diversifier le profil des élèves admis. La proportion de boursiers parmi les entrants a doublé - passant de 11% à 19% - soit un taux équivalent à celui qu'on retrouve dans les lycées publics parisiens.

Cette nouveauté avait soulevé des craintes chez de nombreux parents d'élèves. Mais Julien Grenet confirme que la réforme n'a pas entraîné de "nivellement par le bas" : les performances moyennes aux épreuves écrites du brevet sont restées stables.

Une fuite vers le privé dès l'entrée au collège

À court terme, la réforme n'a pas entraîné de mouvement de fuite vers le privé à l’entrée en 2de. La proportion de collégiens du public qui s’inscrivent dans un lycée privé reste faible (3 % à 4 % par an), et ce flux reste inférieur à celui des collégiens du privé qui s’inscrivent dans un lycée public.

En revanche, le comité de suivi relève une forte augmentation de la part de l’enseignement privé à l’entrée en 6e à Paris (+3.2 points depuis 2020). Un phénomène qui peut résulter de la baisse démographique en cours dans la capitale.

En effet, le nombre de naissances a chuté de 31 % par rapport à 2010. La baisse démographique est presque entièrement supportée par les écoles publiques (-22.4% à l'entrée au CP depuis 2016).

L’enseignement privé, majoritaire à Paris dans dix ans ?

Si le phénomène se poursuit, la part de l’enseignement privé à l’entrée en 6e à Paris pourrait atteindre plus de 50% d'ici 2034, entraînant une fermeture des classes des établissements publics.

Et ce, avec un risque accru d'une hausse de la ségrégation sociale entre le public et le privé. Selon les projections, près de trois quarts des enfants des familles les plus favorisées pourraient faire leur entrée dans le privé dans dix ans.

"C'est une dynamique qui invite à réfléchir sur les moyens de régulation de l'enseignement privé", estime Julien Grenet. Un dossier que pourra se saisir le futur recteur de l’académie de Paris, dont le nom est attendu cette semaine.

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