Décryptage

Kiné ou ostéo : des métiers aussi différents que complémentaires

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Par Elodie Auffray, publié le 15 septembre 2022
5 min

Si proches et pourtant si différents, c'est comme cela que l'on pourrait qualifier les métiers de kinésithérapeute et ostéopathe. En réalité, plus que de s'opposer, ils apparaissent plutôt complémentaires.

Entre les métiers de kiné et d'ostéo, difficile de voir ce qui les distingue, et pourtant ces deux métiers ont chacun leurs particularités même s'ils apparaissent souvent complémentaires.

Un point fondamental : la kinésithérapie fait partie officiellement des métiers du paramédical tandis que l'ostéopathie propose des "soins de confort" souvent assimilée à une "médecine douce". A noter que le diplôme d'ostéopathe est bien reconnu par l'État, s'il est délivré dans un établissement agréé.

Kiné ou ostéo, cinq ans d'études aux coûts variables

Côté formation, si les deux cursus durent cinq ans, les conditions d'études ne sont pas les mêmes. L'ostéopathie s'apprend dans des écoles privées, aux frais d'inscription élevés (8.000 à 10.000 euros par an).

En kinésithérapie, l'accès à l'un des quelque 50 instituts se fait sur classement au terme d'une première année universitaire. Une partie des instituts est publique, une autre privée, la plupart à but non-lucratif. Les frais de scolarité sont donc très variables, de 170 à plus de 9.000 euros.

Des points communs entre les formations de kiné et d’ostéo

C'est peut-être dans les enseignements que les deux formations ont le plus de similarités. Elles font la part belle à la pratique, via les travaux dirigés et les périodes sur le terrain : dans la clinique intégrée à leur école pour les futurs ostéos, en stage à l'hôpital ou en libéral pour les apprentis kinés.

Les cours théoriques se ressemblent : anatomie, physiologie... Les kinés apprennent surtout "la mobilisation des articulations, la façon dont fonctionnent les muscles. En ostéo, on va un peu plus loin dans le détail de l'anatomie : on approfondit les techniques articulaires, la neurologie et le système vasculaire", décrit Elisa, kiné depuis 2017, qui suit en parallèle une formation d'ostéo.

Entre ostéo et kiné, deux façons de voir le patient

Pour la jeune femme, "c'est la manière de penser et de voir le patient qui est différente : l'ostéo a une vision très globale, de l'ensemble du corps, et va essayer de favoriser la diminution des symptômes. Le kiné fait de la rééducation plus ciblée, avec des traitements sur le long terme." En général, les séances ne dépassent pas 30 minutes, quand celles de l'ostéo peuvent durer une heure, mais sont ponctuelles.

"Le kiné assure une prise en charge médicale, après une pathologie ou une blessure. Nous, on ne traite pas la pathologie en elle-même, on travaille à rétablir la santé en soulageant les douleurs", complète Lalie Meynand, présidente de la fédération des étudiants en ostéopathie. Là où le kiné se concentre sur le musculaire, l'ostéo "traite aussi le neurologique, l'articulaire et le viscéral".

En kiné, plus de liens avec le monde médical

Autre différence : l'ostéopathe ne traite qu'avec ses mains, tandis que le kiné utilise aussi du matériel. "Le kiné cherche à soigner dans la durée, donne des conseils de prévention. L'ostéo est plus sur le confort", ajoute Maxime Bernard, le président de la fédération des étudiants en kinésithérapie, pour qui les deux métiers sont "complémentaires".

"Le kiné peut se retrouver face à un patient qui n'évolue plus. Il peut alors orienter vers un ostéo, qui va rééquilibrer le corps pour que le kiné puisse travailler correctement", souligne Lalie Meynand.

Les conditions d'exercice sont différentes, elles aussi : l'ostéo ne pratique qu'en libéral, alors que le kiné peut être salarié d'un hôpital ou d'un centre de rééducation. Les consultations de l’ostéopathe peuvent être prises en charge par les mutuelles, quand celles du kinésithérapeute sont entièrement remboursées et accessibles sur prescription médicale.

"En kiné, les patients ont déjà été vus par un médecin, on est protégés. Alors que les ostéos voient le patient en première intention, il y a donc tout un examen à faire pour être sûr de ne pas prendre de risques", explique Elisa.

Si elle devait choisir entre les deux, Elisa opterait sans doute pour l'ostéopathie, "parce que j'ai l'impression que je pousse plus la réflexion, c'est stimulant. En kiné, ça s'épuise un peu au bout de dix séances. Mais il y a aussi des côtés que j'aime beaucoup, comme la rééducation abdominale, post-partum, ou celle de la main". La jeune femme pense d'ailleurs, à terme, combiner les deux.

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