Portrait

Comment je suis devenu éditeur de sites Web indépendant

De paléontologue à créateur de sites Web, il y a un tout un chemin que Guilhem Chauvin a suivi.
De paléontologue à créateur de sites Web, il y a un tout un chemin que Guilhem Chauvin a suivi. © Photo fournie par le témoin
Par Nathalie Helal, publié le 09 mai 2019
6 min

Après un cursus commercial démarré sans enthousiasme, Guilhem, 27 ans, s’est tourné vers une formation dans le numérique pour ensuite monter son entreprise de création de sites Web. Une nouvelle vie digitale !

La journée-type de Guilhem Chauvin démarre aux environs de 9 h 30 et s’achève vers 18 heures. Basé à Nantes (44), cet éditeur de sites Web indépendant travaille en co-working, à la Cantine numérique, un lieu d’échanges et de rencontres autour du Net et de l’innovation numérique. Depuis 2016, il est également professeur en master à l’ECV Digital de Nantes à raison d’une vingtaine d’heures par semaine. "Les sites que j’édite, de niche ou plus importants, souvent de drop-shipping [livraison directe], font de moi un vrai touche-à-tout : mode, nutrition, high-tech, santé… ils sont plus d’une centaine." La gestion de ses prestataires, qu’ils soient chargés de la rédaction de contenus, du graphisme ou encore du développement, occupe le plus clair de son temps.

Un DUT tech de co pour commencer

Rien ne semblait destiner cet amoureux de la nature, qui envisageait de devenir paléontologue après avoir vu Jurassic Park, à suivre ce chemin. Guilhem suit une scolarité classique, au collège Jean-Macé, à Portes-les-Valence (26). Plutôt littéraire, il s’intéresse aussi à l’économie et aux magazines scientifiques axés sur la santé. Il intègre pourtant une seconde technologique, après avoir eu un coup de cœur aux journées portes ouvertes du lycée Barthélémy-de-Laffemas, à Valence. Mais il se réoriente finalement en série ES et décroche son bac en 2010 avec la mention assez bien.

Guilhem envisage alors de suivre des études en école de commerce, mais s’oriente finalement vers un DUT techniques de commercialisation, situé à côté de son lycée. Au programme : des cours de marketing, de négociation commerciale et de communication. Un stage dans une agence matrimoniale locale va le marquer. "J’ai fait une magnifique boulette en envoyant un mail à 100 personnes en copie et non en copie cachée, ce qui cassait la clause de confidentialité en montrant tous les destinataires ! Inutile de dire qu’après, la directrice m’a enlevé toutes les responsabilités", se remémore-t-il.

Après son diplôme, obtenu en 2012, il ne sait pas encore très bien vers quoi se diriger. Il tombe par hasard sur un article évoquant le succès de la vente en ligne de vuvuzelas (des sortes de trompettes), pendant la Coupe du monde de foot en Afrique du Sud. L’idée vient d’étudiants en licence de commerce en ligne de Vannes. C’est le déclic ! À l’époque seules cinq formations en digital existent en France. Guilhem postule à toutes, puis est convoqué à un entretien à Vannes (56).

Un déclic et une nouvelle vie

"C’était une licence pro commerce en ligne d’un an, dans un IUT. Après 800 kilomètres et un test écrit, j’ai été accepté. J’ai trouvé un appart, aidé par mes parents et par l’argent gagné en récoltant des abricots de ma région !", raconte Guilhem. Il étudie avec passion les bases du codage, le développement Internet, la relation client et le community management. Dans le cadre d’un projet tutoré, il travaille sur l'optimisation d'un site de partitions en ligne.

Là, il décroche un stage de quatre mois dans une petite agence Web locale. Chargé du référencement, mais en réalité "couteau suisse" de l’agence, il y est embauché à l’été 2013, en CDI (contrat à durée indéterminée). "J’ai tenu sept mois, en n'étant pas très bien payé. L’agence avait des difficultés économiques et licenciait ses salariés les uns après les autres. Je me suis tourné vers Nantes et vers une agence plus importante, où j’ai été engagé comme chef de projet SEO (search engine optimization) en CDI. Pendant quatre ans, j’y ai géré la stratégie de visibilité de gros clients sur Google", poursuit-il.

Vers l'indépendance

L’envie de créer son entreprise le taraude. Il fait alors la connaissance d’une nouvelle recrue de l’agence, créateur de sites Web de 29 ans. Guilhem comprend alors les mécanismes de l’affiliation, qui permet de monétiser une audience. En parallèle de l’agence, il devient auto-entrepreneur et crée une bonne dizaine de sites et des stratégies de référencement. Après une rupture conventionnelle en 2017, il ferme son auto-entreprise et saute le pas : avec un peu d’argent de côté et ses allocations chômage, il crée Hotwine (un jeu de mots avec son nom). Un pari réussi car il gagne tout de suite très bien sa vie et croule depuis sous les commandes. En toute indépendance.
Guilhem Chauvin en 6 dates

17 janvier 1992 : naissance à Valence
Juillet 2010 : bac ES avec mention AB
Septembre 2012 : diplômé de l’IUT techniques de commercialisation de Valence
Juin 2013 : diplômé de la licence pro commerce en ligne de Vannes
Juin 2014 : embauché en CDI comme chef de projet SEO à l’agence Intuiti, à Nantes
Mars 2018 : crée son entreprise Hotwine
Quelle formation pour devenir éditeur de sites Web ?

Des formations courtes, comme le BTS SIO (services informatiques aux organisations) ou encore le DUT statistique et informatique décisionnelle (STID) sont accessibles aux étudiants diplômés d’un bac scientifique ou STI2D.
Pour aller plus loin, une licence d’informatique ou de MIASHS (mathématiques et informatique appliquées aux sciences humaines et sociales), ou encore une licence d’information et communication permettent la préparation d’un master ou l’intégration dans une école spécialisée à la fin de la 2e ou 3e année.
Il existe par ailleurs de nombreuses écoles spécialisées dans le numérique et le digital, comme l’ECV Digital, l’EEMI (École européenne des métiers d’Internet), l’ESD (École supérieure du digital), SupdeWeb ou Sup’Internet.
Le salaire varie entre 5.000 et 10.000 € nets par mois

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