À Rennes, des étudiants en architecture d'intérieur ont travaillé sur le nouvel hôpital
Deux salles du nouveau CHU de Rennes vont être aménagées par des étudiants de l'Esdac. Un projet pédagogique concret pour ces apprentis architectes d'intérieur.
Imaginer les espaces, anticiper les besoins des personnels soignants et des patients et concevoir un aménagement. À Rennes (35), le CHU a confié l'aménagement de deux de ses nouveaux espaces à des étudiants.
Au total, 17 étudiants du Mastère Design d’Espace de l'Esdac (Ecole supérieure de design, d’arts appliqués et de communication), en filière d’architecture intérieure, ont travaillé sur cette commande à partir d'octobre dernier.
L'occasion de valoriser le travail de l’architecte d’intérieur, trop souvent "raccourci au métier de décorateur", explique Solen Cau, directrice de l'école. Le diplôme d'architecte d'intérieur est délivré après une formation de niveau bac+5, reconnue par l’État.
Deux espaces à repenser
Du côté du nouvel hôpital, l'objectif est d’allier besoins, défis et limites imposées afin de trouver des solutions créatives, innovantes et fonctionnelles, pour des espaces souvent délaissés par les architectes.
Deux espaces sont à imaginer et à concevoir, parmi lesquels une salle pré-opératoire. L’enjeu est clair : "apporter plus aux patients qu’une simple salle d’attente", souvent anxiogène, explique Benjamin Quiniou, le professeur chargé d’encadrer les étudiants. Chaque étudiant a dû choisir une pathologie pour la salle d’attente (variant d’une jambe cassée à un cancer) et offrir une réponse d’aménagement intérieur.
Pour l'autre salle, un espace de transmission de 20m², il a fallu jouer avec la lumière, l’acoustique et le rangement. L'objectif était d'offrir un lieu de travail polyvalent, qui s’adapte aux réunions informelles de certains membres du personnel soignant et au travail de poste fixe d’autres.
"Traiter l’architecture d’intérieur avec les contraintes de l’hôpital"
Pour Camille, ces deux espaces différents demandent deux approches différentes. Aussi, il a fait attention à ne pas tomber dans le piège de laisser un espace au détriment de l’autre. "Un réel enjeu", sourit l'étudiant de 24 ans.
Malgré "une charge de travail conséquente difficile à gérer avec l’alternance", il s’est senti "honoré" de faire partie du projet. Travaillant déjà en alternance dans une entreprise qui collabore avec des particuliers, il a apprécié se confronter à des usagers différents et "traiter l’architecture d’intérieur avec les contraintes inhérentes à l’hôpital".
Un projet noté et inscrit dans la formation
Le projet du nouveau CHU de Rennes a été l'opportunité de "mettre les étudiants en condition de travail", confirme Benjamin Quiniou, pour que "chacun puisse s’exprimer librement à travers la conception du projet".
Cette mission s'est s’inscrite dans l’atelier de conception et faisait donc partie de leur formation. Pour les aider, l'enseignant leur a demandé de choisir un livre théorique qui traite d’architecture de tout type, et d'imaginer une conception des deux espaces à travers l’ouvrage. À partir de ce support, l'idée est de développer un projet unique et stimuler le processus créatif de chaque étudiant.
Forts d'une analyse des plans, d'une visite pour s’imprégner de l’ambiance, d'un relevé du site, et des compétences développées en formation, les étudiants ont élaboré leur propre proposition du projet. Deux espaces qui devaient être "centrés sur les usagers et ceux qui vont y travailler", souligne Solen Cau. "Il était donc primordial d’impliquer le personnel soignant".
Tous ont effectué un rendu individuel en février, pour lequel ils ont été notés. Et parmi ces projets, le CHU en a mis quatre de côté, dont celui de Camille (voir ci-dessous).
Apprendre à gérer son temps
En plus d'apporter des vertus pédagogiques, ce chantier d'ampleur a également permis aux étudiants de développer leurs compétences professionnelles. Tous alternants, ils ont en effet déjà un pied dans le monde du travail. Et avec un rythme de deux semaines à l’école et trois en entreprise, il faut savoir jongler entre les cours, l’entreprise et le projet du CHU.
L'aménagement des espaces débutera après la livraison du bâtiment, attendue aux environs de mi-2024. Une "mise en bouche", savoure Camille, qui, elle l'espère, facilitera leur insertion dans le marché du travail.
