Décryptage

Les bonnes raisons de s'inscrire dans une école d'ingénieurs "à taille humaine"

À Sup'EnR, chaque promotion compte environ 24 étudiants.
À Sup'EnR, chaque promotion compte environ 24 étudiants. © Anouk Passelac
Par Charlotte Mauger, publié le 18 janvier 2024
5 min

Une ambiance familiale, un suivi individualisé, des projets facilités et d'excellents débouchés professionnels, mais des études très spécialisées et une vie associative moins riche. Face à leurs concurrentes, les "petites" écoles d'ingénieurs ont des atouts à faire valoir.

Loin des amphithéâtres bondés, certaines écoles d'ingénieurs accueillent des promotions de 50 personnes ou moins.

Souvent pour des raisons logistiques et humaines : des établissements trop petits pour passer à des promotions plus grandes, des salles informatiques ou de TP (travaux pratiques) qui ne peuvent pas excéder 30 étudiants ou encore une équipe enseignante restreinte.

Des élèves plus soudés

Il en résulte de petites écoles - par leur taille - souvent décrites comme "familiales" par les directeurs et directrices des établissements. "Notre école est à taille humaine, les étudiants sont très soudés entre eux", apprécie Florence Beck, directrice des études de l’EOST (École et observatoire des sciences de la Terre).

Cela représente un avantage pour celles et ceux qui y étudient. "L’entraide entre eux se met en place très spontanément", souligne Claude Rozé, directeur de l'ESITech, où les promotions dans chacun des diplômes d’ingénieurs préparés (physique pour la santé et technologie du vivant) ne comptent qu'une trentaine d’étudiants.

Les petites promotions permettent ainsi un suivi individualisé "qui ne serait pas possible avec des plus importantes", assure Jocelyne Marc, directrice de l’enseignement de l’école ENSG-Géomatique, dont les promotions avoisinent les 60 personnes. Ainsi, les décrochages et autres problèmes auxquels peuvent être confrontés les étudiants sont plus facilement repérés et une solution peut être plus facilement trouvée.

"On connaît tous les étudiants et leurs projets professionnels, on a le temps de discuter avec eux, et on peut adapter la formation à leurs besoins. Il y a un véritable climat de confiance qui s’instaure entre eux et nous", appuie Rachel Baïle, directrice adjointe de Paoli Tech, qui compte des promotions de 14 à 20 élèves.

Des projets faciles à mettre en place

Grâce à ces faibles promotions, des projets de terrain ou en laboratoire sont mis en place plus aisément. "Nous proposons un stage de 10 jours dans les Alpes à nos étudiants, pour faire de l’étude géologique. Cela serait plus compliqué et coûteux pour nous avec de plus grands effectifs", indique Florence Beck.

"Beaucoup de visites de sites sont organisées pendant la formation, car sur le territoire des Pyrénées-Orientales, toutes les énergies renouvelables sont représentées", expose de son côté Adrien Toutant, directeur des études chez SupEnR, une école avec environ 24 étudiants par promotion.

Savoir se démarquer du reste des écoles

Revers de la médaille, toutes les écoles de petite taille ne peuvent pas être viables. Les plus grandes écoles d’ingénieurs jouissent d’une plus forte visibilité et sont plus attractives pour les étudiants et étudiantes.

"Nous n’avons pas la capacité d’être concurrentiels face à eux", admet Claude Rozé. Alors les petites écoles doivent se démarquer. Et cela passe souvent par la spécialisation. "Je pense qu’une école de petite taille n’est viable que si elle se place sur une thématique spécifique qu’on ne trouve pas ailleurs", assure Florence Beck.

Ces établissements font donc la différence en proposant des diplômes rares, voire uniques en France. Par exemple, l’EOST est l'unique école d’ingénieurs française dans le domaine de la géophysique, l’ENSG-Géomatique est axée sur le domaine peu connu de la géomatique, c’est-à-dire le croisement des sciences géographique et informatique…

L’ESITech a fait l’expérience de proposer des formations moins originales, mais a dû faire machine arrière. "Au départ, on proposait une spécialité de génie physique. En 2022, on l’a transformée en 'Physique pour la santé', ce qui est, cette fois-ci, très différenciant et on est désormais reconnu sur cette formation", raconte Claude Rozé.

À travers cette ultra spécialisation, ces écoles ont l’avantage d’être reconnues par les professionnels. Alors, les propositions d’emploi sont nombreuses. "La grande majorité de nos étudiants sont recrutés avant la fin de leur stage", assure Adrien Toutant.

"Nous recevons plus d’offres d’emplois que nous n'avons d’étudiants formés !" complète Jocelyne Marc. Un constat partagé par plusieurs, et qui joue aussi sur la stratégie de l'école. "Nous préférons rester sur des promotions de 45 à 50, ainsi, nous sommes sûrs que tous nos étudiants trouveront du travail", explique Florence Beck.

Des écoles internes à l’université

Un autre aspect de la réussite de ces établissements tient au soutien des universités, car il s’agit souvent d’écoles internes à des universités. "Ainsi, on peut s’appuyer sur les services de celles-ci (les équipements, le service de santé…)", note Jocelyne Marc. Et offrir une vie étudiante plus fournie. "Il est plus difficile de proposer un tissu associatif riche. Alors, nous essayons de faire des associations mixtes avec l’université de Perpignan", explique Adrien Toutant.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !