Quelle place occupe la recherche dans la formation d’un ingénieur ?

Une école d’ingénieurs vise à former des professionnels qui vont contribuer à la construction du monde de demain et répondre aux enjeux scientifiques et sociétaux d’aujourd’hui. Ainsi, la formation dispensée dans ces établissements est adossée à une recherche de haute qualité.

"Leur mission est d'assurer cette complémentarité entre la formation et la recherche au profit de nos étudiants, même s'ils ne s'en rendent pas forcément compte", assure François Dellacherie, directeur de Télécom SudParis et vice-président en charge de la commission Recherche et Transfert à la CGE (Conférence des grandes écoles).

En effet, tout au long de leur cursus, les élèves-ingénieurs sont placés dans un environnement recherche, que ce soit en salle de classe ou lors des visites dans les laboratoires de recherche de l'établissement.

C'est l'une des principales différences avec le lycée : en école d’ingénieurs, les cours sont majoritairement dispensés par des enseignants-chercheurs. Ils occupent donc une grande partie de leur temps à faire de la recherche dans différents domaines scientifiques et techniques.

Chaque enseignant-chercheur aura ainsi à cœur d’illustrer ses cours avec les derniers états de la recherche. "Ils sont en première ligne de la science et de la technologie. Cela garantit la qualité et la pertinence de l'enseignement dispensé", confirme Jean-Baptiste Avrillier, directeur de Centrale Nantes et président de la commission Formation, recherche et innovation de la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs).

Les activités de recherche permettent aussi de maintenir les formations à la pointe des innovations technologiques, en lien avec les enjeux environnementaux. "Nos étudiants sont demandeurs de formations en développement durable, tout cela se fait dans les labos de recherche. Les chercheurs apportent des réponses à tout un tas de défis sur la transition environnementale", poursuit-il.

À côté des cours, les étudiants participent également à de nombreux projets, dans lesquels "ils vont adopter la démarche d'un chercheur qui consiste à partir de ce que l'on fait déjà pour l’appliquer à un problème nouveau", explique François Dellacherie.

Les élèves-ingénieurs vont appliquer des méthodes scientifiques à des problèmes concrets. "L'enseignant-chercheur va proposer de petits projets de recherche aux étudiants", confirme Valérie Perrier, vice-présidente recherche à Grenoble INP.

À Télécom SudParis, les étudiants peuvent par exemple mener des projets de reconstruction urbaine grâce à la 3D ou de construction de véhicules autonomes. Pour cela, "ils sont accompagnés par un chercheur de l'école. On leur fait développer des algorithmes, on les aide à écrire des articles. Cela leur permet d’ouvrir une porte vers le monde de la recherche", affirme le directeur de l'école.

Une sensibilisation à la recherche scientifique est aussi prévue au cours de la formation : les étudiants peuvent visiter les laboratoires adossés aux écoles d'ingénieurs. "On leur explique ce qu'ils vont pouvoir faire au niveau de la recherche avec des témoignages de chercheurs et de doctorants", témoigne Valérie Perrier.

La proximité des laboratoires de recherche permet de mener des expérimentations sur des équipements de recherche assez coûteux. "Cette initiation complète leur compréhension du savoir fondamental. Une fois sur le marché de l’emploi, ils auront ces deux savoirs complémentaires", assure François Dellacherie.

Les étudiants peuvent également réaliser des stages en laboratoire pendant lesquels ils vont découvrir à quoi ressemble le quotidien d'un enseignant-chercheur. "Les étudiants vont être confrontés à de vrais problèmes de recherche, mener des expériences pour mettre en œuvre la solution", garantit Valérie Perrier.

Un stage qui peut inciter certains à poursuivre en recherche et à se lancer dans la rédaction d'une thèse, encadréé par un enseignant-chercheur. "Cette possibilité après le diplôme n'est pas toujours très bien connue par les étudiants. Le doctorat est le diplôme le plus valorisé à l'international, il est important de garder cela en tête", estime Jean-Baptiste Avrillier. Selon la Cdefi, 17.500 doctorants étaient encadrés par des personnels d'écoles d'ingénieurs en 2023.