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Attractivité en IFSI : près de 22% des étudiantes infirmières risquent d'abandonner leur formation

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Par Pauline Bluteau, publié le 11 mai 2023
5 min

Le taux d'abandon ne cesse de s'accentuer depuis quelques années en études de soins infirmiers : rien qu'en 2020, 2.844 étudiantes en première année ont quitté leur formation. Même si le DE infirmier est très demandé sur Parcoursup, les IFSI ne parviennent pas à faire le plein et le nombre de diplômées est en chute libre. Et cela ne risque pas de s'améliorer…

Les prévisions de la DREES (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) sont alarmantes. Dans leur dernière étude publiée le 11 mai 2023, le taux d'abandon en études de soins infirmiers risque de doubler entre la promotion 2011 et celle de 2020 et passer de 10,5% à 21,9%.
Parmi les quelque 32.500 étudiantes en soins infirmiers de la promotion 2020-2023, elles pourraient être 7.000 à quitter leur formation en cours de route. Des chiffres qui ne sont pour l'heure que des prévisions mais qui pourraient s'avérer aux vues des dynamiques de ces dernières années.

Des abandons plus fréquents en première année de soins infirmiers

Pour les étudiantes, la première année en soins infirmiers est décisive. Notamment depuis 2019, date à laquelle le concours pour intégrer les IFSI a été supprimé. Année également où pour la première fois, la formation a intégré Parcoursup. Aussi, le nombre d'étudiantes qui souhaitaient s'inscrire en DE infirmier explose : les effectifs qui avaient diminué en 2017 augmentent subitement de 6% en 2019.

Mais les conséquences sont visibles immédiatement. Au total, 7,5% des étudiantes entrées en formation en 2019 ont abandonné lors de leur première année de soins infirmiers alors qu'elles étaient 5,3% pour la promotion 2018. En dix ans, entre 2011 et 2021, les étudiantes sont trois fois plus nombreuses à quitter leurs études dès la première année, ce qui représente plus de 3.000 abandons.

La formation n'attire pas suffisamment face aux abandons

Toujours plus d'abandons donc et des formations en soins infirmiers qui peinent à faire le plein. Car même si chaque année, le nombre d'inscrits en première année augmente, les nouveaux étudiants ne parviennent pas à combler les départs. Entre 2018 et 2019, 1.932 étudiants supplémentaires ont intégré les IFSI en première année, or, 2.407 ont aussi abandonné.

Plus flagrant encore, à la rentrée 2020, 336 étudiants sont venus s'ajouter aux effectifs mais 2.844 ont quitté leur formation quelques mois plus tard. En parallèle, le nombre de places en IFSI ne cesse de croitre avec 4.600 places supplémentaires entre 2020 et 2022 mais à ce rythme-là, le nombre d'abandons pourrait être deux fois plus important que le nombre de nouvelles places ouvertes. Et cela pourrait encore s'accentuer : la Première ministre vient d'annoncer l'augmentation des quotas de 2.000 places pour la rentrée 2023 également.

Plus de places en IFSI mais pas plus de diplômées

Ces places supplémentaires semblent nécessaires selon le gouvernement pour répondre aux besoins de recrutement. Mais là encore, le problème subsiste. Car le nombre de diplômées lui, n'augmente pas, il serait même en légère baisse. Sur toute la promotion de 2018, 81% des étudiantes ont été diplômées en 2021. Elles étaient 83,5% en 2014 (promotion 2011). Selon la DREES, plusieurs éléments pourraient l'expliquer : "Pour moitié, les fluctuations ponctuelles du nombre d'inscrites en première année et pour moitié, l'augmentation tendancielles des abandons en cours de scolarité." Mais cela reste à relativiser puisque la réussite aux examens reste stable, voire en légère progression (93 à 96% de réussite). Le taux d'abandons n'est donc pas l'unique responsable de la baisse du nombre de diplômées et encore moins du nombre d'infirmières en exercice sur le territoire.
Toutes ces conclusions, attendues depuis des mois par la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI), pourraient permettre d'accélérer la nécessité de réformer cette formation, indispensable mais qui court à sa perte.
Les taux d'abandon augmentent dans les autres formations paramédicales

L'étude de la DREES montre également que d'autres formations paramédicales sont concernées par cette désaffection. Au cours de leur année de formation, 10% des futures aides-soignantes abandonnent leurs études. Pour les autres formations dont le cursus est supérieur ou égal à trois ans, les abandons sont conséquents pour les techniciennes de laboratoire (13% pour la promotion 2018) et pour les manipulatrices d'électroradiologie médicale (15%). Les étudiantes en ergothérapie sont quatre fois plus nombreuses à abandonner leur formation en 2018 par rapport à la promotion 2011 (7%).
*Note de la rédaction : l'Etudiant a fait le choix d'accorder au féminin certains termes lorsque la formation désigne une majorité de femmes (un homme pour sept femmes parmi les étudiantes infirmières).

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