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Annonces d'Elisabeth Borne : créer 2.000 places supplémentaires en IFSI, une nécessité ?

La Première ministre Elisabeth Borne a dévoilé la feuille de route du gouvernement pour les 100 jours à venir.
La Première ministre Elisabeth Borne a dévoilé la feuille de route du gouvernement pour les 100 jours à venir. © Eric TSCHAEN/REA
Par Pauline Bluteau, publié le 26 avril 2023
5 min

La Première ministre a dévoilé la feuille de route du gouvernement pour les 100 jours à venir. Parmi ses annonces : la création de 2.000 places supplémentaires dans les instituts de formations en soins infirmiers. Une incompréhension alors que les IFSI ne parviennent pas à faire le plein.

"Je vous le dis, on a été pris au dépourvu, on ne comprend pas cette décision", lâche Manon Morel, présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI). Depuis deux ans déjà, le nombre de places en IFSI ne cesse d'augmenter : les capacités d'accueil ont grimpé de 15% entre 2020 et 2022, ce qui représente 4.600 places supplémentaires en première année d'études de soins infirmiers.

Contre toute attente, à la rentrée prochaine, de nouvelles places en IFSI vont être créées. C'est ce qu'a annoncé la Première ministre, Elisabeth Borne lors de sa conférence de presse ce mercredi 26 avril. Au total, 2.000 places en IFSI viendront s'ajouter, aucune précision n'a été faite pour savoir si elles concernent l'ensemble des étudiants en IFSI ou seulement la première année.

Des places supplémentaires pour un secteur qui attire peu

Or, même si le manque d'infirmiers est criant, l'augmentation du nombre de places ne semble pas être la meilleure option. Selon la présidente de la FNESI, l'orientation reste problématique : "Les lycéens choisissent les IFSI sur Parcoursup, sans savoir ce que sont ces études." En 2022, lycéens et étudiants en réorientation ont en effet effectué plus d'1,5 million de vœux faisant du diplôme d'Etat d'infirmier, la formation la plus demandée sur Parcoursup.

Mais à y regarder le plus près, les vœux en IFSI ne semblent pas vraiment la priorité des candidats. C'est même l'une des filières qui attire le moins les futurs étudiants, puisque seuls 10% des candidats admis acceptent la proposition. La formation ressemble donc plus à un plan B et le nombre de places supplémentaires ne devrait pas changer la donne.
À la FNESI, cette annonce a donc de quoi surprendre. "Lors de ses vœux à la profession, François Braun (ministre de la Santé, ndlr) avait précisé qu'il n'y aurait pas d'augmentation du nombre de places tant qu'une évaluation de la formation ne serait pas réalisée. À ce jour, il n'y a toujours pas eu de bilan", estime Manon Morel.

Les abandons se multiplient en études d'infirmiers

D'autant que les incompréhensions subsistent autour des abandons en IFSI. Sur Parcoursup, on constate que 98,60% des places étaient pourvues en 2022 : 403 places sont restées vacantes à la rentrée dernière, ce qui représente pourtant un quart des places qui vont être créées.

Mais ce n'est pas tout. Depuis l'automne dernier, François Braun ne cesse de parler d'un taux d'abandon de 20% en études de soins infirmiers. Un chiffre qui n'a toujours pas de source mais qui se rapproche de l'étude du Cefiec publiée en 2022 : dans les deux mois qui suivent la rentrée, plus de 2.200 étudiants en première année abandonnent leurs études. En novembre, les IFSI compteraient donc près de 15% de places vacantes.

Une annonce pour "cacher les places vacantes" ?

Autres chiffres, ceux de la DREES (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques qui dépend du ministère de la Santé), qui publie chaque année le nombre d'étudiants dans les formations paramédicales. Des 32.450 étudiants en première année de soins infirmiers en 2020, seuls 28.827 ont poursuivi en deuxième année en 2021, soit une baisse de 12,5% en un an.

"On a l'impression qu'ils veulent augmenter les capacités d'accueil pour cacher les places vacantes…, poursuit Manon Morel. Le problème, c'est qu'on se retrouve avec des étudiants qui ne trouvent pas de lieu de stage ou qui retournent plusieurs fois au même endroit et qui ne sont pas accompagnés par un tuteur. Or, la première cause d'abandon des études, c'est un stage qui se passe mal."
La FNESI compte donner un coup d'accélérateur pour qu'une mission soit bel et bien menée dans les mois à venir, et que d'autres annonces viennent compléter celle de la Première ministre.

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