Décryptage

Les EDN, plus déterminantes que les ECOS pour accéder en internat de médecine ?

Les EDN comptent pour 60% de la note finale, devant les ECOS (30%).
Les EDN comptent pour 60% de la note finale, devant les ECOS (30%). © MicroOne / Adobe Stock
Par Pauline Bluteau, publié le 17 octobre 2023
1 min

Grandes remplaçantes des ECN, les épreuves dématérialisées nationales (EDN) déterminent, en grande partie, le choix de l'internat pour les étudiants en sixième année de médecine. Cette année, elles pourraient même être plus décisives que prévu.

Les EDN, qui remplacent cette année et pour la première fois, les ECN (épreuves classantes nationales), continuent de marquer la sixième année de médecine. Pour les quelque 9.000 futurs internes, les EDN (épreuves dématérialisées nationales) déterminent d'une part, l'accès à l'internat et d'autre part, la spécialité qu'ils pourront envisager dans les années à venir.

Or, ces épreuves comptent pour 60% de la note finale, devant les ECOS (examens cliniques objectifs et structurés, 30%) et le parcours de formation (10%). Ces trois éléments déterminent théoriquement l'entrée en internat. "Ca, c'est ce qu'on attend", corrige ainsi Marc Hazzan, doyen de la faculté de médecine de l'université de Lille. Car sans recul et avec encore beaucoup d'incertitudes, les EDN pourraient être exceptionnellement plus déterminantes.

Les EDN, un "one shot" à la fois classant et validant

Les EDN sont, par essence, devenues cruciales. En effet, contrairement aux ECN où il fallait être le mieux classés possibles pour avoir le choix de sa spécialité et de son lieu d'affectation, les EDN, elles sont à la fois classantes et validantes.

Il faut ainsi obtenir un minimum de 14/20 pour participer aux ECOS, la nouvelle épreuve orale prévue en mai. Et la note obtenue aux EDN est aussi déterminante pour faire partie des mieux classés et choisir sa spécialité d'internat ainsi que son lieu d’affectation.

En effet, même si une session de rattrapages de EDN est déjà prévue en janvier 2024, c'est bien la première note, celle d'octobre, qui sera comptabilisée pour le classement. "Et si on redouble, on garde aussi cette note (mais la note obtenue l'année suivante sera ajoutée en supplément, ndlr). C'est donc un 'one shot' sans deuxième chance", assure Pierre Dubus, doyen de la faculté des sciences médicales à Bordeaux.

Le parcours de formation "n'a aucun intérêt"

À l'inverse, le parcours de formation risque de passer complètement inaperçu. Chaque étudiant peut obtenir entre 10 et 60 points selon s'il a suivi un enseignement supplémentaire en médecine ou hors médecine, s'il est engagé auprès d'une association, s'il peut attester d'une expérience professionnelle en entreprise ou d'une mobilité linguistique.

"Si on regarde ligne par ligne, il y a plein de points à prendre. On pense que beaucoup vont avoir entre 50 et 60 points, le maximum", constate Marc Paccalin, doyen de la faculté de médecine de l'université de Poitiers. Un avis partagé par plusieurs doyens pour qui, le parcours de formation ne sera pas discriminant. "À moins d'être resté dans sa grotte, c'est difficile de ne pas avoir les points. En fait, ça n'a aucun intérêt, on pourrait l'enlever", affirme Marc Hazzan.

Marc Paccalin nuance toutefois ce propos considérant le parcours de formation pénalisant pour "ceux qui ne se sont consacrés qu’à la médecine depuis leur deuxième année".

Les ECOS vont-ils bouleverser les classements ?

Quant aux ECOS qui comptent pour 30% de la note finale, le flou persiste. En mai 2024, les étudiants en sixième année de médecine passeront des épreuves orales réparties sur dix sessions. L'objectif est d'évaluer leurs compétences et leur savoir-être.

Les candidats peuvent être amenés à établir un examen clinique, accueillir un patient, mener un interrogatoire médical, réaliser des gestes techniques… Mais ces épreuves orales, nécessaires pour compléter les connaissances théoriques des EDN, sont une première.

"Les ECOS posent soucis sur les moyens et l'organisation, expose le doyen bordelais. On s'attend à des recours parce qu'on n'a pas la maitrise sur tout et que cela pose pas mal de questions donc on pourrait être amené à minimiser pour éviter les discriminations. En cela, les EDN pourraient être capitales."

Les autres doyens restent quant à eux plus nuancés dans leurs réponses. À Poitiers, Marc Paccalin estime qu'il y a tout de même une "grille d'évaluation à respecter", l'indulgence est donc à relativiser.

Au contraire même, à Lille, le doyen confirme que les ECOS pourront bouleverser les classements. L'université a réalisé des simulations à partir des résultats obtenus par les étudiants qui ont passé les ECN en juin dernier. "On voit que 60% de nos étudiants bougent d'au moins un décile. Ce n'est pas négligeable si ça se produit au niveau national. Ce n'est pas une croyance, les chiffres le montrent", explique Marc Hazzan.

Davantage de redoublements attendus en 2024

Différents sons de cloche qui peuvent accentuer les inquiétudes des étudiants en sixième année. Certains l'affirment, les redoublements seront sans doute plus importants en 2024. "Si on leur dit que tout s'est finalement joué sur les EDN, on va se frotter à une colère énorme, avance Blandine Fauvarque, porte-parole de l'ANEMF (Association Nationale des Etudiants en Médecine de France). On s'attend à ce qu'il y ait moins d'internes l'année prochaine."

Des inconnues subsistent encore sur l'organisation des 13 classements (regroupant plusieurs spécialités) et la procédure d'affectation à la rentrée 2024. "C'est stressant et depuis trois ans, ils sont tenus en haleine sur ce sujet", regrette Pierre Dubus. Les paris sont ouverts…

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