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Études de santé : 1.100 places vacantes en deuxième année de pharmacie

Etudes de santé pharmacie places vacantes
"Ces résultats sont un des nombreux signaux d'alarme de l'ANEPF pour le futur de la profession", assure l'association étudiante. © Thauwald-pictures/Adobe stock
Par Pauline Bluteau, publié le 27 septembre 2022
5 min

Les étudiants en santé boudent la filière pharmacie. C'est le constat que dressent ses représentants en cette rentrée 2022. Au total, 1.100 places n'ont pas été pourvues au sein des 24 facultés de pharmacie, près de sept fois plus qu'en 2021.

"On ne s'y attendait pas du tout", commente d'emblée Romain Gallerand, porte-parole de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). Après quelques recherches et la compilation des chiffres du côté des 24 universités disposant d'une faculté de pharmacie, la pilule est dure à avaler.

Au total, au moins 1.100 places sont toujours vacantes en deuxième année d'études de pharmacie à la rentrée 2022 contre 163 places en 2021. "Une seule fac ne nous a pas encore donné ses chiffres, c'est pour cela que l'on parle d'une estimation", poursuit-il.

Seulement 2.700 étudiants en deuxième année de pharmacie pour 3.802 places

L'inquiétude n'est pas nouvelle mais vient de prendre une tout autre ampleur. En l'espace d'une année, le nombre de places non pourvues a été multiplié par sept. "Ces résultats sont un des nombreux signaux d'alarme de l'ANEPF pour le futur de la profession et de l'accès aux soins des patients. […] 30% d'étudiants en moins dans nos amphithéâtres [par rapport aux capacités d'accueil 2022, NDLR] n'est ni acceptable, ni viable pour la profession et le système de soin français dans sa globalité", note l'association dans son communiqué du mercredi 21 septembre.

À la rentrée 2022, 2.700 étudiants seraient en effet entrés en deuxième année de pharmacie contre 3.400 en 2021. De moins en moins d'étudiants alors que, chaque année, les capacités d'accueil augmentent : de 3.265 places en 2020, on passe à 3.802 en 2022, une hausse de 16,4% en deux ans. Une décision incompréhensible pour l'ANEPF.

De la PACES aux PASS-L.AS, des réformes néfastes pour la pharmacie

Car depuis plusieurs années maintenant, la filière ne parvient plus à attirer. Tout a commencé avec la mise en place de la PACES en 2010, un système qui ne privilégiait pas le véritable choix d'orientation des étudiants en première année d'études de santé. La pharmacie a fini par être vue comme une voie de garage, un plan B aux études de médecine.

En 2020, la PACES est remplacée par les PASS (parcours spécifique accès santé) et les L.AS (licence avec option "accès santé")… qui ne feraient qu'aggraver la situation. En effet, avec la PACES, seul le concours comptait et non les notes obtenues au cours de l’année. Avec les PASS et L.AS "tout se joue sur le niveau qui est demandé : désormais, il faut valider une 'première année de licence' pour espérer intégrer les études de pharmacie, avoir minimum 10 de moyenne donc", analyse Romain Gallerand.

Or, le socle de connaissances acquis en première année de PASS ou de L.AS n’a pas été ajusté en fonction des disciplines MMOPK (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinésithérapie) et d’autres matières se sont ajoutées – comme la mineure en PASS et la majeure en L.AS – ajoutant ainsi une charge de travail supplémentaire pour les étudiants. "Il faut uniformiser ce socle de compétences", conclut Romain Gallerand.

Montrer une autre facette du métier de pharmacien

En parallèle, syndicats et associations ont aussi un rôle à jouer concernant la visibilité des métiers de pharmaciens. "Des modules de présentation des métiers sont obligatoires durant la première année. Cependant, ceux-ci sont bien trop mal exploités au vu des nombreuses voies professionnelles se présentant aux étudiants", juge l'ANEPF. Au-delà du choix des filières officine, industrie ou recherche, une grande diversité de métiers existent.
"Nous avons aussi de plus en plus de missions, ce n'est pas nouveau mais les gens ne sont pas forcément au courant", admet Romain Gallerand. Selon lui, l'enjeu de ces prochains mois va être de poursuivre cet effort de communication, plus seulement au niveau national mais davantage au niveau local pour mettre un terme à la pénurie de pharmaciens qui ne fait que s'aggraver.

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