Reportage

En immersion : prépa ou tutorat, à chacun sa méthode pour accéder aux études de santé

La prépa privée et le tutorat mis en place à l'université proposent des méthodes de travail bien différentes.
La prépa privée et le tutorat mis en place à l'université proposent des méthodes de travail bien différentes. © Pauline Bluteau / L'Etudiant
Par Pauline Bluteau, publié le 15 décembre 2023
8 min

DOSSIER - Souvent mis en concurrence, le tutorat proposé à l'université et la prépa privée, principalement suivis en PASS ou L.AS, offrent surtout des méthodes de travail bien distinctes. Reportage à la prépa CPCM à Paris et au tutorat de Tours pour mieux comprendre leurs spécificités.

"Vous êtes en forme ? Les cours sont finis, c'est les vacances maintenant !", interroge Valérie Brocheriou, enseignante à la prépa CPCM. "Très drôle…", répondent en chœur Thomas, Pauline, Charlotte, Aaron et Karim.  

Assis les uns à côté des autres dans cette petite salle d'un immeuble haussmannien, en plein cœur de Paris, une petite dizaine d'étudiants en PASS à l'université Paris Cité se retrouvent pour leur cours de biochimie. Ce lundi, nous sommes à quelques jours des examens classants du premier semestre et la tension monte chez les élèves. 

À plusieurs kilomètres de là, à Tours, c'est une ambiance "jetée de bonbons" qui s'invite à la dernière colle de pharmacologie-physiologie-biophysique du semestre organisée par le tutorat de l’université de Tours.  

Une vingtaine d'étudiants en PASS, prennent place dans l'amphi, sous les encouragements de leurs tuteurs, en deuxième année de médecine. Dans moins d'une semaine, eux aussi rempliront des grilles de QCM. "On vous souhaite plein de courage et pensez aux vacances de Noël, vous allez pouvoir en profiter", commente Juliette.  

Car s'ils n'ont pas choisi le même accompagnement pédagogique pendant cette première année d'études de santé, pour tous, un seul objectif : obtenir les meilleurs résultats pour entrer en deuxième année de médecine, maïeutique, odontologie ou pharmacie.  

Un accompagnement renforcé au-delà des cours

Début décembre, les étudiants parisiens le savent, sous leurs airs détendus, l'heure est aux dernières révisions. Le cours sur les clones bactériens n'est donc pas à prendre à la légère.

Sur son tableau numérique, l'enseignante de prépa enchaîne les démonstrations et multiplie les schémas colorés. "Vous pouvez réexpliquer, s'il vous plaît ?", demande Aaron.

Pendant deux heures, l'enseignante reprend toutes les notions-clés, explique et réexplique en se basant sur le cours de la faculté de médecine de Paris Cité. "J'axe sur les points de cours qui n'ont pas été compris, l'idée c'est de leur donner une bonne méthode de travail et de tester leur compréhension", insiste l'enseignante.

Au tutorat, même ambiance studieuse. Après une heure de colle pendant laquelle les étudiants de PASS ont répondu à 46 questions, il est temps de passer à la correction. "Ça a été ? On va corriger tout ça, n'hésitez pas à venir à la fin si vous avez d'autres questions", commence Hugo, le référent en physiologie au tutorat.  

Les réponses sont expliquées sur un powerpoint, entourées de mème à l'effigie des tuteurs. "On aime faire des blagues, ça fait du bien de rire", répond Nina, référente en biophysique. Les calculs sont détaillés au tableau et lorsque les tuteurs ont du mal à répondre aux questions de leurs cadets, ils promettent de demander auprès de l'enseignant concerné.

"Ce sont les tuteurs qui préparent chaque semaine les sujets de colle. Ils les font relire aux professeurs et vont parfois en cours avec les étudiants de première année pour savoir ce sur quoi le prof insiste particulièrement, ce qu'il y a d'important à retenir", détaille Théo, vice-président au tutorat santé de Tours. 

Tous les tuteurs ont été recrutés par le bureau du tutorat, composé d'étudiants de troisième année de santé, comme Théo. "On leur fait passer un entretien où ils sont mis en situation et doivent expliquer des notions", précise Enora, la présidente du tutorat de Tours. 

S'entraîner et réviser, encore et toujours

Pour 50 euros par an, en plus des colles deux fois par semaine, les étudiants inscrits au tutorat reçoivent un polycopié de synthèse de cours, ont accès à un forum pour poser toutes leurs questions et peuvent s'entraîner via une banque de QCM qui répertorie toutes les annales des années précédentes.  

Les tuteurs organisent aussi des permanences dans les locaux une fois par semaine pour rencontrer les élèves de première année. "On les aide à acquérir la méthodologie, on leur permet de fixer leurs connaissances, de cibler leurs révisions et d'avoir une idée de leur classement car 90% des étudiants en première année participent à l'examen blanc", souligne Théo.  

À la prépa CPCM, le coût, lui, peut atteindre 6.500 euros pour l'année de PASS. Le contenu est similaire à celui proposé au tutorat de Tours. Les étudiants sont davantage encadrés et s'appuient sur un polycopié plus détaillé avec tout le cours de la faculté. Mais pour eux, le plus important, c'est de pouvoir s'entraîner. "Les QCM, c'est nouveau pour nous donc plus on en fait, mieux on se porte", estime Thomas.  

Le tutorat Santé de Tours peut faire figure d'exception dans son implication et son accompagnement. En juin 2023, le ministère de l'Enseignement supérieur a attribué un agrément à 35 des 37 tutorats mais le tutorat de Tours fait partie des plus reconnus en termes de pédagogie au point que les prépas ne sont que peu implantées.  

La prépa CPCM reste elle aussi un exemple parmi d'autres prépas : certaines ont des effectifs nettement plus importants où il est difficile d'avoir des classes en petits groupes et ne vont proposer que des QCM, sans encadrement pédagogique supplémentaire. Il faut donc bien se renseigner auprès des tutorats et des prépas pour connaître, au niveau local, leurs spécificités

En prépa ou en tutorat, les étudiants s'entraînent pour être prêts le jour de l'examen.
En prépa ou en tutorat, les étudiants s'entraînent pour être prêts le jour de l'examen. © Pauline Bluteau / L'Etudiant

Le "concours" en ligne de mire

L'ambiance est aussi très importante. À Tours, les tuteurs n'hésitent pas à dessiner des cœurs sur le tableau pendant que les élèves en première année bûchent sur leurs QCM. "Il y a moins d'un an j'étais à leur place, commente Juliette. C'était ma motivation quand j'étais en PASS, devenir tutrice."  

L'étudiante en deuxième année de médecine commence ensuite à écrire des petits mots d'encouragement. "Cette année, c'est beaucoup de psychologie. Je leur dis d'avoir confiance en eux, de croire en leurs capacités. On va leur donner dès qu'ils ont terminé." 

Les tuteurs n'hésitent à motiver les étudiants en première année par des petites attentions comme des messages de soutien.
Les tuteurs n'hésitent à motiver les étudiants en première année par des petites attentions comme des messages de soutien. © Pauline Bluteau / L'Etudiant

À Paris, pas de petites attentions mais beaucoup d'entraide. Les étudiants le confirment, même si l'examen approche, la concurrence n'est pas de rigueur.  "On n'est pas très nombreux donc on se connaît tous", constate Charlotte, peu confiante pour les partiels à venir.  

À côté, Thomas, son camarade, la rassure. À la fin du cours, leur enseignante leur répète : "Deux jours avant le concours, vous vous arrêtez. Je ne veux pas que vous vous épuisiez."  

Finalement, en prépa ou au tutorat, au-delà de la méthode, pour les étudiants en première année, ce sont sans doute ces encouragements qui joueront le plus en leur faveur… 

Qu'est-ce qu'une prépa aux études de santé ?

Il existe une centaine de prépas aux études de santé en France. Si on les appelle "prépa", elles n'ont rien à voir avec les classes préparatoires aux grandes écoles (pour intégrer les ENS, écoles d'ingénieurs et de commerce principalement). Les prépas aux études de santé sont majoritairement des établissements d'enseignement supérieur privés non reconnus par le ministère de l'Enseignement supérieur. Plusieurs programmes sont proposés : dès le lycée aux élèves de première et terminale ; entre le lycée et l'université, une année blanche souvent appelée P0 ; et en PASS ou en L.AS, en première année d'études de santé à l'université (la plus répandue).

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