Enquête

Production de gel hydroalcoolique, les étudiants en pharmacie engagés dans la lutte contre le coronavirus

Aux quatre coins de la France, les étudiants en pharmacie se mobilisent également à leur manière dans la lutte contre le Covid-19.
Aux quatre coins de la France, les étudiants en pharmacie se mobilisent également à leur manière dans la lutte contre le Covid-19. © julien leiv / Adobe Stock
Par Mersiha Nezic, publié le 23 avril 2020
5 min

Dans un élan de solidarité, les étudiants en pharmacie se mobilisent sur le front de la crise sanitaire. Depuis le début de l'épidémie, ils sont à la manœuvre pour fabriquer du gel hydroalcoolique à travers la France. Les salles de travaux pratiques des facultés de pharmacie se sont transformées en lignes de production.

Blouse, masque, charlotte pour recouvrir la tête, lunettes de protection, gants stériles… Une fois que Tangui Bodénès, 22 ans, a enfilé sa tenue de combat dans le vestiaire, direction la salle de travaux pratiques de la faculté de pharmacie de Rennes. "C’est 'une marche en avant' sans possibilité de revenir en arrière pour éviter la contamination", raconte cet étudiant pharmacien de troisième année. Le coronavirus a transformé cette pièce familière pour lui en salle de production de solutions hydroalcooliques, si précieuses pour se protéger de l'infection.

Dans un élan de solidarité, les facultés de pharmacie se mobilisent les unes après les autres sur le front de la crise sanitaire. Comme à Rennes, les étudiants sont à la manœuvre pour fabriquer du gel hydroalcoolique à Angers, Clermont-Ferrand, Dijon… En Alsace, les futurs pharmaciens, qui en fabriquent jusqu'à 500 litres par jour pour l'hôpital de Strasbourg, sont sur le pied de guerre. Certains étudiants ont été réaffectés de leurs lieux de stage à l’hôpital vers ces lignes de production, d’autres se sont portés volontaires.

Appliquer les apprentissages au service de la santé publique

Alcool, glycérol, eau oxygénée… Tangui et une dizaine de ses camarades transforment ces liquides en solution désinfectante, en suivant scrupuleusement la formule publiée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Même si ces étudiants s’autorisent à s’adresser la parole, ils ne se départissent jamais de leur sérieux, relate Tangui. "Pour que le produit soit parfait, il faut rester très concentré. Nous nous détendons seulement après, autour d’un café pris ensemble, tout en gardant les distances de sécurité".

S’adonner à ce savant dosage est un savoir-faire que les étudiants pharmaciens acquièrent de la deuxième à la quatrième année de leur cursus. La production du gel hydroalcoolique constitue pour eux "une application des apprentissages. Tout ce qu’on produit en travaux pratiques n’est pas toujours utilisé ensuite. Or ce que l’on fabrique actuellement est utile à la population et la santé publique", souligne Kevin Bouchenak, en charge de l'enseignement supérieur à l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF).

Les médecins viennent récupérer les flacons

Comme ses camarades, Tangui, le jeune étudiant rennais, n’imagine pas rester les bras croisés pendant la crise sanitaire. Ils se sont tous joints à la bataille sans aucune hésitation. Ils se sentent solidaires des soignants de la région qui luttent en première ligne. Les flacons de solution hydroalcoolique fabriqués sont destinés aux cabinets médicaux bretons, à SOS médecins, aux Ehpad, aux infirmiers libéraux etc.

"Des médecins qui viennent récupérer les bidons pensent repartir avec un ou deux litres, mais on leur en donne toujours plus. Nous leur avons même distribué des gants, des masques, des blouses, du matériel de protection que la faculté a réussi à rassembler. Je suis touché quand j’en vois certains qui sont émus de les récupérer", poursuit Tangui. Le jeune homme sent déjà que cette crise conforte sa vocation de pharmacien : "J’ai encore plus la foi en l’utilité de notre filière", affirme-t-il.

Les étudiants en pharmacie multiplient les initiatives pour aider les soignants et le pays

. Ils sont aussi en train de travailler dans les officines sous tension, après la mise en service de la plateforme Pharm’Help, destinée à proposer leurs services aux pharmaciens. À travers toute la France, ils réalisent des masques de protection, gardent les enfants des soignants et livrent des médicaments. Les internes en biologie médical fabriquent des kits pour le dépistage du virus… Pour un élan de solidarité, on peut toujours compter sur les étudiants en santé.

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